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Solal Mariotte, danseur obstiné

À la une, Bruxelles, Chalons en Champagne, Danse, Festival d'Avignon, Paris
Solal Mariotte dans Ravages/Collages
Solal Mariotte dans Ravages/Collages

Photo Sandy Korzekwa

Quelques jours avant de créer Brel, avec Anne Teresa De Keersmaeker, à Bruges, puis au Festival d’Avignon, Solal Mariotte présentait à Uzès, au festival La Maison danse, Ravages/Collages, un duo avec le musicien Lucas Messler. Rencontre. 

Solal Mariotte a en peu de temps déjà marqué les esprits. Le jeune danseur, sorti en juin 2022 de l’école de danse P.A.R.T.S dirigée par Anne Teresa De Keersmaeker, a dès 2023 rejoint sa compagnie, Rosas. Interprète dans Exit Above, créé en 2023 au Festival d’Avignon, il est à nouveau à l’affiche du festival en 2025. Cette fois, il co-signe, toujours avec Anne Teresa De Keersmaeker, le concept, la chorégraphie et l’interprétation de Brel. Dédié au répertoire de l’auteur, compositeur et interprète belge, ce duo verra le jour ce 18 juin à Bruges, avant de s’installer pour une douzaine de dates à la Carrière de Boulbon. Mais en ce mois de juin, le jeune homme était également de passage au festival La Maison danse, à Uzès. Là, dans l’écrin que constitue la scène des marronniers, il a présenté avec le musicien Lucas Messler Ravages/Collages. Une pièce nerveuse et sensible explorant dans un tissage entre tension et fragilité, breakdance et danse contemporaine et au rythme de la batterie ou de sons électroniques certains stéréotypes de la masculinité hétéronormée. Façon pour celui qui s’est d’abord formé au breakdance de prolonger ses recherches sur sa pratique, Ravages/Collages raconte aussi, par son itinéraire – le spectacle ayant connu d’abord une version avec le musicien Jean-Luc Plouvier – le goût du danseur pour les dialogues et les déplacements. Rencontre avec Solal Mariotte.

Comment avez-vous conçu le « prequel » de Ravages/Collages, soit Collages/Ravages ?

Solal Mariotte : À la fin de ma formation à P.A.R.T.S., j’ai travaillé sur un solo qui explorait la virilité et les stéréotypes de genre – des questionnements découverts lors de mes études. Après la première représentation lors du festival de P.A.R.T.S., j’ai continué en travaillant avec la dramaturge Béatrice Wegnez, qui m’a beaucoup accompagné pour mettre des mots, trouver le sens. Commençant à avoir quelques soutiens, notamment du théâtre de Suresnes, j’ai contacté Jean-Luc Plouvier [pianiste et responsable artistique de l’ensemble Ictus, NDLR]. Ça a été une rencontre pluridisciplinaire et intergénérationnelle fascinante, Jean-Luc travaillant régulièrement avec des chorégraphes. J’avais déjà une chorégraphie, une structure avec du sens, un propos, et notre rencontre a permis d’enrichir cela. Il m’a amené à sortir un petit peu de mon intimité. C’était aussi une belle découverte musicale, parce qu’il jouait sur un piano à queue préparé. Le timbre d’un instrument comme d’autres paramètres de musicalité peuvent être appliqués à la danse dans une recherche créative. Mais au vu du coût d’un tel piano et du format de la pièce, il était compliqué de tourner. C’est au fil de discussions que Jean-Luc m’a proposé de rencontrer Lucas Messler, qui est également membre d’Ictus.

Pourquoi avoir basculé à Ravages/Collages?

S.M. : Après un premier jet qui était assez fidèle musicalement à la proposition de Jean-Luc, nous avons eu envie de continuer à explorer ensemble. Lucas a trouvé sa place et je lui ai permis de me surprendre par ses propositions, ses qualités, la spécificité de ses instruments, comme par la spécificité de nos liens, également : là où Jean-Luc est une figure paternelle pour moi, Lucas est plus comme mon grand frère, il a trente ans, j’en ai vingt-quatre. Il y a un rapport de proximité que ce soit en termes d’expérience ou d’envies. Par ailleurs, nous sommes parfois invités à mener des improvisations pour des amateurs, où je guide et où lui réalise la musique live. Ces expériences, outre qu’elles ont créé du lien entre nous, sont aussi venues nourrir Ravages/Collages. Enfin, ayant pris seul la responsabilité de la dramaturgie, cela faisait sens de changer. Certes, les thématiques demeurent, la structure est proche, mais le sujet est déplié différemment, d’où l’idée de « reverse » du titre.

Vous dites que le travail avec Jean-Luc Plouvier vous a amené à sortir de votre intimité. Qu’est-ce que le travail avec Lucas Messler, substituant au piano batterie et musique électronique, a-t-il produit ?

S.M. : Dans les interactions physiques, la particularité que nous avons trouvée avec Lucas, qui est très agréable et que nous aimerions développer, c’est le jeu de bras qu’amène la batterie : la manière dont il gesticule, dont il frappe, dont il suspend ses frappes. Dans la pièce, j’utilise le « Up Rock », qui vient du hip-hop. Cette technique très binaire est une danse précise, à l’énergie forte, qui travaille beaucoup sur la frappe et l’impact, et qui est assez similaire à des percussions à la batterie. Pour moi, ça a été assez révélateur dans ma danse et c’est vraiment quelque chose que j’ai approfondi avec Lucas grâce à son rapport avec son instrument. Il y a un engagement physique qui est plus intense, plus important dans la batterie. Ce qui m’intéresse, c’est vraiment cela, le rapport musique-danse, l’investissement des danseurs dans la musique et des musiciens dans la danse.

Avec le rythme, la pulsation et les gestes de la batterie, les questions du masculinisme et de la virilité sont également plus présentes…

S.M. : Il y a des gestes chargés symboliquement. Je ne sais pas si tout le monde les voit, mais effectivement. Et puis le breakdance se dansant sur du breakbeat, donc de la batterie, et ayant moi-même débuté la danse sur cet instrument, le lien est évident dans mon style de danse… Dans Ravages/Collages, je parle de la « musique de nos pères », du « silence de nos pères », du rapport à la masculinité en tant qu’héritage. Moi, j’ai appris le breakdance principalement avec des hommes. Après, ce qui nous intéresse, c’est de chercher ce qui se passe entre les frappes, d’explorer cet espace hors-champ : comment initier une frappe ? Qu’est-ce qui succède à une frappe ? Comment, dans ces moments de suspension, de silence, trouver de la douceur, de la fragilité, de la sensualité ? Le travail avec Jean-Luc, avec l’extrême douceur qu’il avait au piano, est aussi ce qui m’amène à explorer avec Lucas ce qui se passe avant et après la frappe.

Vous dites être intéressé par le rapport musique-danse. Comment explorez-vous ces questions dans Brel ?

S.M. : Une nouvelle dimension que j’ai découverte avec cette création, c’est le rapport au texte. C’est de la chanson française, mais Jacques Brel étant un grand écrivain et compositeur. En termes de poésie, c’est quand même un sacré répertoire. Cela amène à réfléchir par rapport aux mots, à leur sens, à trouver des stratégies pour ne pas faire des pléonasmes ou de la simple illustration des textes. Après, en réalité, le rapport à la musique est le même. Ce n’est pas du binaire, ça ne donne pas du tout envie de danser. Ce n’est, d’ailleurs, pas la musique que j’écoutais enfant. Je l’ai découverte adolescent sur YouTube et ce qui m’a fasciné, c’est les histoires qu’il racontait, sa performativité, son engagement physique, scénique, le fait d’imaginer ce qu’il racontait. Mais ça ne me mettait pas forcément en mouvement. Donc c’est un sacré challenge de chercher comment la danse peut trouver sa place dans une œuvre aussi complète, où l’orchestration, la poésie, le texte, le personnage prennent beaucoup de place.

Comment avez-vous cheminé pour imaginer ce spectacle ?

S.M. : À la fin de mes études, lors d’un entretien, Anne Teresa m’a demandé de lui citer un chanteur que j’aimais ou qui m’inspirait. J’ai répondu Brel, spontanément. Elle m’a répondu qu’elle aussi et qu’un jour, nous ferions un duo ensemble. À ce moment-là, j’ai acquiescé en rigolant. Puis, au fil du temps et de nos discussions, elle m’a proposé ça sérieusement et dans une dimension tout autre. Car jusqu’à maintenant, j’étais danseur-interprète – notamment dans Exit Above –, tandis que là, c’est une collaboration où nous sommes co-chorégraphes. Mon statut est différent et implique d’autres responsabilités, une autre relation avec Anne Teresa – que nous avons définie au fil de nos échanges. Nous avons travaillé séparément au début, chacun choisissant les chansons qu’il aimait, puis nous avons défini en dialoguant le répertoire choisi. Et nous avons préparé un peu comme deux solos, deux rapports à ces musiques et à l’univers de Brel, deux façons de chorégraphier. Nous nous sommes également documentés à la Fondation Brel, parce qu’il y a ses chansons, mais il y a également le personnage, son histoire et sa vie. Tout en échangeant au quotidien, nous avions aussi le désir d’avancer séparément pour définir précisément ce qui était important pour nous, ce qui faisait nos différences, nos forces et nos singularités. L’enjeu ensuite a été d’articuler cela et de chorégraphier certaines chansons et musiques à deux, pour nous frotter à nos manières respectives de travailler.

Comment travailler sur Brel, figure patrimoniale et à la fois populaire, vous déplace-t-il ?

S.M. : C’est assez simplement lié à Ravages/Collages, où, en me questionnant par rapport au père et à la masculinité, je m’interroge aussi sur l’héritage, sur ce que c’est que d’hériter : dans la transmission, que décide-t-on de garder, de transformer, de trahir ? Brel, pour moi, agit comme une référence, dont parfois je m’approche et dont parfois je me distancie. J’ai comme établi un dialogue avec lui. Brel est un personnage controversé et, si des choses sont admirables chez lui, d’autres sont questionnables. Mais il dépeint des situations dans leur entièreté, avec tout ce qu’il y a de plus dégoûtant comme de plus beau et admirable, avec une certaine justesse et une cruauté qui me parlent. Ce n’est pas « Hollywood Fairytale » avec des paillettes, et cela m’intéresse.

Jouer dans le In d’Avignon, à la Carrière de Boulbon, en duo avec Anne Teresa De Keersmaeker, un spectacle sur une figure telle que Brel : comment appréhendez-vous tous ces éléments qui s’apparentent à de sacrés défis ?

S.M. : Pour le coup, je vais me référer à Brel et à une qualité que j’admire chez lui : son goût de l’aventure. Alors qu’il avait subi une ablation du poumon et qu’il avait très peu d’expérience en tant que marin, il s’est lancé dans une traversée du monde en voilier. Je pense qu’il était têtu, ce qui est autant un défaut qu’une qualité, et ce caractère-là m’inspire. Mais pas de manière bornée, inconsciente et non-sécurisante. Tout cela, je ne le fais pas seul. C’est bien parce que je travaille avec Anne Teresa que c’est possible. Personnellement, je ne suis pas très fan de l’exposition médiatique et si je sais que ce spectacle reste un défi, c’est avec toute une équipe technique et de création que nous allons le relever. Le défi c’est aussi de s’interroger sur comment l’on chorégraphie une certaine musique. Comment chorégraphier, par exemple, dans le contrepoint et pas forcément à l’unisson ? Ou sur une musique de trois minutes à la structure couplets, refrains, couplets, refrains ? J’ai rarement travaillé sur une partition de chanson et cela m’amène à me positionner tout le temps par rapport à cette structure, à prendre ou pas le contre-pied en proposant une écriture chorégraphique avec sa propre logique. C’est la découverte de plein de stratégies.

Propos recueillis par caroline châtelet – www.sceneweb.fr

Ravages/Collages
Conception, chorégraphie et interprétation Solal Mariotte
Live musique Lucas Messler
Costume Chiara Mazzarolo

Durée :  40 minutes

Vu en juin 2025 à Uzès, dans le cadre du festival La Maison danse

Brel
Concept, chorégraphie et danse Anne Teresa De Keersmaeker, Solal Mariotte
Musique Jacques Brel
Scénographie Michel François
Lumière Minna Tiikkainen
Costumes Aouatif Boulaich
Dramaturgie Wannes Gyselinck
Direction des répétitions – Assistanat Nina Godderis, Johanne Saunier
Recherche danse Pierre Bastin
Recherche musicale France Brel/Fondation Jacques Brel, Filip Jordens
Son Alex Fostier

Production Rosas
Coproduction Concertgebouw (Bruges), Festival d’Avignon, L’Intime Festival de Namur, Grec Festival (Barcelone), ImpulsTanz (Vienne), La Comédie de Clermont-Ferrand Scène nationale, La Comète (Châlons-en-Champagne), La Monnaie / De Munt (Bruxelles), Piccolo Teatro di Milano Teatro d’Europa (Milan), Théâtre de la Ville (Paris)
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels pour la 79e édition
Avec le concours du département des Bouches-du-Rhône et de la ville de Boulbon

Cette production est réalisée avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge via Casa Kafka Pictures. Rosas bénéficie du soutien de la Communauté flamande et de la Commission communautaire flamande (VGC).

Durée :  1h30

Concertgebouw Brugge (Belgique), dans le cadre de Dans in Brugge
du 18 au 20 juin 2025

Festival d’Avignon, Carrière de Boulbon
du 6 au 20 juillet, à 22h (relâche les 8 et 16)

Akademietheater, Vienne (Autriche), dans le cadre de ImPulsTanz
du 28 au 31 juillet

L’Intime Festival, Namur (Belgique)
les 27 et 28 août

Internationaal Theater Amsterdam (Pays-Bas)
les 8 et 9 novembre

De Singel, Anvers (Belgique)
du 26 au 29 novembre

La Comète, Scène nationale de Châlons-en-Champagne
les 10 et 11 décembre

Teatro Central, Séville (Espagne)
les 19 et 20 décembre

Théâtre National Wallonie-Bruxelles (Belgique)
du 7 au 18 janvier 2026

VIERNULVIER, Gand (Belgique)
du 31 mars au 2 avril

Cultuurcentrum Hasselt (Belgique)
le 5 mai

Théâtre de la Ville, Paris
du 11 au 20 mai

18 juin 2025/par Caroline Chatelet
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