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Lettres à Élise, les tendres missives d’Yves Beaunesne

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Guy Delahaye

Inspirée de correspondances réelles entre le front et l’arrière, la pièce épistolaire de Jean-François Viot dresse le portrait d’un amour malmené par la Première Guerre mondiale. Au Théâtre de l’Atalante, Yves Beaunesne lui donne une tonalité moderne et élégante, loin du triste sépia habituellement de rigueur.

« Lettres à Élise » est rythmé par la mécanique des belles œuvres, de celles qui, touche par touche, dessinent un univers, apprivoisent puis happent les spectateurs sans même qu’ils s’en aperçoivent. Élise, Jean et leurs échanges intimes ne parviennent pas jusqu’à nous ex nihilo. Leurs apparitions sont, au contraire, patiemment composées par Jean-François Viot et Yves Beaunesne. C’est, l’air de rien, en feuilletant des magazines consacrés à la Grande Guerre et un vieil album photo, où il découvre les lettres du couple, qu’un jeune homme lambda franchit le seuil d’un passé révolu et se laisse progressivement envahir par l’esprit d’un soldat contraint de partir au front.

Ce conscrit malgré lui s’appelle Jean Martin. Son nom commun, presque générique, ne doit rien au hasard. Cette identité fictionnelle abrite bon nombre d’âmes et d’histoires de poilus. Les lettres qu’il adresse à sa femme Élise, restée avec leurs deux enfants Camille et Arthur, sont les fragments représentatifs d’un lot quotidien fait d’instants de terreur et de journées d’ennui, de franche camaraderie et de cruelles désillusions, de ferveur patriotique et d’aspirations pacifistes. Pendant qu’il tente d’échapper aux balles allemandes, Élise mène une toute autre guerre, celle de l’arrière. A travers elle, au gré des moissons et de l’instruction des enfants qu’elles doivent mener de front, les femmes qui se sont substituées aux hommes prennent corps. Ne reste entre eux que ce fil épistolaire, fragile mais essentiel. Chacun l’utilise pour partager sa dure réalité, forcément édulcorée.

Inspiré de correspondances réelles, « Lettres à Élise » est, avant le portrait d’une époque tourmentée, le récit d’un amour malmené. Yves Beaunesne lui donne les contours vaporeux tantôt d’une rêverie, tantôt d’un mirage. Avec intelligence, il troque le triste sépia, habituellement de rigueur dans ce genre de spectacles historiques, pour un décor simple, moderne et élégant. Épaulé par le scénographe et vidéaste Damien Caille-Perret, il installe comme inamovible pilier une cloison de verre aux multiples usages. Elle symbolise, à la fois, la frontière entre le passé et le présent, la ligne de faille entre Élise et Jean, le tableau de l’instituteur qu’il fût et le support de ses projections mentales, où se superposent les dessins de ses enfants et la mort qui l’assaille chaque jour davantage. Derrière ce mur vitré, Élise apparaît dans une aura fantomatique, aussi proche qu’inaccessible.

Pour ne pas se cantonner à une lecture rébarbative de cette pièce épistolaire, Yves Beaunesne dirige un dialogue progressif entre Élise et Jean. Symbole des symboles, à mesure que celui-ci gagne en fluidité et en rapidité, il paraît toujours plus désaxé, comme si les ravages de la guerre brouillaient leur communication et les réglaient peu à peu sur deux longueurs d’ondes différentes. Dans cette orchestration, Lou Chauvain et Elie Triffault apportent aussi leur touche de modernité. En léger surjeu lorsqu’il s’aventure en dehors de la peau de Jean, le comédien déroule, tout comme sa camarade de scène, une partition sensible et délicate, source d’émotion sans être tire-larmes, qui trouve un fort écho en temps de guerre, mais aussi d’intenses résonances en temps de paix.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Lettres à Elise de Jean-François Viot
mise en scène Yves Beaunesne
distribution Lou Chauvain, Elie Triffault
dramaturgie Marion Bernède
scénographie Damien Caille-Perret
lumières Baptiste Bussy
création musicale Camille Rocailleux
costumes, maquillages et coiffures Catherine Bénard
assistanat à la mise en scène Pauline Buffet
production Comédie Poitou-Charentes – CDN avec le soutien de la Drac Poitou-Charentes, de la Région Poitou-Charentes et de la Ville de Poitiers

Théâtre de l’Atalante – Paris
Du 23 mars au 14 avril 2018

Poitiers
Centre d’Animation de Beaulieu
mar 2.05 à 14h collèges
mer 3.05 à 10h collèges
mer 3.05 à 20h30 tout public
jeu 4.05 à 14h collèges
jeu 4.05 à 20h30 tout public
ven 5.05 à 14h collèges

27 mars 2018/par Vincent Bouquet
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