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Vive le sujet ! 3 et 4 : corps en surchauffe et ritournelle qui répare

A voir, Festival d'Avignon, Les critiques, Théâtre
promettre, Erwan Ha Kyoon Larcher, Festival d'Avignon 2022
promettre, Erwan Ha Kyoon Larcher, Festival d'Avignon 2022 Vive le sujet ! 3 et 4

Promettre de Erwan Ha Kyoon Larcher / Photo Christophe Raynaud de Lage

Au Festival d’Avignon se dévoilent les dernières séries de Vive le sujet ! avec notamment Promettre, une performance autour du désir désinhibé, et Ladilom, une proposition aussi intelligente qu’émouvante.

Pour ses séries 3 et 4, Vive le sujet ! a accueilli Tamara Al Saadi, Justine Bachelet, Eléonore Mallo et Jennifer Montesantos (pour Partie) ; Erwan Ha Kyoon Larcher et Benjamin Karim Bertrand (pour Promettre) ; Vincent Dupont et Bernardo Montet (pour Silex et craie (calcédoine et coccolithe)) ; et Tünde Deak et Léopoldine Hummel (pour Ladilom). Retours sur Promettre et Ladilom.

Promettre, Corps en surchauffe

C’est une rencontre fort radieuse et irrévérencieuse qu’a organisée la SACD à l’occasion de son Vive le sujet ! entre Erwan Ha Kyoon Larcher et Benjamin Karim Bertrand. Les deux danseurs parviennent à capter un simple moment partagé, une rencontre furtive, une étreinte muette, qui conjugue superbement intimité et intensité. En exposant à la pleine lumière du jour les teintes obscures des nuits, la pièce Promettre fait s’entremêler l’art, l’amour, le sexe et l’amitié. Elle invite à contempler un jeu de lâcher-prise érotique et touchant au cours duquel, alanguis et habités d’un irrépressible désir l’un pour l’autre, les corps s’attirent, s’aimantent, répètent lascivement leurs mouvements ondulants, caressants.

En révélant esthétiquement la beauté de l’immédiateté et de la proximité des êtres d’un point de vue aussi bien corporel que émotionnel, la pièce devient renversante de sensualité. Elle évoque de manière nécessairement suggestive, mais est aussi empreinte de beaucoup de délicatesse. Les beaux interprètes s’apparentent à deux oiseaux de nuit qu’on dirait sortis de l’œuvre photographique de l’Américaine Nan Goldin ou de l’Allemand Wolfgang Tillmans. Leurs corps assument pleinement la magnétique marginalité supposée qui les caractérise. Ils évoquent la sphère underground des boîtes, des backrooms, des nuits enivrantes et des réveils moites. Dans une lenteur qui semble suspendre le temps à la manière d’un slow motion qui contraste fortement avec la musique hyper-énergisante, les deux artistes finissent par s’effeuiller avec une once d’animalité, s’enlevant leurs vêtements en se les arrachant avec les dents. Sous les yeux de la Madone qu’on devine effarouchée, le Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph se fait un verdoyant Eden tentateur à souhait.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

 

Ladilom, la ritournelle qui répare

Tünde Deak et Léopoldine Hummel, qui avaient travaillé ensemble sur Nosztalgia Express (de Marc Lainé) se retrouvent en duo, cette fois, dans le cadre si particulier du programme Vive le sujet !. Particulier en ce qu’il requiert la présence des artistes invités au plateau, ce dispositif initie par cette contrainte le propos même de Ladilom. Cela, l’autrice et metteuse en scène Tünde Deak nous l’explique en introduction.

Sur la scène se trouvent, côté jardin, une guitare ainsi qu’une table (recouverte d’une couverture en crochet) avec divers instruments de musique et un ballon de grossesse ; côté cour, une autre table surmontée, elle, d’un étrange parallélépipède aux parois vitrées. Derrière cet espace évoquant les cabines de traducteurs et instaurant de fait une distance, Tünde Deak s’assied et commence à s’adresser à nous… en hongrois – Léopoldine Hummel traduisant son propos. Elle raconte l’angoisse qui l’a saisie lorsqu’elle a reçu la proposition de réaliser un Vive le sujet ! : « Je n’ai jamais voulu être sur scène. Je n’ai jamais rêvé d’être actrice. »

Ayant, en dépit de ses cauchemars, accepté ce projet, elle contourne les difficultés en parlant « en hongrois […] comme ça je disparais, puisque parler une autre langue, c’est toujours disparaître de la première. » Mais cette panique en renvoie à une autre, plus ancienne. Une inquiétude vécue neuf ans auparavant lors de la naissance de sa fille (et liée à la rencontre avec ce petit être) que l’artiste avait conjurée en lui chantant une berceuse… en hongrois. Quoiqu’ayant des racines hongroises par son père, Tünde Deak se révèle incapable de désigner l’origine de la connaissance de cette chanson. Deak et Hummel se lancent, donc, sous la forme d’un dialogue, dans lequel la seconde interprète le rôle de la première, dans une enquête pour remonter le fil de cette ritournelle.

Cette introduction aussi habile que cocasse par sa manière de désigner la position d’énonciation de l’autrice et d’expliquer les choix de mise en scène cède, donc, la place à une conversation. Les questions s’égrènent, accompagnant le récit, apportant des précisions au témoignage de Deak, l’ensemble étant entrecoupé ou accompagné de l’interprétation de Ladilom et d’autres morceaux. Motif lancinant, la chanson se révèle être autant le moyen de rassurer, d’apaiser les inquiétudes et les doutes quant à l’inconnu, que le moteur du récit. On pourrait le considérer comme un cousin éloigné du MacGuffin (concept utilisé par Alfred Hitchcock dans ses films), soit l’élément impulsant le récit. Mais, au contraire du MacGuffin, qui est en général ce qui manque, la comptine existe bien et ce qui fait défaut est la source de sa connaissance.

À travers cette quête se dit la place particulière qu’occupent les chansons dans nos cultures, la manière dont leur rôle se situe à un autre endroit que le langage. Chemine aussi dans cet échange à l’écriture intelligente et sensible les questions de l’appartenance à une culture – déjà abordées par Tünde Deak dans Tünde [tynd] –, comme celles de la double-culture. Et puis, chantonner en hongrois tout en ne cessant de dénier maîtriser cette langue et connaître ce pays constitue un joli retour du refoulé… Toutes ces préoccupations intimes et passionnantes, le spectacle les met au travail avec une modestie qui n’élude pas la pertinence. Il déplie une forme ciselée et maîtrisée, portée par les musiques aussi mélancoliques qu’émouvantes (de Ladilom au sublime Dona Dona version yiddish) et incarnée par deux interprètes aux positions très distinctes. L’artifice initial de Tünde Deak devient une efficace justification à sa faible aisance au plateau, tandis que Léopoldine Hummel circule avec fluidité de la parole à la musique et d’un instrument à l’autre (guitare électrique, flûte de berger slovaque, diverses autres flûtes, appeaux, etc.).

Et mine de rien, l’écriture révèle derrière son humour, son auto-ironie, son impertinence joyeuse une capacité à enchâsser différents niveaux de références et enjeux. L’on croise même Sándor Ferenczi, psychanalyste hongrois évoqué pour son travail sur la confusion des langues et sur les nourrissons (mais qui a par ailleurs, dans sa correspondance avec Freud, raconté s’être surpris un jour à chanter une chanson hongroise). Chemine ainsi, en sourdine et avec une infinie intelligence et sensibilité, les questions de l’exil, de l’acceptation de ses origines, de la construction de l’identité. L’enquête n’élucide pas la question initiale mais rappelle qu’écrire, créer, interpréter (chanter) peut dans certains cas constituer de pudiques et essentiels gestes de réparation.

Caroline Châtelet – www.sceneweb.fr

Vive le sujet ! – Série 3

Partie
Texte, mise en scène et dramaturgie Tamara Al Saadi
Avec Tamara Al Saadi, Justine Bachelet, Éléonore Mallo, Jennifer Montesantos
Son Eléonore Mallo
Costumes Pétronille Salomé
Production Compagnie La Base
Coproduction SACD, Festival d’Avignon, Théâtre Dijon Bourgogne CDN, Théâtre des Quartiers d’Ivry CDN du Val-de-Marne, Espace 1789 Scène conventionnée pour la danse de Saint-Ouen
Avec le soutien de la Drac d’Île-de-France-ministère de la Culture, Conseil départemental de Seine Saint-Denis, Théâtre de Rungis, Centquatre-Paris

Promettre
Texte et mise en scène Benjamin Karim Bertrand, Erwan Ha Kyoon Larcher
Avec Benjamin Karim Bertrand, Erwan Ha Kyoon Larcher
Musique Erwan Ha Kyoon Larcher
Production Fabrik Cassiopée
Coproduction SACD, Festival d’Avignon
Avec le soutien du Nouveau théâtre de Montreuil Centre dramatique national, la Briqueterie – CDCN du Val-de-Marne

Durée : 1h30

Festival d’Avignon 2022
Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph
du 19 au 25 juillet à 11h

Vive le sujet ! – Série 4

Silex et craie (calcédoine et coccolithe)
Chorégraphie Vincent Dupont, Bernardo Montet
Avec Vincent Dupont, Bernardo Montet
Musique et son Maxime Fabre
Collaboration artistique Myriam Lebreton
Travail de la voix Valérie Joly
Production J’y pense souvent (…)
Coproduction SACD, Festival d’Avignon, ICI – Centre chorégraphique national de Montpellier Occitanie, Le Centre des arts d’Enghien-les-Bains
Avec le soutien de la Drac Île-de-France – ministère de la Culture et de la Région Île-de-France

Ladilom
Texte et mise en scène Tünde Deak
Avec Tünde Deak, Léopoldine Hummel
Musique Léopoldine Léopoldine Hummel
Production La Comédie de Valence Centre dramatique national Drôme-Ardèche
Coproduction SACD, Festival d’Avignon, Compagnie Intérieur/Boîte

Durée : 1h30

Festival d’Avignon 2022
Jardin du Lycée Saint-Joseph
du 19 au 25 juillet à 18h

21 juillet 2022/par L'équipe de sceneweb
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