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Coups de jeune et de chaud sur les Street Scenes de Kurt Weill

A voir, Bobigny, Les critiques, Opéra

photo Robin Le Bervet

L’Académie de l’Opéra national de Paris accompagnée par l’orchestre Ostinato présente à la MC93 des extraits de la bouillonnante fresque urbaine de Kurt Weill dans une version très dépouillée mais d’une forte actualité.

Alors que l’Opéra de Lorraine donne le très rare Lac d’Argent composé par Kurt Weil dans sa foisonnante période berlinoise, voici que l’Opéra de Paris et la MC93 de Bobigny programment conjointement Street Scenes, une succession de fragments de Street Scene, l’« opéra américain » du compositeur allemand exilé aux États-Unis comme beaucoup d’artistes juifs pour fuir l’Allemagne nazie et connaitre un certain succès à Broadway. Pas mal absente des scènes lyriques, la pièce, inclassable comme toujours chez Kurt Weill, est un plaisant mélange de musique aux influences et aux styles variés, savants et populaires (comme le jazz et le blues). Ce théâtre mi-parlé mi-chanté ne semble être ni une comédie musicale ni un grand opéra, mais sans doute les deux à la fois. Créé à New York, cet inventif et harmonieux melting pot musical se met au service d’une action quasi inexistante tirée d’une pièce d’Elmer Rice dont le sujet n’est autre que la vie, la mort, l’amour. Les habitants d’un immeuble du Lower East Side, un quartier populaire voire défavorisé, s’adonnent entre voisins aux jacasseries et aux médisances sous la chaleur écrasante d’une journée caniculaire.

La chronique franchement gaie est aussi faussement légère car empreinte d’une certaine morosité et même d’un menaçant danger. En effet, elle se clôt sur un sordide fait divers, lorsque le plateau, plongé dans une couleur rouge sang, se fait la scène d’un double crime alors qu’un mari trompé tue par jalousie sa femme et son amant. Toujours à la lisière de la comédie et du drame, Street scenes tient de la critique sociale chère à Weill (en témoigne l’un de ses plus grands succès, à savoir L’Opéra de quat’sous). Avec la crise en toile de fond, l’œuvre est quand même pleine d’humour et d’empathie, tant elle relate l’existence des simples gens, travailleurs ou oisifs, dont l’existence est certes ravagée par le capitalisme mais bien éprise d’idéalisme. Son propos demeure universel car la marginalité sociale, les violences subies par les femmes, le désir de liberté contrecarrée par la tentation d’un discours rétrograde et autoritaire résonnent avec la réalité d’aujourd’hui.

Aussi efficace pour former une inspirante choralité que pour faire exister chacune des individualités présentées, le travail proposé par les artistes en résidence de l’Académie de l’Opéra national de Paris rejoints par d’autres artistes invités, met bien l’accent sur le cosmopolitisme que réclame l’œuvre. Il profite d’une parfaite dynamique de troupe pour pleinement donner vie à cette communauté urbaine aux profils bien dessinés. Tout ou presque repose sur les talentueux interprètes dans la proposition de Ted Hoffman qui s’assume résolument minimaliste. Fidèle à son geste, le metteur en scène d’un sublime Couronnement de Poppée choisit un espace où ne se trouve pas un élément de décor, et presque pas plus d’accessoires s’offrant comme possibles appuis de jeu. Son dispositif original se constitue d’une plateforme surélevée qui encadre la fosse d’orchestre placé au centre d’un espace bifrontal où s’installent les chanteurs et les spectateurs en toute proximité. La scène qui s’apparente à une cour d’immeuble ou un balcon géant paraît peu évidente à appréhender, à cause de sa nudité et de sa longue exiguïté, pour autant les chanteurs s’en s’emparent tous et toutes avec autant d’aisance que de vivacité. Ensemble ou isolés, ils y expriment avec passion leurs doutes, leurs désirs, leurs désarrois, et leurs espoirs. Les couplent se font et se défont, parfois dans une folle danse.

Très théâtrale, la musique, riche en beautés et en animation sonores, est à la fois entraînante et émouvante, surtout défendue avec ce qu’il faut de langueur et de tonicité par la cheffe Yshani Perinpanayagam à la tête des musiciens de l’orchestre Ostinato. Les qualités de mélodiste de Kurt Weill sont autant mises en valeur que les couleurs solaires resplendissantes et le lyrisme généreux d’une partition qui swingue à souhait.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Street scenes
Extraits de Street Scene, opéra américain en deux actes de Kurt Weill

Livret Elmer Rice d’après sa pièce de théâtre du même nom
Paroles Langston Hughes et Elmer Rice

Direction musicale Yshani Perinpanayagam
Mise en scène et scénographie Ted Huffman

Avec les artistes en résidence à l’Académie de l’Opéra national de Paris
Francesco Lucii (Mr Fiorentino),
Sima Ouahman (Greta Fiorentino),
Seray Pinar (Emma Jones),
Robson Broad (Dick Jones),
Luis Felipe Sousa (George Jones),
Adrien Mathonat (Carl Olsen),
Cornelia Oncioiu (Olga Olsen),
Teddy Chawa (Mr Sankey),
Margarita Polonskaya (Anna Maurrant),
Ihor Mostovoi (Frank Maurrant),
Teona Todua (Rose Maurrant),
En alternance Noah Diabate et Marc-David Sopi (Willie Maurrant),
Jeremy Weiss (Harry Easter),
Kevin Punnackal (Sam Kaplan),
Lisa Chaib Auriol (Shirley Kaplan),
Lindsay Atherton (Mae McGann),
Sofiia Anisimova (Mrs Hildebrand),
En alternance Nicolas Brière et Jurgis Margiris Paberzis (Charlie Hildebrand),
et les musicien·nes de l’Orchestre Ostinato

Costumes Astrid Klein
Lumière Bertrand Couderc
Son Christophe Hauser, Jean-Marie Roussel
Décor Ateliers de la MC93

Production Académie de l’Opéra national de Paris.

Coproduction MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis.

Présenté sous licence de la European Music Distributor Company, au nom de la Kurt Weill Foundation for Music, Inc, de la Rice Estate et de la Hugues Estate. Les coupes et les modifications sont effectuées avec l’autorisation des détenteurs des droits.

Les rôles de Dick McGan & Mae Jones ont été distribués sur la proposition d’Oliver Scullion

Avec l’Académie de l’Opéra national de Paris

Durée estimée 2h05 (avec entracte)

MC93 Bobigny
Du 19 au 27 avril 2024

21 avril 2024/par Christophe Candoni
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