Les Déshérités – L’ère des enfants sans père est une adaptation libre et contemporaine du Platonov d’Anton Tchekhov, pendant sept épisodes de 45 minutes. Une mise en scène du comédien Yuming Hey.
Ce spectacle immersif et musical, d’une durée de dix heures, se déploie en sept épisodes, suivant une structure narrative inspirée des séries télévisées. Le théâtre tout entier devient la maison d’Anna Petrovna. Chaque recoin – du hall aux salons, jusqu’au jardin – devient un espace de jeu investi par les comédien·nes, qui entrent et sortent continuellement, brouillant les frontières entre scène et coulisses, fiction et réalité. Le public, quant à lui, demeure installé dans les gradins, témoin privilégié de cette fresque humaine.
« Ce projet m’habite depuis plus de dix ans. Il est né alors que j’étais encore élève au Conservatoire du 8e arrondissement de Paris. Un samedi, notre professeur Marc Ernotte nous a proposé d’enchaîner toutes les scènes de cette pièce que nous travaillions fragmentairement. Ce fut un choc », explique Yuming Hey, artiste associé au Théâtre 14, qui a pu monter ce spectacle avec le Lab 14, l’école de formation pour jeunes acteur·ices du théâtre.
Les interprètes évoluent dans un style résolument cinématographique, à mi-chemin entre théâtre et tournage de série, où les mouvements et interactions sont pensés minutieusement. Les spectateurs voient évoluer les personnages comme dans une téléréalité, où chaque moment de la vie des protagonistes prend forme devant eux, rendant l’expérience totalement immersive.
Les Déshérités – L’ère des enfants sans père
d’après Platonov de Tchekhov
Mise en scène Yuming Hey
Avec Chloé Angevin, Marie Bucher, Marion De Schrooder, Eden Ducourant, Thomas Dutay, Léo Gardy, Léo Gruiec, Manon Guilluy, Yuming Hey, Élie Montane, Rose Xanh Nguyen Tiet-Millot, Gilles Nicolas
Création son Jimmy Dos Santos, Yuming Hey, Madame Miniature
Création lumière et régie générale Stéphane FritschProduction, administration, diffusion Le Pensionnat de Madame de Saint-Ange
Platonov est publié par les Éditions Actes Sud, dans une traduction d’André Markowicz et Françoise Morvan.
Durée : 9h en 7 épisodes (entractes compris)
Théâtre 14, Paris
les 31 mai et 7 juin 2025
14h – épisode 1
L’été revient : le début d’une nouvelle ère
Durée : 45 minutes
Dans son riche domaine de Voïnitsevka, Anna Petrovna, veuve désargentée et charme toujours intact, reçoit ses amis pour l’été. On y parle héritage, ennui et réminiscences de jeunesse. Parmi les invités : Mikhaïl Platonov, ancien espoir intellectuel devenu instituteur désabusé, marié à la douce et transparente Sacha. Mais tout bascule avec l’arrivée inattendue de Sofia Iegorovna, l’amour de jeunesse de Platonov, désormais mariée à son ami Sergueï Voïnitsev. Les regards se croisent, les souvenirs ressurgissent. La tension s’installe.
15h05 – épisode 2
Que sa fin soit aussi lente et douce que son commencement
Durée : 45 minutes
Tandis que les convives tentent de masquer leur malaise derrière les politesses du déjeuner, les vieux sentiments suintent à travers chaque réplique. Sofia et Platonov se jaugent à distance, incapables de nier leur trouble. Les conversations s’enveniment : politique, morale, avenir… chacun projette ses frustrations sur l’autre. La table est dressée, mais personne n’a vraiment faim. Le repas commence à peine que tout le monde est déjà saturé. Derrière l’attente du déjeuner, c’est le festin des illusions perdues qui se profile. Un complot se trame pour racheter le domaine de Voïnitsevka.
16h10 – épisode 3
Une victime inutile
Durée : 1h
Le soleil décline et les vérités commencent à tomber. Platonov confronte Sofia sur leur amour passé. Anna, lasse de jouer la mondaine, dévoile à Platonov son attirance. De toutes ces confrontations, il en restera une victime: Grékova. Dès lors, tout bascule et le retour en arrière n’est plus possible. La perversion narcissique de Platonov le dépasse.
17h30 – épisode 4
Aujourd’hui des misères, demain des excuses, manies d’aristocrate
Durée : 50 minutes
Platonov s’enfonce dans la nuit, et dans ses contradictions. Il retrouve Issak, entre eux, une scène crue, faite de ressentiments et de rires amers. Ils s’aiment autant qu’ils se détestent, comme deux reflets déformés d’un même échec. Les mots sont des armes, les silences des chutes. Rien n’est résolu, mais tout est dit. Platonov, de plus en plus instable, vacille entre cynisme et douleur. Un feu intérieur le consume, et personne ne semble pouvoir l’éteindre.
18h40 – épisode 5
J’y vais ou j’y vais pas ? Début d’une chanson interminable
Durée : 45 minutes
Les enjeux deviennent enjeux de pouvoirs: qui sera dominant, qui sera dominé qui
sera soumis ? Sacha, l’épouse de Platonov, l’aime encore malgré tout. Elle voit ce qu’il devient, ce qu’il refuse d’être. Elle assiste impuissante à son effondrement moral. Autour d’elle, les intrigues se resserrent, les vérités éclatent. Abram décide de récupérer ce qui lui appartient : le domaine de Voïnitsevka. Et quand Sofia semble céder au vertige d’un amour interdit, Sacha ne voit plus d’issue. Le drame se noue. Platonov fait 3 promesses, il ne pourra en tenir qu’une seule: ira t-il rejoindre Sofia, Sacha ou Anna ?
20h45 – épisode 6
Partons chercher le bonheur
Durée : 45 minutes
Tout devient flou, onirique. Les scènes s’enchaînent comme dans un rêve délirant. Platonov erre dans sa propre vie, croisant des fantômes de choix qu’il n’a pas faits. Sofia, Anna, Issak… tous semblent jouer un rôle dans cette comédie absurde dont il a perdu le scénario. Pendant ce temps, Kirill et Glagoliev annoncent leur départ pour Paris : le monde continue, l’exil est encore une option pour ceux qui peuvent fuir. Platonov, lui, reste figé dans l’irréel.
21h50 – épisode 7
Fin de saison : enterrer les morts et réparer les vivants
Durée : 45 minutes
La chute est inévitable. Le domaine est vendu. Les décisions tardives, les blessures jamais guéries, les mots trop tranchants. Sofia revient vers Platonov, puis s’éloigne. Sacha aussi. Anna, détruite, n’existe plus vraiment. Un coup de feu, un effondrement. Quand le rideau tombe, l’été est fini. Et le monde n’a plus de rêveurs.
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