Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Serge Noyelle met en scène La Cerisaie de Tchekhov

Marseille, Théâtre

photo Jeanne Noyelle

La Cerisaie est une pièce chorale pour douze acteurs. Une famille sans patriarche, et les hôtes plus ou moins permanents, plus ou moins inutiles, de cette propriété miraculeusement maintenue à flot jusque-là, en passe de sombrer. Tous passent et traversent cet espace, cette maison, ce jardin sur le point d’être vendus pour dettes, et on assiste à la confrontation de l’ancien et du nouveau.

Épouvantable de désinvolture, un vieux monde – déjà fracassé – résiste par principe à l’urgence pragmatique d’un nouvel ordre, sans état d’âme, déjà politique, où l’économique régit la vie ordinaire, où les choses doivent aller de l’avant, où il faut innover, investir, rentabiliser, mais aussi sauver de la faillite ce qui pourrait encore être sauvé.

Entre la permanence d’un état éthéré et inconséquent dont les héritiers de la Cerisaie – Lioubov et son frère Gaev – font preuve, et le réalisme lucide, jusqu’au cynisme, de Lopakhine, le moujik devenu entrepreneur il y a une incompatibilité totale. Et puis il y a Charlotta qui fait en allemand des tours de magie, Trofimov le vieil étudiant philosophe, Pichtchik qui quémande sans pudeur un peu plus d’argent, Epikhodov qui se suicide en déclarations absurdes, Varia qui tient désespérément les clefs du domaine, Ania qui cherche le grand amour, Douniacha la femme de chambre fébrile, Iacha le mauvais garçon et Firs le vieux serviteur survivant d’un autre temps.

C’est une horde étrange, de passage, comme en transit parmi les meubles désuets du passé, qui traverse l’espace de cette propriété–scène de théâtre. Un monde sur le point de s’effondrer, sur le point d’être poussé dehors, de glisser vers une autre réalité que nul ne perçoit encore. Et tout ça dans une sorte de joie ineffable qui frôle à tout moment des larmes insondables, pour rien. Être ici n’a pas plus de sens que de n’y être pas, seulement cela permet la mélancolie.

Toute une société moderne s’y trouve dépeinte, par touches suggérées, avec un humour et une dérision empreints de tendresse, mais de rage aussi. Décousu, jaillissant par saillies parfois incongrues, le langage révèle, feinte, bouscule toute emprise psychologique. Nul ne répond à personne. Nul ne réfléchit vraiment avant de parler. Il faut voir La Cerisaie comme une peinture, comme une musique atonale. Les lignes de compréhension se brisent sans cesse devant l’incohérence du réel, et les Cerisiers fleurissent somptueusement, en toute insouciance, en attendant le coup de hache qui les abattra.

La pièce écrite en 1903 par Anton Tchekhov dans sa maison de Yalta en Crimée décrit un domaine situé en proximité de Kharkov, en Ukraine. Atteint de tuberculose depuis de longues années, il y écrit ses dernières pièces, souvent loin de sa femme, l’actrice Olga Knipper qui joue dans la troupe de Constantin Stanislavski au théâtre d’art de Moscou … Il meurt en 1904 sous les yeux de son grand amour, après avoir bu tranquillement une coupe de champagne et proclamé en allemand « Ich sterbe… » Je meurs.

L’un de ses personnages aurait tout aussi bien pu en faire autant.

La Cerisaie de Tchekhov
Mise en scène Serge Noyelle
Dramaturgie Marion Coutris

Avec
Gaev : Nino Djerbir
Lopakhine : Guilhem Saly
Lioubov : Marion Coutris
Epikhodov : Antonin Totot
Varia : Camille Noyelle
Ania : Louison Bergman
Pichtchik : Jean Boissery
Trofimov : Lucas Bonetti
Charlotta : Clara Koskas
Douniacha : Aurélie Imbert
Firs : Pascal Delalée
Iacha : Robin Manella

Théâtre des Calanques, Marseille
du 20 au 29 mars 2025

9 février 2025/par Dossier de presse
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Le Ivanov volcanique de Christian Benedetti
La Cerisaie de Tchekhov en version chantée par Susana Lastreto
Christian Benedetti : « On ne peut pas faire le malin avec Tchekhov ! »
Kirill Serebrennikov monte Le Moine noir d'après Tchekhov au Festival d'Avignon 2022 Le Moine noir : la folie aux mille visages de Kirill Serebrennikov
Patrick Sommier met en scène Un jour d’été d’après Tchekhov
Gaviota d’après La Mouette de Tchekhov par Guillermo Cacace
Maria Letizia PiantoniUne Crise de nerfs à marche forcée
Notre petite Cerisaie d’Olivier Borle d’après Anton Tchekhov
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut