Sylvain Maurice, tout nouveau directeur du CDN de Sartrouville continue de creuser les ressorts du fantastique au théâtre. Après Edgar Allan Poe, il adapte la nouvelle de Kafka, la Métamorphose. Il réussit l’incroyable pari de nous faire sursauter sur notre fauteuil !
Dans l’obscurité, la famille de Gregor, frappe à la porte de sa chambre et s’inquiète de son enfermement. La transformation de Gregor on la devine à travers une multitude de sons inquiétants formidablement bien travaillés par François Leymarie (qui avait déjà travaillé avec Sylvain Maurice sur La Chute de la Maison Usher). Des sons bourdonnants envahissent l’espace, on imagine son sang visqueux se liquéfier. Le son ici est un composant dramatique essentiel, au même niveau que le jeu des acteurs. Il participe à l’écriture du spectacle. Il nous contraint à construire nos propres images.
Dans cette adaptation de la nouvelle de Kafka , Sylvain Maurice a souhaité gommer le monologue de Gregor (et le rendre presque invisible) pour s’attacher à créer des dialogues entre les membres de sa famille. C’est la métamorphose de la famille qui l’intéresse. On se concentre sur les relations au sein de cette famille dont le fils se transforme. Une famille qui finira par se réjouir de sa mort.
Dans un dispositif circulaire fort bien réglé, les parois de la maison coulissent. L’espace se transforme comme par magie. Et dans cette sorte de jeu de cache-cache, on aperçoit lors de furtifs moments Gregor sortir de sa tanière (une armoire). Il observe comme nous sa famille. C’est la vidéo qui retranscrit ce qu’il voit. Cette plongée dans l’étrangeté est singulière et fortement bien maitrisée par Sylvain Maurice. Il réussit à nous faire frémir et sursauter par moment.
Le spectacle court, 1h05, mériterait d’entrer encore un peu plus dans la psychologie des personnages. En gommant l’aspect monologue de la nouvelle de Kafka, Sylvain Maurice gomme aussi toutes les interrogations de Gregor sur la vie, la solitude, l’angoisse de l’existence humaine. Mais l’aspect fantastique est formidablement restitué, ce qui est une performance au théâtre !
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Je souhaite adapter La Métamorphose sous la forme de dialogues et de situations au présent, et éviter entièrement le recours au monologue intérieur et à toute forme narrative (récit, voix off, flash‐back…). Cet écart important par rapport au matériau original répond à un double objectif. Cela permet tout d’abord d’accentuer la dimension théâtrale, de quitter la nouvelle, de refermer le « quatrième mur » (pas d’adresse au public) au profit de « l’ici et maintenant ». Cela permet, ensuite, de travailler en creux sur la représentation de Gregor, en gardant le plus longtemps possible le mystère de son identité.
En annulant le regard de Gregor sur lui-‐même au profit du regard des autres sur le « monstre », nous changeons en quelque sorte de paradigme : la fable se concentre sur les relations entre les personnages, avec leurs non‐dits, leurs contradictions, dont la transformation de Gregor sert de révélateur. Ces relations deviennent aussi plus fantastiques peut-être, sous leur apparente banalité : la monstruosité devient partagée, et la frontière entre le normal et l’anormal plus perméable. L’inquiétante étrangeté se déplace : dans notre version, nous privilégions l’imagination du spectateur, plutôt que la description entomologique. Nous proposons de voyager dans une réalité mouvante au présent, sans repère fixe.
L’adaptation est par conséquent un matériau pour une « écriture de plateau », où la vidéo, la musique en direct et le travail sur les objets occupent une place centrale. L’écriture est volontairement lacunaire, « scénaristique », proposant des situations très simples que le travail concret avec les acteurs et le mélange des disciplines permettra d’enrichir et d’approfondir. Note d’intention de Sylvain Maurice d’après dossier de presse
Sylvain Maurice
MÉTAMORPHOSE
D’après Franz Kafka
Mise en scène Sylvain Maurice
Adaptation Sylvain Maurice
Assistant à la mise en scène Nicolas Laurent
Scénographie Éric Soyer
Création vidéo Renaud Rubiano
Création sonore François Leymarie
Assistant à la création sonore Jean de Almeida
Lumière Yann Loric
Costumes Marie La Rocca
Création masques Élise Kobisch-‐Miana
Avec la collaboration artistique de Aurélie Hubeau
Avec
Nadine Berland La mère
Marc Berman Le père
Émilie Bobillot La soeur
Arnault Lecarpentier Le chef de service, le locataire, la vieille femme
Philippe Rodriguez Jorda Gregor
Production Compagnie [Titre Provisoire]
Co-‐production Théâtre National de Strasbourg, Théâtre de Sartrouville et des Yvelines-‐ Centre Dramatique National, Nouveau Théâtre-‐Centre Dramatique National de Besançon, DSN-‐Dieppe Scène nationale, Théâtre Jean Arp-‐Scène conventionnée Avec le soutien du Théâtre de la Commune et didascalie.net
La Compagnie [Titre Provisoire] est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication/Direction Générale de la Création Artistique
Durée: 1h05
TNS Strasbourg – Du jeudi 17 au jeudi 31 janvier 2013
Du mardi au samedi à 20h, dimanche 27 à 16h
Relâche les lundis et dimanche 20
Salle Koltès
Aubervilliers, Théâtre de la Commune du 8 au 23 février
Chatenay Malabry, Théâtre Firmin Gémier La Piscine, le 26 février
Besançon, CDN les 5, 6 et 7 mars
Dieppe, DSN Scène Nationale de Dieppe, les 14 et 15 mars
Chevilly‐Larue, Théâtre André Malraux, le 22 mars
Sartrouville, Théâtre de Sartrouville du 26 au 30 mars
Clamart, Théâtre Jean Arp -Scène Conventionnée, le 5 avril
Saint‐Brieuc, à la Passerelle le 18 avril
Dole, Scènes du Jura, le 30 avril
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