Evelyne Didi est de retour sur scène dans Huit heures ne font pas un jour de Rainer Werner Fassbinder dans la première mise en scène Julie Deliquet en tant que directrice du Théâtre Gérard Philipe de Saint Denis. De Jean-Pierre Vincent, à André Engel, en passant récemment par Emmanuel Meirieu ou Julie Berès, Evelyne Didi est l’une des plus grandes comédiennes du théâtre public. Voici sin interview Soir de Première.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Je refuse le trac. La peur dévore l’âme et se « ramener » calme sur la scène est un défi. Le ridicule n’a jamais tué personne et j’aime bien risquer ça. (bien sûr, le trac peut me tomber dessus alors je me mords les lèvres pour faire revenir la salive et faire glisser la parole)
Comment passez vous votre journée avant un soir de première ?
Depuis dix ou quinze ans que je travaille avec des jeunes gens qui, soit n’ont pas le luxe nécessaire de choisir leur temps de création, soit ne sacralisent pas cette journée-là, cela m’arrange bien que cette journée soit encore du travail de répétition. Ce n’est pas la « Première » mais la suite, avec en plus des invités qui viennent à la maison.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Autrefois, pour faire comme Montgomerry Clift qui disait qu’il ne pouvait pas tourner sans avoir envie de pisser, je l’ai imité. Maintenant je me lave les mains par politesse.
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ?
Quand mon oncle me disait quand j’étais petite : « Si je te dis Tomate tu vas voir que tu vas rougir. » Et c’était vrai. C’est là que j’ai du comprendre que les mots pouvaient colorer de toutes les façons une pensée en acte.
Premier bide ?
Je n’aime pas ce mot trop professionnel de la profession. Je préfère me souvenir des scandales les plus impressionnants : Celui du Faust de Grüber à la Salpêtrière et celui en Grèce pour Les Bacchantes de Matthias Langhoff où 3000 spectateurs m’ont hurlé dessus. Ce qui, avec le recul est assez réjouissant (ça fait circuler le sang!)
Première ovation ?
Aucun souvenir. C’est sûrement une joie mais aussi la crainte que le lendemain, la satisfaction dérange le travail
Premier fou rire ?
J’en ai eu tellement que le premier ne m’a pas marquée. Mais le fou-rire est une émotion forte et peut être une remise au présent dans une fiction qui se doit d’avancer jusqu’au bout. C’est pareil pour les trous de mémoire.
Premières larmes en tant que spectateur ?
Je ris souvent quand un acteur ou une actrice joue si bien que je comprends tout. Les larmes arrivent quand j’assiste à quelque chose d’inattendu ou que je n’avais vu avant.
Première mise à nue ?
Mise à nu au propre et au figuré : au propre c’est avec Bruno Geslin pour mon 60ème anniversaire dans le spectacle sur le streap tease forain. Là j’ai vu que la nudité pouvait devenir un costume délicieux. Au figuré quand Aki Kaurismaki m’a demandé lors de la première rencontre au café : « Voulez vous être Mimi dans La Vie de Bohême? ».
Première fois sur scène avec une idole ?
Quand j’ai travaillé avec le gentleman Michel Piccoli dans le Minetti de Thomas Bernhard : le plus émouvant, puissant regard d’acteur posé sur moi. Je devais jouer une femme en rouge, une morte dans un hôtel, un jour de l’an et pratiquement muette à écouter le triste soliloque d’un vieil acteur oublié.
Première interview ?
Aucun souvenir mais ce qui était remarquable c’était la place que tenaient dans les journaux les rubriques théâtrales. Par exemple Antoine Wicker à Strasbourg qui a accompagné largement toute l’aventure avec sa belle écriture.
Premier coup de cœur ?
Quand Huguette Bouchardeau à Saint Etienne, mon professeur de philosophie et celle qui s’occupait du groupe théâtre du Lycée de filles qui nous a emmenées voir L’Arlequin de Giorgio Strehler. Là, je suis tombée dans les pommes du théâtre.
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !