Louis Arene aurait du être dans le Off cet été pour présenter Histoire de la violence d’après Edouard Louis dans la mise en scène de Laurent Hatat. La tournée est différée à la saison prochaine. En attendant, le co-directeur de la compagnie Munstrum Théâtre nous propose ses conseils culturels pour ce nouveau week-end de confinement. On vous conseille aussi de vous rendre sur sa page facebook pour admirer tous les jours une « figure de confinement ».
Cinéma
Mon ami Claudius Pan, un confiné très productif, vient de mettre en ligne « Absolu » un film expérimental et queer qu’il a auto-produit et a réalisé l’année dernière. Un voyage onirique, charnel et poétique.
Musique
Si vous manquez d’exercices et que vos voisins sont de bonnes pâtes, danser tout seul dans votre salon sur de la techno hardcore peut être un défouloir très efficace. Le Dj Manu le Malin a mis en en ligne il y a quelques jours 7h de mix sur son soundcloud. Transcendantal…
Livres
« Le Dépeupleur » de Beckett, court texte d’une grande puissance métaphysique qui nous décrit l’existence de deux cents êtres humains confinés pour l’éternité à l’intérieur d’un cylindre clos de cinquante mètres de diamètre. Texte sublime et terrifiant aux interprétations multiples où Beckett met en scène, comme souvent, la lutte de l’homme contre lui-même (conseil transcendance : lire Beckett sur fond de techno hardcore peut vous envoyer très très loin)
Nous sommes à un carrefour… une des conséquences positives de cette étrange période est que, contraints de ralentir, nous prenons le temps de regarder autour de nous. Nous constatons que les schémas, les constructions sociales, économiques auquelles nous obéisssions jusqu’à présent peuvent être remises en question – et même qu’elles le doivent – si nous souhaitons un avenir soutenable à l’humanité et au vivant en général. C’est l’occasion de lire les penseurs d’aujourd’hui qui nous aident à mieux appréhender ce que nous traversons. Je recommande le livre d’Aurélien Barrau « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité »
Podcasts
« Les couilles sur la table » qui grâce à une ribambelle d’invités de grande qualité (Virginie Despentes, Paul B. Preciado, Didier Eribon entre autres..) se propose notamment de questionner notre rapport à la masculinité et décrypter les processus de domination issus du patriarcat qui régissent notre rapport au monde.
Pour rester dans la claustration, je viens de redécouvrir le texte furieux de Kafka « Le terrier » où le narrateur nous plonge dans la peau d’une bête (mais peut-être est-ce aussi un homme?) qui, sous terre, tente de bâtir sa demeure parfaite et ainsi d’échapper à d’invisibles ennemis. Lu ici par Denis Lavant. Sublime…
Et puis il y aussi cette phrase d’Italo Calvino extraite des « Villes Invisibles » que m’a envoyée mon ami Kevin Keiss et qui me tourne dans la tête :
« L’enfer des vivants n’est pas chose à venir, s’il y en a un, c’est celui qui est déjà là, l’enfer que nous habitons tous les jours, que nous formons d’être ensemble. Il y a deux façons de ne pas en souffrir. La première réussit aisément à la plupart des gens : accepter l’enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle demande une attention, un apprentissage continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l’enfer, n’est pas l’enfer, et le faire durer, et lui faire de la place. »
À méditer…
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