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Et Maguy Marin croula sous le poids de l’Histoire

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Maguy Marin crée Y aller voir de plus près au Festival d'Avignon 2021
Maguy Marin crée Y aller voir de plus près au Festival d'Avignon 2021

Photo Christophe Raynaud de Lage

Avec sa dernière création, Y aller voir de plus près, donnée au Festival d’Avignon, la chorégraphe abandonne totalement la danse pour se livrer à un théâtre de la saturation, didactique et inaudible.

Maguy Marin est de ces artistes, rares, qui ont une belle et longue relation avec le Festival d’Avignon. Depuis sa première apparition, il y a près de quarante ans, la chorégraphe y a dévoilé des spectacles, tels May B. ou Ram Dam, qui ont, en leur temps, marqué l’histoire de la danse contemporaine. Elle connaît tous les recoins de la Cité des Papes, s’est produit dans ses plus beaux lieux, comme le Cloître des Carmes, et a même eu les honneurs de la Cour, en 1989, avec Eh qu’est-ce que ça m’fait à moi!?. Alors, il est peu de dire que son retour, plus de dix ans après son dernier passage pour Description d’un combat, en 2009, était un mini-événement en soi, forcément scruté et attendu. Et il est peu de dire qu’elle déçoit, largement, voire épuise, sévèrement, à tel point qu’il devient difficile de la reconnaître vraiment.

Voilà quelques années que Maguy Marin, au fil de de ses créations, s’éloigne de plus en plus de la danse, au sens le plus strict du terme. Du haut de ses 70 printemps, avec l’assurance de ceux qui n’ont plus rien à prouver, elle se livre à un art indiscipliné, au propos de plus en plus radical, notamment d’un point de vue politique. Là où, auparavant, elle rénovait le langage chorégraphique, elle cherche aujourd’hui avant tout à provoquer, stimuler, bousculer la société, avec un goût certain pour une outrance débridée qui fait parfois mouche comme dans son avant-dernière création, Ligne de crête, ou son antépénultième, Deux Mille Dix Sept. Sauf que, cette fois, la chorégraphe a définitivement abandonné l’art qui l’a vue naître pour se livrer à un théâtre de texte et de commentaires qu’elle ne maîtrise absolument pas.

Il faut dire que l’artiste n’y est pas allée de main morte en jetant son dévolu sur La Guerre du Péloponnèse de Thucydide et ses huit livres, pour le moins copieux. De cette somme historique, elle a extrait un pur récit de guerre, centré notamment sur l’affaire d’Epidamne, considérée par les historiens comme l’une des causes directes du conflit – qui provoquera, in fine, l’effondrement de l’empire athénien –, mais aussi comme l’un des actes fondateurs de l’inimité entre Corinthe et Corcyre, et à travers elle de la rivalité entre Corinthe et Athènes. Maguy Marin y voit sans doute la mère de toutes les guerres qui suivront, bien au-delà de l’Antiquité et même peut-être jusqu’à nous. En cela, elle n’a d’ailleurs pas tort, tant s’y côtoient effectivement beaucoup des éléments qui matricent moult conflits à travers l’Histoire : l’argent, la soif de pouvoir, la conquête de territoire, les alliances, les trahisons, l’ego politique, et l’abandon du peuple, réduit au rang de stricte chair à canon. La chorégraphe demande donc à ses quatre comédiens de prendre ce récit en charge, dans une version brute de décoffrage.

Logiquement, l’ambition vire au cours d’Histoire hypertrophié, au déroulé pur d’une guerre comme seule et unique denrée. À l’image de son plateau, sorte de bric-à-brac surchargé, l’ensemble est, presque instantanément, indigeste. Débité à un rythme effréné, cette mauvaise leçon en devient inaudible. A trop vouloir mettre les spectateurs sous pression, Maguy Marin les fait, au mieux mentalement, au pire physiquement, prendre leurs jambes à leur cou. Surtout, non contente de ce substrat copieux, elle y ajoute différents éléments qui soit servent de pure illustration, et sont en ce cas bienvenus, soit viennent en rajouter une couche, telles ces images d’hommes puissants qui défilent à travers un vieux projecteur de diapositives et ces photos de guerres liées à des hommes politiques et d’affaires que l’artiste rend responsable des guerres de notre époque. Au-delà d’être furieusement didactique dans son principe, et un peu facile dans son propos, le procédé tourne à l’excès contre-productif.

Reste alors le quatuor de comédiens dont il faut, malgré tout, dire un mot. Alors que le public, une fois la supercherie acquise, prend la poudre d’escampette, tous sont remarquables d’abnégation et d’engagement. À la manière de femmes et d’hommes-orchestre, ils se soumettent aux facéties de Maguy Marin, et récitent leur texte, jouent des instruments, collent des chiffres, des nombres, des noms au gré de ceux qui sont égrenés. Au moment des saluts, ils n’en sont pas suffisamment remerciés. On parle parfois du supplice des spectateurs, moins de celui des acteurs. Voilà une bonne occasion d’avoir une pensée pour eux.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Y aller voir de plus près
Conception Maguy Marin
Avec Antoine Besson, Kais Chouibi, Daphné Koutsafti, Louise Mariotte
Film Anca Bene, David Mambouch
Scénographie Balyam Ballabeni, Benjamin Lebreton
Lumière et direction technique Alexandre Béneteaud
Musique David Mambouch
Son Chloé Barbe
Maquettes Paul Pedebidau
Iconographie Benjamin Lebreton, Louise Mariotte
Costumes Nelly Geyres
Technique vocale Emmanuel Robin

Production Compagnie Maguy Marin
Coproduction Festival d’Avignon, Théâtre de la Ville – Paris, Théâtre Dijon Bourgogne Centre dramatique national, Théâtre des 13 vents Centre dramatique national de Montpellier, Théâtre + Cinéma Scène nationale Grand Narbonne, Théâtre de Lorient Centre dramatique national, Pôle-Sud Centre de développement chorégraphique national de Strasbourg, Les Halles de Shaerbeeck (Belgique), Le Parvis Scène nationale Tarbes Pyrénées, Théâtre National de Bretagne (Rennes)

La Compagnie Maguy Marin à rayonnement national et international est soutenue par le ministère de la Culture – DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, et subventionnée par la Ville de Lyon, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et reçoit l’aide de l’Institut français pour ses projets à l’étranger.

Durée : 1h25

Festival d’Avignon 2021
Théâtre Benoît-XII
du 7 au 15 juillet

Théâtre de la Ville, Paris
du 21 au 29 octobre

Théâtre National de Bretagne, Rennes
du 16 au 20 novembre

Théâtre de Lorient
du 24 au 26 novembre

Théâtre + Cinéma Scène nationale de Narbonne
le 30 novembre

Le Parvis Scène nationale de Tarbes
le 1er décembre

Points communs Salle des Louvrais, Pontoise
les 14 et 15 décembre

Pôle Sud Centre de développement chorégraphique national de Strasbourg
les 11 et 12 janvier 2022

Théâtre Dijon Bourgogne Centre dramatique national
du 1er au 5 mars

Les Halles de Schaerbeek, Bruxelles
du 8 au 10 mars

L’Espal Scène nationale du Mans
les 5 et 6 avril

10 juillet 2021/par Vincent Bouquet
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