En septembre 2015, à l’invitation du West Kowloon Cultural District Authority à Hong Kong et de la compagnie du chorégraphe Ong Yong Lock, j’ai donné un workshop de six jours à Hong Kong sur mes processus d’écriture chorégraphique à quinze danseurs contemporains hongkongais. A l’issue de cette
intense semaine de travail, le désir de prolonger cette collaboration s’est concrétisé par l’invitation au Phare de quatre danseurs hongkongais et du chorégraphe Ong Yong Lock. L’immersion de ces quatre interprètes dans ce workshop au Phare m’a donné l’envie de créer une pièce avec et pour eux. La création de Simon says est née de ce désir partagé.
La nécessité d’écrire une pièce est liée pour moi au partage d’une aventure qui relève d’une expérience commune avec des interprètes dont l’investissement en studio doit être primordial. Il s’articule sur des improvisations que je guide, et sur leur capacité à investir une idée première en la transgressant le cas échéant. La compréhension de ce processus fonctionne comme un aller-retour entre réflexion et lâcher prise. Ces quatre interprètes avec qui j’ai choisi de m’engager partagent donc avec moi cette approche qui leur est par ailleurs totalement inédite.
Leur parcours d’artiste chorégraphique est très éloigné de cette relation à la création : il est souvent conditionné à une expérience d’efficacité que des conditions de travail leur imposent. Apprendre et comprendre vite, leur est donc quelque part intrinsèque, et fait partie d’un savoir faire qu’ils maitrisent à la perfection. Leur soif de découverte se conjugue ainsi à leur capacité à digérer très vite les processus mis en jeu en studio. C’est en questionnant cette approche que la structure chorégraphique et dramaturgique de Simon says s’est révélée pertinente.
Les quatre interprètes composent dans l’espace central sept tableaux posturaux dont l’imaginaire a été puisé dans l’œuvre photographique de l’artiste Edouard Levé, qui joue sur des procédés de distanciation. Ainsi chaque tableau est laissé à l’interprétation du spectateur. A l’issue de cette mise en espace, une reconstitution des tableaux se met en place au gré des règles du jeu en permanente évolution : rythme, remplacement, distorsion temporelle, contraintes spatiales et/ou corporelles… D’une règle à l’autre, et dans une accélération constante, le jeu entraine les interprètes vers une résistance : l’enchainement des séquences, une attention à la radicalité du changement rapide d’état de corps, et une concentration mentale propre au jeu imposent une disponibilité totale. La progression de la pièce tend vers la notion d’épuisement, tant pour les interprètes que pour le spectateur qui entre en empathie avec le schéma de ce jeu sans fin, où la jubilation malicieuse fait place à celle de la nécessité de garder son propre espace.
Note d’intention de Emmanuelle Vo-Dinh
Simon says
Création chorégraphique
Emmanuelle Vo-Dinh
Interprétation
Yau Chin Shing, James ; Wong Choi Si, Tracy ; Li Ka Man, Carman ; Lee Wai Nang, Joseph
Musique
David Monceau
Lumières
Françoise Michel
Production
Le Phare, Centre chorégraphique national du Havre Normandie ; Unlock Dancing Plaza
Soutiens
West Kowloon Cultural District Authority, Hong Kong ; Institut Français, Paris ; Consulat général de France à Hong Kong et Macao
Le Phare, Centre chorégraphique national du Havre Normandie, est subventionné par la DRAC Normandie / Ministère de la Culture et de la
Communication, la Région Normandie, la Ville du Havre et le Département de Seine-Maritime.
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