Actrice, réalisatrice et dramathérapeute, Reem Ali a joué dans de nombreuses pièces de théâtre, films et séries télévisées de renom au Moyen-Orient. Contrainte à l’exil durant la révolution syrienne en raison de son opposition à Bachar al-Assad, elle s’est réfugiée en France, où elle a croisé la route de l’auteur et réalisateur Khalil Cherti. Ensemble, les deux artistes ont entamé un compagnonnage, qui se poursuit aujourd’hui avec T’embrasser sur le miel, donné au Théâtre national de La Colline.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Oui, le trac m’accompagne tout au long des soirées de spectacle. Chaque soir est comme une première pour moi.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Je fais un échauffement physique et vocal, je répète à voix haute tous les monologues de mon personnage, je repasse dans ma tête toutes les actions que je vais faire, et plus le spectacle approche, plus j’essaie de me concentrer sur les moments intimes du personnage que j’avais déjà créés lors des répétitions, et la musique m’aide à cela. J’ai recours à une musique différente pour chaque spectacle. Pour T’embrasser sur le miel, ce sont les chansons de Stromae qui m’accompagnent, notamment L’enfer.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Pas d’habitude ni de superstition particulière. Je me jette simplement dans l’intensité du premier moment au début du spectacle, avec sa dimension scénique magique, pour me retrouver à la fin du spectacle tenant la main de mes collègues artistes, survivants de cette expérience intense, saluant le public.
Première fois où vous vous êtes dit « Je veux faire ce métier » ?
Quand j’étais enfant, j’ai toujours joué le rôle du clown dans ma famille et parmi mes amis. Lorsque j’ai eu mon baccalauréat, j’ai décidé d’étudier la musique et le chant. Dans le même bâtiment où les dossiers doivent être déposés, il y avait une table réservée aux candidatures pour les arts du spectacle. Au dernier moment, j’ai déposé mon dossier sur cette table, et c’est ainsi que le parcours dans cette profession a commencé.
Premier bide ?
Pendant mes études à l’Institut supérieur d’art dramatique de Damas, nous avons présenté des scènes de théâtre classique. Une fois, c’était une scène du Malade imaginaire de Molière, où je jouais le rôle de la bonne. Le public n’a réagi à aucun des éléments que nous avions travaillés pour faire rire. C’était le contraire de ce que nous avions imaginé, ils se sont mis à rire à des moments clichés. Nous avons donc commencé à exagérer notre jeu de rôle. C’était un moment totalement embarrassant pour nous, de voir à quel point le public pouvait contrôler et manipuler notre performance. C’est le pouvoir du public, ou le pouvoir de la vulgarité, ou les deux.
Première ovation ?
Je ne me souviens pas de cette première fois.
Premier fou rire ?
Dans un spectacle de mime que nous avons joué en deuxième année à l’Institut supérieur d’art dramatique de Damas. Nous portions tous les mêmes vêtements noirs et peignions nos visages en blanc, influencés par Marcel Marceau, supervisés par Samer Omran. C’était un spectacle comique des scènes de la vie. On entendait les spectateurs rire dans la salle, notamment ceux qui assistaient pour la première fois à ce genre de performance professionnelle à l’Institut. Nous avons aussi ri en coulisses avant d’entrer en scène et quand nous en sortions. Ce furent des moments inoubliables avec mes camarades de classe de cette année.
Premières larmes en tant que spectatrice ?
Il y a des spectacles qui m’ont beaucoup fait pleurer, mais celui qui a été le plus émouvant pour moi est la mise en scène de Phèdre par Patrice Chéreau. J’étais chez moi, à Damas, en 2005, à pleurer avec Phèdre (Dominique Blanc) tandis qu’elle avouait son amour à Hippolyte (Éric Ruf) sur la scène du Théâtre de l’Odéon, à Paris, en 2003.
Première mise à nu ?
Quand le personnage est proche de moi, me ressemble, je me sens nue devant tout le monde.
Première fois sur scène avec une idole ?
J’ai hâte de vivre ces moments pour la première fois.
Première interview ?
Je ne m’en souviens pas… Cette interview est, en revanche, ma première pour un média français.
Premier coup de cœur ?
C’était en 2001 au Festival d’Avignon, dans la Cour d’honneur du Palais des Papes. Jan Fabre y présentait son spectacle de danse théâtrale, Je suis sang. Je n’oublierai jamais l’impact visuel et intellectuel que ce spectacle a eu sur moi. Il y a des moments qui restent gravés dans ma mémoire, encore aujourd’hui.
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