Entré à la Comédie-Française le 1er juin 1986, Thierry Hancisse en est désormais le Doyen. Il incarnera Lette, Le Moche, dans la pièce de Marius von Mayenburg mise en scène par Aurélien Hamard-Padis au Studio-Théâtre de la Comédie-Française.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Non, mais j’ai eu très longtemps un trac immense. Chaque matin précédant une représentation, j’étais pris de nausées, et ne pouvais rien avaler de la journée. Le trac s’apaisait pendant les répétitions de l’après-midi, mais reprenait de façon plus intense avant de jouer, disparaissant heureusement dès l’entrée en scène. J’ai pris conscience très vite que le trac n’était lié qu’à l’exigence intime de parvenir à une vérité totale et à la peur de ne pas atteindre cette vérité. Jusqu’à ma rencontre avec Vassiliev, sur les répétitions d’Amphitryon, où j’ai réalisé que cette vérité était le fondement même de qui j’étais. Et le trac m’a quitté depuis.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Comme tous les jours.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Non, ni habitudes ni superstitions. Une seconde suffit pour faire le vide total avant d’entrer en scène.
Première fois où vous vous êtes dit « Je veux faire ce métier » ?
Ma première représentation publique d’Escurial de Ghelderode, monté avec des camarades. Le sentiment d’être transcendé, relié verticalement au ciel. Et la certitude de n’éprouver cet état de grâce nulle part ailleurs.
Premier bide ?
Aucun, ou du moins pas consciemment. La « réussite » n’est pas ce que je cherche.
Première ovation ?
Ovation ? Tous les applaudissements d’un public heureux, partagés avec mes partenaires.
Premier fou rire ?
Beaucoup trop pour me souvenir du premier. Mais quelques-uns mémorables dans Occupe-toi d’Amélie avec Florence Viala et Jean-Pierre Mickaël.
Premières larmes en tant que spectateur ?
Beaucoup également, mais les plus intenses en voyant Marina Hands dans Partage de midi. Une vision de l’Absolu.
Première mise à nu ?
Le théâtre est une mise à nu perpétuelle.
Première fois sur scène avec une idole ?
Je n’ai pas d’idole, si ce n’est chaque partenaire avec lequel je joue.
Première interview ?
Pour Escurial en 1983. Mes camarades et moi avions convoqué la presse locale namuroise avant la représentation. J’ai parlé de théâtre et balancé de grandes phrases en n’y connaissant rien. Mais j’étais sincère, au moins !
Premier coup de cœur ?
Mon premier cri, je crois. À la vie. En naissant.
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !