Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Le vide derrière les masques de Susanne Kennedy

À la une, A voir, Les critiques, Nanterre, Théâtre

Photo Ju Ostkreuz

Créé à Munich, Warum läuft Herr R. Amok ? de Suzanne Kennedy, d’après un film réalisé par Fassbinder et Fengler, est une pièce glauque et loufoque qui pointe avec une géniale impertinence l’immobilisme et la fausseté de vies ordinaires déshumanisées.

En France, Susanne Kennedy est une découverte. Le Théâtre Nanterre-Amandiers présente pour la première fois le travail étonnant et singulier de cette artiste, metteuse en scène associée cette saison à la nouvelle Volksbühne de Berlin, qui fait beaucoup parler sur les scènes allemandes et hollandaises. Son art se base sur la déformation à visée critique d’une réalité médiocre et stéréotypée. Dans une représentation volontairement sans attrait, l’univers déployé, anodin qu’en apparence dit, avec beaucoup d’humour et d’ironie, le vide d’existences étales, petite-bourgeoises, conformistes et contrefaites, soumises à l’inaction, l’oppression, l’aliénation de la banalité. La scénographie de Lena Newton, une sorte d’enclave lambrissée, les costumes très rétro de Lotte Goos, les corps inertes des comédiens végétatifs, proches de l’athymie, tout met l’accent dans le spectacle sur l’immobilisme d’un quotidien sans aspérité, celui de M. R., un type banal qui en vient à assassiner son entourage.

A son image, tous les personnages se présentent sans relief et pourtant menaçant dans leur petite boîte uniforme qui fait office de rue comme de café, de salon et de bureau. Ils s’animent, échangent des bribes de dialogues fastidieux, des répliques plates et platement restituées comme dans de mauvaises séries ou les méthode Assimil. Avec une économie totale de gestes, de regards, de déplacements, les formidables comédiens des Kammerspiele sèment le trouble, voir l’effroi. Tous jouent le visage couvert d’un masque couleur chair, une seconde peau aux traits figés et fatigués qui donnent aux individus empruntés l’allure de mannequins stoïques. Privés de leurs expressions faciales, ils n’ont pas plus recours à la voix puisqu’ils donnent le texte en playback.

On n’imaginait pas le cinéma brute et social-réaliste de Fassbinder pouvant être aussi proche du théâtre de l’absurde. Ce cousinage est bien sûr favorisé par les parti pris radicalement distanciés de Susanne Kennedy dont l’artifice, loin d’être vain, désarçonne et passionne.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Warum läuft Herr R. Amok? (Pourquoi M. R. est-il atteint de folie meurtrière?)
Mise en scène Susanne Kennedy
D’après le scénario de Rainer Werner Fassbinder & Michael Fengler

Avec les comédiens des Kammerspiele
Suzanna Boogaerdt, Walter Hess, Christian Löber, Edmund Telgenkämper, Anna Maria Sturm
Et
Manuela Clarin, Kristin Elsen, Renate Lewin, Sibylle Sailer, Ingmar Thilo, Herbert Volz

Scénographie
Lena Newton

Costumes
Lotte Goos

Création son
Richard Janssen

Vidéo
Lena Newton, Ikenna David Okegwo

Lumière
Jürgen Kolb

Dramaturgie
Koen Tachelet

Production
Münchner Kammerspiele
Avec le soutien du Goethe Institut
Durée 2h10

Nanterre – Amandiers
Du 25 au 28 janvier 2018
Jeu., ven. à 20h30
Sam. à 18h
Dim. à 15h30

27 janvier 2018/par Christophe Candoni
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Julie Deliquet adapte Huit heures ne font pas un jour de Fassbinder au Théâtre Gérard Philipe TGP Pascal VictorJulie Deliquet met Fassbinder à la fête
A la Villette, le Retour vers le futur d’Einstein on the Beach
Je suis Fassbinder : Nordey et Richter font chavirer le TNS
Petra von Kant, icône hypnotique d’Arthur Nauzyciel
La programmation du Festival d’Automne 2023
Tiago Rodrigues Festival d'Avignon 2023 Bilan Un 77e Festival d’Avignon tout en équilibres
Ti regalo la mia morte, Veronika d’après Fassbinder par Antonio Latella, au TNB à Rennes
Liberté à Brême, une tragédie criante de vérité
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut