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Un Guérisseur sans grand pouvoir

À la une, Décevant, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Karine Letellier

Aux commandes de la pièce illusionniste de Brian Friel, le directeur du Lucernaire, Benoît Lavigne, accouche d’un spectacle en demi-teinte. Insuffisamment porté par Xavier Gallais, le jeu de pistes intime et mensonger du dramaturge irlandais peine à révéler toute son intensité.

Depuis sa création en 1986 par Laurent Terzieff sous le titre « Témoignages sur Ballybeg », jamais « Guérisseur » n’avait été rejouée sur le plateau du Lucernaire. Pour Benoît Lavigne, le maître du lieu, le geste théâtral était symboliquement de taille. D’autant que les textes de Brian Friel, méconnu en France mais souvent présenté comme le « Tchekhov irlandais », sont complexes, rugueux et imposent une attention de tous les instants pour en suivre les sinuosités, en décoder les subtilités dramaturgiques habilement dissimulées.

Pour relever ce défi, Benoît Lavigne a réuni un casting de choix. Xavier Gallais – en alternance avec Thomas Durand – Bérangère Gallot et Hervé Jouval forment ce trio de saltimbanques irlandais parti, à bord d’une vieille fourgonnette, à la conquête des villages les plus reculés de l’Écosse et du Pays de Galles. Frank Hardy, sa femme Grace et son imprésario Teddy proposent chaque soir aux spectateurs curieux ou désespérés de découvrir les dons de guérisseur du premier. Simple escroquerie, effet placebo ou véritable pouvoir ? Entre les trois anciens compères, dont la cavalcade est aujourd’hui révolue, les versions divergent. A travers quatre monologues, prononcés depuis le monde des vivants ou celui des morts, chacun dresse son propre état des lieux, dessine son autoportrait ou celui des autres. Fondés sur des souvenirs volontairement falsifiés ou non, ils ont une seule constance : montrer les plaies béantes et les fractures ouvertes causées par une existence solitaire en marge de la société.

Métaphore à peine voilée de la vie de l’artiste qui, chaque soir, viendrait soulager les maux du public, la pièce de Brian Friel est un texte aux multiples tiroirs. Pour tenter d’en révéler l’ampleur, Benoît Lavigne a opté pour une mise en scène dépouillée avec quelques chaises, une bannière et de belles lumières signées Denis Koransky. Ce choix est à double-tranchant. Il met en valeur les comédiens et leur partition, mais les laisse livrés à eux-mêmes et ne leur offre aucune corde de rappel. Chacun doit tenter de convaincre et d’embarquer à la seule force de son jeu.

Logiquement attendu, le premier monologue de Xavier Gallais déçoit. Campé dans un rôle de guérisseur imbibé de whisky et nonchalant, sans doute imposé par la direction d’acteurs, il abuse d’une forme de détachement dans le jeu – excepté dans le regard – qui plombe le spectacle au lieu d’en être la locomotive. Le puzzle concocté par Brian Friel peine à s’installer et les mots du dramaturge irlandais sont déversés sans accrocher. Seules l’arrivée de Bérangère Gallot, touchante Grace dévorée par la dévotion passionnelle, et la performance d’Hervé Jouval, imprésario ambivalent, parviennent à inverser la tendance. Les personnages révèlent alors leur épaisseur dramatique et l’attrayant jeu de pistes dramaturgique peut se mettre en place. On se surprend à vouloir dénicher les détails dissonants, démêler le vrai du faux sans jamais y parvenir, jusqu’au monologue final de Xavier Gallais qui, cette fois, se montre bien plus convaincant. Mais il s’en est fallu de peu pour que le charme mystérieux des brumes galloises et écossaises nous laisse intégralement de marbre.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

GUÉRISSEUR
U N E P I È C E D E B R I A N F R I E L
TE X TE F R A N Ç A I S D ’ A L A I N D E L A H AYE
M I S E E N S C È N E B E N O Î T L AVIGNE
AVEC
XAVIER GALLAIS O U THOMAS DURAND
BÉRANGÈRE GALLOT
HERVÉ JOUVAL
COLLABORATION ARTISTIQUE : SOPHIE MAYER
DÉCOR ET COSTUMES : TIM NORTHAM
MUSIQUES : MICHEL WINOGRADOFF
LUMIÈRES : DENIS KORANSKY
PRODUCTION : LUCERNAIRE
PARTENARIAT : THEATREONLINE
LA CRÉATION DE FAITH HEALER A EU LIEU AU LONGACRE THEATRE, NEW YORK LE 5 AVRIL 1979 ET AU ABBEY THEATRE À DUBLIN
LE 28 AOÛT 1980. LE TEXTE ORIGINAL EST PUBLIÉ CHEZ FABER ET FABER.
LES PIÈCES DE BRIAN FRIEL DANS LES TRADUCTIONS D’ALAIN DELAHAYE SONT REPRÉSENTÉES PAR L’AGENCE DRAMA – SUZANNE
SARQUIER (WWW.DRAMAPARIS.COM) AGISSANT POUR LE COMPTE DE THE AGENCY (LONDON) LTD, 24 POTTERY LANE, LONDON W11 4LZ.
Durée: 1h25

Lucernaire
DU 31 JANVIER 2018 AU 1 4 AV R I L 2 0 1 8 D U M A R D I AU SA M E D I À 1 9 H

9 février 2018/par Vincent Bouquet
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