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Anna-Fatima, une belle docufiction

A voir, Le Havre, Les critiques, Paris, Théâtre
Virginie Meigné

Photo Virginie Meigné

Sophie Lebrun et Martin Legros du collectif la Cohue ont écrit un spectacle singulier et délicat, à la lisière du documentaire et de l’autofiction, pour traiter le sujet de l’immigration algérienne.

Par les temps qui courent, le petit plateau du Monfort devient le lieu privilégié des artistes qui éprouvent le besoin de raconter leur vie, brouillant les frontières entre la fiction et la réalité, le récit de soi et le documentaire, le théâtre et le seul en scène. Il y eut Solal Bouloudnine, avec Seras-tu là, Stéphane Schoukroun et Jana Klein, avec Notre histoire, place, maintenant, à Sophie Lebrun et Martin Legros du collectif la Cohue avec Anna-Fatima ; une pièce joliment écrite et intelligemment mise en scène sur les origines, le métissage, la transmission et l’identité… La tendance est porteuse.

Ici, l’élément déclencheur est une audition ratée. Il y a quelques années, Sophie Lebrun tentait de décrocher le rôle d’une jeune femme issue de l’immigration nord-africaine. Mais la comédienne, qui ne correspond pas au type magrébin – elle est blonde et claire de peau -, n’a pas été retenue. La blessure est narcissique, mais aussi identitaire. Sophie Lebrun est née à Tunis, ses origines prennent racine en France, en Algérie et en Tunisie. Elle vit ces appartenances, forcément conflictuelles, dans sa chaire… Seulement, cela ne se voit pas. Qu’à cela ne tienne, échaudée, elle décide d’écrire un spectacle sur le sujet.

Elle commence par se documenter. La voilà plongée dans des essais, des romans et des reportages. La voilà, ensuite, dictaphone et caméra en main, partie interviewer longuement des gens comme elle, issus de l’immigration algérienne, les questionner librement sur leur rapport à la France, leurs idées sur la décolonisation, le parcours de leur parent, le racisme. Le résultat est polyphonique. Avec son acolyte Martin Legros, qui est son compagnon à la ville, elle rassemble ces témoignages, télescope son vécu et invente un personnage, Anna-Fatima, qu’elle met en scène au cœur d’un dispositif journalistique.

Le décor, sur les planches, est la reconstitution du bureau de l’artiste : une desserte, une table basse, une plante verte… Et une enceinte posée sur un tabouret. Pendant une heure trente, Sophie Lebrun (re)joue les entretiens (semi)imaginaires avec Anna-Fatima, elle incarne l’interviewée gouailleuse et l’intervieweuse studieuse, diffusant exclusivement la voix de cette dernière dans le baffle. Le plaisir du jeu – et du dédoublement – se substitue à celui du propos d’Anna-Fatima, simple et pudique, puis à l’amitié, compliquée et éphémère, entre les deux femmes.

La réussite tient au juste équilibre entre l’écriture du moi et la grande histoire, la rigueur méthodologique (au début du spectacle) et la poésie des images (à la fin), la tragédie des parents et l’humour de leurs enfants. Découvert en début d’exploitation, ce spectacle mérite sûrement un certain temps de rodage avant d’être à la hauteur de son potentiel. Sophie Lebrun, paraît-il, a été ralentie par le Covid. Mais déjà, les artistes nous saisissent avec la singularité de leur propos. Chapeau.

Igor Hansen-Love – sceneweb.fr

Anna-Fatima

Conception et jeu Sophie Lebrun

Texte et mise en scène Sophie Lebrun et Martin Legros

Collaboration artistique : Loreleï Vauclin

Création son et régie générale Nicolas Tritschler

Création lumière Audrey Quesnel

Scénographie Antoine Giard

Diffusion Fanny Landemaine

Durée : 1h30

Production La Cohue. Coproduction, Ville de Bayeux, Le Monfort, Tangram Scène Nationale Évreux Louviers Eure, La Renaissance – Mondeville. Soutien à la création, L’étincelle – Théâtre(s) de la ville de Rouen, Le théâtre des Bains Douches – Le Havre, La Comédie de Caen – Centre Dramatique National de Normandie.  Avec le soutien de la DRAC Normandie, de la Région Normandie, du Département du Calvados, de la Ville de Caen et de l’ODIA Normandie.

Le Monfort théâtre, Paris
du 14 au 19 février 2022

L’Éclat, Festival Région en Scène, Pont-Audemer
le 9 mars 2022

Théâtre des Bains-Douches, Le Havre
les 5 et 6 avril 2022

Le Forum, Falaise
le 11 octobre 2022

L’Étincelle, Rouen
les 11, 13 et 14 octobre 2022

16 février 2022/par Igor Hansen-Løve
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