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Macbeth Underworld, noir cauchemar shakespearien

À la une, A voir, Les critiques, Opéra, Paris

© Stefan Brion

Montré en création française à l’Opéra-Comique, Macbeth Underworld de Pascal Dusapin, mis en scène par Thomas Jolly, se présente comme une spectaculaire fantasmagorie du mal non exempte de grandiloquence.

Pour son huitième opéra, Pascal Dusapin démontre à nouveau son accointance avec les grands textes littéraires. Après Médée adaptée par Heiner Müller, Penthésilée de Kleist ou La Divine comédie de Dante, il se tourne, avec son librettiste l’écrivain et traducteur Frédéric Boyer, vers Shakespeare dont il porte à l’opéra une de ses plus illustres figures : Macbeth. Sa composition sait bien mettre en valeur les mots et leur portée dramatique, notamment grâce à un travail conséquent sur la prosodie. Mais elle ne porte pas une vision suffisamment éclairante et affranchie qui témoignerait du réel besoin de réécrire la pièce initiale légendaire.

Les huit tableaux reprennent, plus qu’ils réinventent, la trame narrative et les faits relatés par le dramaturge élisabéthain. Son point de départ est pourtant original : dans les limbes des Enfers où il siège désormais, le couple que forment Macbeth et Lady Macbeth revoit sous la forme d’hallucinations ses forfaits assassins et en est rongé de culpabilité. Chose étonnante, cette version montre moins la monstruosité de héros exaltés par le meurtre et le pouvoir que leur soif impossible de rédemption. Le très jeune chanteur Jarrett Ott (remarqué et déjà apprécié dans Breaking the waves) incarne le rôle-titre avec une fière allure et un timbre presque trop beau conférant au personnage une séduction qui s’écarte de l’inquiétante étrangeté naturellement imposée par Georg Nigl sur la scène de La Monnaie à Bruxelles où l’œuvre a d’abord été créée. Annoncée en méforme, Katarina Bradić apporte une part de lumière vibrante et passionnée qui semble là aussi vouloir racheter Lady Macbeth.

Pour plonger l’auditeur dans l’outre-monde lugubre et caverneux de son Macbeth, Pascal Dusapin a composé une ample et âpre partition aux lignes fluides et aux accents souvent rauques et rugueux dont il se dégage un insidieux lyrisme. D’opulente facture, l’orchestre dirigé par Franck Ollu rutile jusqu’à hurler d’horreur ou préfère se tapir dans des nappes étales de sons spectraux. Des stridences vocales et instrumentales, des grincements menaçants, des couleurs funèbres et ténébreuses, un orgue lourdement vibrionnant, des saillies de percussions infernales auxquelles vient s’ajouter le fracas de chaînes métalliques, tout participe à créer un climat expressionniste inspirant mais aussi appuyé voire cliché.

Sur un plateau tournant se dévoilent, entre ombre et lumière, une forêt digne d’un conte horrifique, celle de Birnam contre laquelle Macbeth cherche en vain à combattre son destin, ainsi que l’intérieur d’un manoir hanté jusque dans ses menus recoins. Derrière des portes dérobées : des escaliers en colimaçon où les amants terribles se retrouvent pour s’étreindre. Fidèle à son univers visuel au style gothico-fantastique très identifiable, Thomas Jolly fait s’accorder les effets lumineux qu’il adore et dont il est coutumier avec l’écriture musicale de Dusapin, et propose une imagerie illustrative foisonnante, offrant un large amalgame inspiré de films d’horreur comme de peintures de maître. En jouant la carte d’une esthétique de train-fantôme, il fait se multiplier les topoï du genre. Les Weird Sisters de Maria Carla Pino Cury, Mélanie Boisvert et Melissa Zgouridi font sensation en sorcières vitupérantes, dont la chevelure rousse évoque celle des femmes-vampire, qui se présentent alanguies sur les branches tortueuses d’arbres morts entrelacées, ou qui dansent la gigue au milieu d’un banquet de sabbat avec l’apparition d’un fantôme en bouquet final. La fantaisie et la noirceur de cet onirisme musical et scénique vont hanter tenacement l’Opéra-Comique qui devrait trouver un parfait contrepoint dans le retour du bouffon Fantasio d’Offenbach également mis en scène par Thomas Jolly le mois prochain.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Macbeth Underworld
de Pascal Dusapin

Direction Musicale
Franck Ollu

Mise en scène
Thomas Jolly

Collaboration à la mise en scène
Alexandre Dain

Décors
Bruno de Lavenère

Costumes
Sylvette Dequest

Lumières
Antoine Travert

Assistante mise en scène et dramaturge
Katja Krüger

Assistant musical
Josep Planells Schiaffino

Chef de chœur
Richard Wilberforce

Chef de chant
Yoan Héreau

Lady Macbeth
Katarina Bradić

Macbeth
Jarrett Ott

Weird Sister
Maria Carla Pino Cury
Mélanie Boisvert
Melissa Zgouridi

Ghost
Hiroshi Matsui

Porter / Hecat
John Graham Hall

Child
Rachel Masclet*

Musique de scène
Caroline Delume
Sabine Tavenard
Paul Serri

Figurants
Adhal Bara / Geoffrey Boissy / Alexander Espinosa Correoso / Michael Guevara /Adrien Minder / Aurélien Piffaretti / Gabriel Soler / Kim Tassel

Orchestre de l’Opéra national de Lyon
Chœur accentus

Commande du Théâtre royal de la Monnaie et de l’Opéra-Comique

Coproduction
Théâtre royal de la Monnaie

Coproduction
Opéra-Comique

Coproduction
Opéra de Rouen Normandie
*Maîtrise Populaire de l’Opéra-Comique

Durée 1h50

Du 6 au 12 novembre 2023
Opéra-Comique

7 novembre 2023/par Christophe Candoni
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