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Thierry Jolivet révèle la fragilité de l’être

A voir, Les critiques, Lyon, Théâtre
Sommeil sans rêve de Thierry Jolivet crédit photos Simon Gosselin
Sommeil sans rêve de Thierry Jolivet crédit photos Simon Gosselin

photos Simon Gosselin

Le metteur en scène présente Sommeil sans rêve, une pièce chorale aux Théâtre des Célestins, à Lyon, où se mêlent douze destins de personnages lessivés par leur existence.

Des petits morceaux de blanc pleuvent à l’écran, tels des pétales de fleurs. Ils brouillent les traits du visage d’un des personnages, une femme, se tenant debout devant un rideau pailleté. L’image est jolie, pour ne pas dire poétique. Elle est aussi un artifice, le résultat d’une mise en scène bien menée, permis par le cadrage en gros plan opéré sur la comédienne. Les coulisses de cette séquence sont parfaitement visibles par le public – une personne se tient debout sur une chaise pour déverser la pluie de confettis immaculés – révélant la magie du septième art. Avec Sommeil sans rêve, Thierry Jolivet allie théâtre et cinéma, grâce à un écran géant en toile de fond sur lequel est projeté le film tourné en direct. Le metteur en scène y dépeint douze destins d’hommes et de femmes en proie à une détresse palpable. La médecin urgentiste débordée, l’architecte qui veut en finir, le cadre survolté, le chauffeur de taxi paniqué ou bien encore la dépressive suicidaire forment autant d’individus lessivés par leur existence.

Nous n’avons pu assister qu’à la seconde et dernière partie du spectacle, dont les 3h40 sont ponctuées par un entracte. Pour autant, la force des images projetées – filmées en direct par deux cadreurs qui se relaient – nous fait dire que Thierry Jolivet s’inscrit, avec Sommeil sans rêve, dans le sillage de Julien Gosselin ou Cyril Teste, précurseurs de l’utilisation de la vidéo au théâtre. L’artiste associé au Théâtre des Célestins depuis 2019 s’est inspiré des récits choraux du cinéma des années 1990 pour porter sur scène les histoires de ces personnages tourmentés.

Thierry Jolivet occupe l’intégralité du plateau avec des morceaux de décors disposés sur un coin ou au centre, multipliant ainsi les ambiances et le temps. A certains moments, l’espace du théâtre ne semble plus suffire, au point de déborder dans le public ou en coulisses. Les comédiens ne quittent jamais les spectateurs, toujours au rendez-vous pour exprimer la colère qui les envahis ou l’anxiété qui les saisis. Ces émotions sont doublement soulignées par la musique accompagnant les scènes et par le cadrage resserré sur les visages.

Au fil de la pièce, on décèle çà et là des liens reliant les personnages entre eux sans toujours en comprendre la nature. Les dialogues, écrits à partir d’improvisations, relèvent souvent de la banalité voire de l’absurde. Au risque de déplaire. La pièce aurait sans doute gagné à être raccourcie afin d’éviter des égarements inutiles, mais réussit à nous maintenir éveillé grâce à un découpage très rythmé. Les effets déployés agissent tels des leviers actionnant le rire, l’angoisse, la surprise ou l’émerveillement. En somme, des émotions recherchées sur scène. La forme cinématographique s’additionne à la trame sans en écraser la dimension théâtrale. Ce dispositif produit une double narration sur le plateau et à l’écran, prenant le public à témoin : un événement, un sentiment, diffère suivant l’angle à partir duquel on l’entrevoit. Autrement dit, le cadrage est déterminant. Aucun des personnages ne parvient d’ailleurs à changer de point de vue pour envisager sa situation sous une autre facette. Chacun apparaît condamné à être englouti par ses propres tourments. La vie n’en devient que plus pesante et vulnérable à la fois. Si morale il y a à tirer de cette pièce, elle serait à puiser dans la force des liens qui nous unis, dans la vraie vie, aux personnes qui nous entourent. Sommeil sans rêve est d’ailleurs née pendant la pandémie de covid-19, une période où chacun d’entre nous était coupé du monde, privé du souffle vivifiant de l’existence.

Kilian Orain – www.sceneweb.fr

Sommeil sans rêve de Thierry Jolivet
Avec
Florian Bardet, Laure Barida, Fanny Barthod, Marion Couzinié, Steven Fafournoux, Quentin Gibelin, François Jaulin, Julien Kosellek, Lilla Sárosdi, Paul Schirck, Laurent Ziserman

Conception du décor, régie lumière, régie générale – Nicolas Galland
Création vidéo, cadre – Florian Bardet
Lumière – David Debrinay
Sonorisation – Yann Sandeau
Régie vidéo – Nicolas Mollard
Construction – Clément Breton, Nicolas Galland

Production : La Meute – Théâtre
Coproduction : Célestins – Théâtre de Lyon, Théâtre de Nîmes – Scène conventionnée d’intérêt national art et création – danse contemporaine, Grrranit – Scène nationale de Belfort

Avec le soutien de la Ville de Lyon, du Théâtre Allegro et de l’École nationale supérieur d’art dramatique de Montpellier.

Durée 3h40 avec entracte

Célestins – Théâtre de Lyon
du 23 février au 4 mars 2023

3 mars 2023/par Kilian Orain
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