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Le spectacle vivant pris dans la tourmente budgétaire et politique

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Le spectacle vivant pris dans la tourmente budgétaire et politique
Le spectacle vivant pris dans la tourmente budgétaire et politique

Photo Estelle Ruiz / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Les mauvaises nouvelles se multiplient Ă  l’approche des choix budgĂ©taires de fin d’annĂ©e. Les collectivitĂ©s territoriales soumises aux coupes venues de l’État dĂ©cident pour certaines de taper fort sur la culture. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, en plus d’économies qui s’empilent pour les artistes et les structures, le soutien Ă  la culture semble devenir un marqueur politique, accentuant par lĂ  mĂȘme la fragilisation du secteur.

On a envie de dire : « Jusqu’ici tout allait bien ». Et mĂȘme si le secteur du spectacle vivant se plaignait rĂ©guliĂšrement de ses contraintes budgĂ©taires toujours plus strictes, d’une rĂ©duction de la programmation, avec la vague qui monte, certains se mettent Ă  penser qu’il considĂšrera trĂšs bientĂŽt ce passĂ© rĂ©cent comme un temps bĂ©ni. Coupes drastiques sur la culture (et pas que) en rĂ©gion Pays de la Loire, festival OdyssĂ©es supprimĂ© par le Conseil dĂ©partemental des Yvelines – 350 000 euros d’économies –, scĂ©narios Ă  la baisse que les collectivitĂ©s demandent Ă  droite, Ă  gauche, aux acteurs du spectacle vivant… Les mauvaises nouvelles pleuvent Ă  l’approche du vote des budgets pour l’annĂ©e 2025, laissant craindre un vĂ©ritable « tsunami » pour reprendre les propos de Laurent Brethome.

Le directeur de la troupe Le Menteur Volontaire est d’ores et dĂ©jĂ  dans l’Ɠil du cyclone, basĂ© Ă  La Roche-sur-Yon, en rĂ©gion Pays de la Loire, oĂč la prĂ©sidente de l’exĂ©cutif rĂ©gional, une proche de Bruno Retailleau dĂ©sormais encartĂ©e Ă  Horizons, Christelle Morançais, a dĂ©cidĂ© d’amputer de 100 millions d’euros les budgets de la RĂ©gion sur ses compĂ©tences facultatives, parmi lesquelles la culture. Dans le cas de Laurent Brethome, c’est une coupe directe de 40 000 euros pour sa compagnie et le festival Nuits Menteuses qu’il dĂ©ploie chaque Ă©tĂ© Ă  La Roche-sur-Yon. « Mais depuis un an, je travaille Ă  des scĂ©narios de rĂ©duction bien plus importante encore, de plus d’un tiers de mes subventions. Ça craque de partout, au niveau de toutes les collectivitĂ©s et de l’État. Je le dis, malheureusement, nous allons affronter une vague gĂ©ante. »

Pour rappel, au niveau national, un rapport sĂ©natorial de 2020 souligne « le rĂŽle moteur jouĂ© par les collectivitĂ©s territoriales dans le domaine de la culture. Celles-ci ont largement investi le champ culturel, qui reprĂ©sente aujourd’hui environ 4,4 % de leurs dĂ©penses globales. Elles contribuent activement Ă  l’organisation et au dĂ©veloppement de l’offre culturelle sur les territoires et sont devenues essentielles en termes de financement. » En effet, elles investissent autant, voire plus que l’État – dĂ©penses du ministĂšre de la Culture et, pour la culture, des autres ministĂšres additionnĂ©es –, communes en tĂȘte. « En 2016, elles ont assumĂ© 58 % des dĂ©penses des collectivitĂ©s territoriales, suivies par les intercommunalitĂ©s (20 %), les dĂ©partements (14 %) et les rĂ©gions (8 %). »

Une charge dirigée contre le festival

Pour Abdelwaheb Sefsaf, qui vient d’annuler le festival OdyssĂ©es 2025 auquel le Conseil gĂ©nĂ©ral des Yvelines – prĂ©sidĂ© par le LR Pierre BĂ©dier – a retirĂ© ses 350 000 euros de subventions, c’est l’incomprĂ©hension qui domine. Il raconte comment le bruit courait depuis six mois. « En juin, j’ai demandĂ© si la subvention allait ĂȘtre reconduite. Sans rĂ©ponse. En septembre, un mail laconique m’a appris qu’il fallait s’attendre Ă  des coupes. Mais ce n’est que tout rĂ©cemment, en prĂ©sence des diffĂ©rentes collectivitĂ©s, qu’on m’a rĂ©affirmĂ© que les 350 000 euros flĂ©chĂ©s sur ce festival allaient ĂȘtre supprimĂ©s ».

S’il dit comprendre les problĂšmes budgĂ©taires auxquels les collectivitĂ©s doivent faire face, le directeur du CDN de Sartrouville et des Yvelines ne conçoit pas, pour autant, que la charge ait ainsi Ă©tĂ© dirigĂ©e contre le festival. « S’ils avaient amputĂ© les budgets de 5 % de maniĂšre horizontale, Ă©galement rĂ©partie, chacun aurait pu s’adapter. D’autres dĂ©partements procĂšdent ainsi. On aurait rĂ©duit la voilure, on aurait agi en responsabilité ». Mais cette biennale, qui fait Ă  chaque Ă©dition voyager six crĂ©ations pour le jeune public Ă  travers les Ă©tablissements scolaires et autres maisons de la jeunesse d’un dĂ©partement dont Abdelwaheb Sefsaf rappelle qu’il est Ă  moitiĂ© rural, ne verra pas le jour en 2025. L’artiste garde cependant « la main tendue », a demandĂ© Ă  rencontrer le prĂ©sident du DĂ©partement, et espĂšre encore voir le Conseil gĂ©nĂ©ral s’engager sur les Ă©ditions suivantes, et ne retirer sa subvention que pour cette annĂ©e.

Dans le projet de loi de finances (PLF) 2025, le SĂ©nat avait rĂ©duit de plus d’un milliard d’euros l’effort demandĂ© aux collectivitĂ©s, mais la chute du gouvernement Barnier rebat les cartes. Sans budget, la visibilitĂ© se rĂ©duit et on peut interroger ces coupes qui tombent alors que les budgets ne sont pas votĂ©s. En attendant, ici et lĂ , on demande aux structures de plancher sur des scĂ©narios de baisse. À Noisiel, en Seine-et-Marne, Marion Fouilland-Bousquet, qui dirige la Ferme du Buisson, une scĂšne nationale regroupant un théùtre, un centre d’art contemporain et un cinĂ©ma, dĂ©taille : « Nos partenaires financiers nous ont alertĂ©s sur leurs difficultĂ©s Ă  verser les contributions et subventions prĂ©vues dans la convention pluriannuelle d’objectifs votĂ©e fin 2023 pour 2024-2027. Ce budget Ă©tait dĂ©jĂ  trĂšs tendu. Et, pour le tenir, nous avions lancĂ© des mesures pour augmenter nos ressources propres – mĂ©cĂ©nat, location d’espaces
 Mais les rĂ©sultats ne peuvent ĂȘtre immĂ©diats. Donc, s’il faut encore revoir les prĂ©visions Ă  la baisse, cela va conduire Ă  des mesures douloureuses avec un impact immĂ©diat sur l’emploi et une rĂ©duction drastique de l’offre artistique. Au total, nous serons de moins en moins en mesure d’assurer nos missions de service public de la culture ». Sans indice supplĂ©mentaire quant aux budgets Ă  venir, la Ferme du Buisson va tenir un conseil d’administration le 13 dĂ©cembre oĂč aucun budget ne pourra ĂȘtre votĂ©. En attendant, « on est dĂ©muni et inquiet, mais on dialogue avec les Ă©lus du territoire, avec les Ă©quipes, avec d’autres directions de lieux pour ne pas abĂźmer ce qui fait l’essentiel de notre mission : la rencontre permanente entre l’art et la population », conclut la directrice.

Taper sur la culture, un marqueur de droite ?

Les causes sont donc connues : budget de l’État en berne, pression accrue sur les collectivitĂ©s territoriales qui choisissent parfois la culture comme premiĂšre variable d’ajustement. Il paraĂźt lointain le temps pourtant rĂ©cent oĂč la culture Ă©tait envisagĂ©e comme moteur du dĂ©veloppement territorial, facteur d’enrichissement et d’emplois. En 2011, un rapport commandĂ© par l’ancienne locataire de la rue de Valois, AurĂ©lie Filippetti, avait mis en Ă©vidence ce que tout le monde pressentait : la culture rapporte au pays et Ă  ses territoires. Les festivals fleurissaient depuis longtemps, les mĂ©tropoles rivalisaient d’ambition culturelle pour attirer de nouvelles populations : Lille, Nantes, puis Marseille ont suivi ce chemin.

GaĂ«lle Le Stradic, prĂ©sidente de la commission culture et sports au Conseil rĂ©gional de Bretagne, explique : « En Bretagne, nous allons voter le budget le 14 dĂ©cembre, mĂȘme si le PLF ne sera pas encore fixĂ©. La RĂ©gion provisionne 56,5 millions d’économies, car on sait que le dĂ©ficit de l’État, mĂȘme en changeant de gouvernement, ne va pas s’envoler. Seulement, ici, on a dĂ©cidĂ© de ne pas rĂ©duire le budget de la culture et des sports. Comme depuis trois ans d’ailleurs. On va faire porter l’effort sur des budgets plus consĂ©quents, ceux de la mobilitĂ© et des lycĂ©es ». Un choix qu’elle justifie ainsi : « La culture et le sport donnent un sentiment d’appartenance Ă  la Bretagne. Et offrent du lien social, des circulations et une cohĂ©sion entre les territoires. Un match de foot, un festival permettent de tisser du lien. Et la culture, c’est aussi une filiĂšre Ă©conomique qui gĂ©nĂšre de l’emploi, de l’activitĂ© et du tourisme. »

Un argumentaire que reprend Richard Fournier du Plongeoir, PĂŽle national cirque du Mans, qui s’est vu retirer deux subventions rĂ©gionales pour un total de 100 000 euros. Par un coup de fil le 20 novembre, un SMS le 22, et une lettre-type reçue en dĂ©but de semaine. « C’est d’une immense brutalitĂ©. Il n’y a aucune concertation, aucun dialogue. Par ailleurs, 1 euro dans la culture, c’est 6 euros qui vont se redĂ©ployer ailleurs. On fait vivre des artistes, des techniciens, mais on alimente aussi les secteurs de la restauration, de l’hĂ©bergement, du nettoyage, de la location de matĂ©riel. Si on veut se consacrer Ă  l’emploi et Ă  la jeunesse, comme le dit la PrĂ©sidente [de la RĂ©gion Pays de la Loire, NDLR], je ne comprends pas cette dĂ©cision ». Toutes et tous le disent Ă  demi-mot pour ne pas insulter l’avenir, mais, derriĂšre les dĂ©cisions budgĂ©taires, se profilent des choix politiques. Pour GaĂ«lle Le Stradic, « la dĂ©cision de la RĂ©gion Bretagne, c’est clairement un marqueur de gauche ». AprĂšs des annĂ©es relativement consensuelles et transpartisanes, taper sur la culture serait-il en passe de devenir un marqueur de droite ?

Eric Demey – www.sceneweb.fr

9 décembre 2024/par Eric Demey
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