Stefano Massini est un auteur engagé. On le connaît pour ses pièces politiques. On lui doit Femme non rééducable sur la journaliste russe Anna Politkovskaïa et Chapitres de la chute sur les Lehman Brothers. Dans Terre Noire, pièce commandée par Irina Brook pour le Théâtre National de Nice, il dénonce l’industrie chimique. Irina Brook a été touchée par le sort de ces milliers d’agriculteurs qui se suicident en avalant les pesticides vendus par les multinationales (dont Mosento) parce qu’ils sont endettés et appauvris.
Rencontre avec l’un des plus grands dramaturges vivants, qui aujourd’hui dirige le Picollo Teatro de Milan, lors de son passage à Nice.
Cette pièce reste politique dans le fond mais elle semble plus poétique que les précédentes.
Je pense qu’il est important de mélanger le concret et le poétique. Le théâtre doit mêler le symbolique et le réel. Je pense que Terre Noire est une preuve que les deux choses peuvent coexister d’une façon harmonieuse sans contradiction.
Vous avez écrit des pièces sur la finance, sur l’actualité internationale, est ce que cette thématique de l’environnement vous était proche ?
Tous ces thèmes forment un tout. Le théâtre doit être dans son temps et il doit regarder autour de lui. Ce doit être le lieu de réaction de tout ce qui l’entoure. Le théâtre est un temple dans lequel on vient découvrir quelque chose qui nous faire connaître un peu mieux ce qu’il arrive dehors et qui nous fait devenir des citoyens meilleurs.
Pour vous le théâtre est-il forcément politique ?
Il est inévitablement politique car tout acte est politique. Le théâtre doit être absolument engagé dans le sens de la citoyenneté.
Au Piccolo Teatro vous ferez un théâtre politique ?
Oui dans le sens où je souhaite faire un théâtre qui est attentif et qui regarde ce qui se passe dehors. Le théâtre est un regard sur notre civilisation.
Vous êtes dramaturge mais aussi cycliste. Et il parait que vous pensez vos pièces en parlant à haute voix en faisant du vélo !
(Rires). Et oui car il n’existe pas de théâtre sans mouvement ! Le théâtre et le vélo vont ensemble ! Le fait d’écrire en parlant à haute voix tout en pédalant cela me permet de rendre ces mouvements du théâtre parce que tout est mouvement dans un théâtre, comme dans un étang ou un lac. Dans le lac il y a de l’eau qui arrive d’un fleuve et l’eau est toujours en mouvement !
On doit vous prendre pour un fou quand vous parlez à haute voix sur votre vélo !
Oui et j’espère qu’il ne m’arrive jamais d’accident avec ma bicyclette, sinon je serai mal pour écrire !
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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