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mauvaise, « chienne » de famille

À la une, A voir, Bobigny, Les critiques, Théâtre
Christophe Raunaud de Lage

photo Christophe Raunaud de Lage

Répétée à la MC93 et donnée au T2G à partir du 15 décembre puis au TNS en janvier prochain, mauvaise de la dramaturge britannique d’origine caribéenne debbie tucker green que met en scène Sébastien Derrey est une pièce où se jouent d’une manière cinglante les turpitudes d’une famille noire dévastée.

Il y a d’abord un homme, seul, immobile, impassible, triomphant. Assis sur sa chaise, il occupe lui-seul et en son centre l’espace domestique du séjour d’une maison. Son foyer se réduit à un rectangle feutré. Totalement vide. Petit-à-petit, d’autres chaises et avec elles d’autres figures viendront s’agglomérer et ne plus quitter la place. Femme, filles, fils, se présentent, ensemble mais désunis, comme cadenassés autour du paternel, retranchés dans le confort d’un intérieur apparemment sécurisant, murés dans leur propre solitude. Le huis clos ne tardera pas à exacerber ses fêlures, ses fractures, et à se révéler comme le lieu de l’hostilité totale, de l’affrontement sans merci auquel se livre définitivement la tribu déchirée et meurtrie.

Un drame comme il s’en joue au théâtre depuis ses origines antiques, une histoire de viol, d’inceste, qui ne dit pas son nom, se laisse deviner autant dans les mots employés que dans les « tchips » et les silences qui ponctuent pesamment les dialogues brefs, rapides, elliptiques, tendus, musclés, heurtés qui font la singularité de l’écriture hypertonique de debbie tucker green. Une rhétorique agressive fuse et se déverse comme un flux impondérable. Sa forte oralité, sa forte urbanité, parfois proches du rap, du slam et de l’afropunk, font entendre la violence sourde qui s’immisce dans les échanges jusqu’à l’explosion.

La jeune fille aînée prend la parole, vient demander des comptes, réclamer justice, quitte à passer aux yeux de tous pour l’embrouilleuse qui n’aspire qu’à la démolition, à la martyrisation. « Dis-le » jette-t-elle à la face de son père. Elle ne recevra comme réponse que le mutisme de ses parents et le déni, la désapprobation de ses frère et sœurs. Alors elle déballe sa vérité, elle reproche, elle condamne l’aveuglement convenu et complaisant dans lequel s’est enfermée sa famille.

Soucieuse d’un ancrage puissant du théâtre dans le réel et le présent comme dans les problématiques sociales, raciales qui touchent et ébranlent notre monde, debbie tucker green a écrit de nombreuses pièces, souvent montées par elle-même sur la scène anglo-saxonne avant-gardiste. Trois d’entre elles ont été traduites en français, dont mauvaise. Lors de la création à Londres, l’autrice a obtenu le prix Laurence Olivier de la révélation théâtrale. Donnée à plusieurs reprises en France sous la forme de lectures, mauvaise aurait dû voir le jour cet automne à la MC93 pour la première fois mise en scène. La refermeture des théâtres au mois de novembre n’a pas permis la création du spectacle mais celui-ci réapparaît à l’affiche du Théâtre de Gennevilliers cette fin d’année puis à la rentrée au Théâtre National de Strasbourg.

Portée par l’énergie rythmique et l’urgence de la langue comme par la mise en scène efficace de Sébastien Derrey, l’interprétation nerveuse et précise des jeunes comédiens Océane Caïraty, Bénédicte Mbemba, Josué Ndofusu Mbemba comme de leurs aînés, Nicole Dogué et Jean-René Lemoine, est tout à fait convaincante. A la fois désobéissante et justicière, Sephora Pondi subjugue de présence et de force scéniques. Sans rien résoudre ni réparer du mal commis et éclaté au grand jour, le cheminement de son personnage fait entendre le cri salvateur de révolte et de douleur d’une jeune fille pestiférée car abusée qui parvient à pourfendre l’ordre patriarcal d’une manière particulièrement courageuse et percutante.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

mauvaise
Mise en scène Sébastien Derrey
Texte de debbie tucker green
Traduction Gisèle Joly, Sophie Magnaud, Sarah Vermande
Avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, Centre international de la traduction théâtrale
Avec Océane Caïraty, Nicole Dogué, Jean-René Lemoine, Bénédicte Mbemba, Josué Ndofusu Mbemba, Séphora Pondi
Collaboration artistique Nathalie Pivain
Création sonore Isabelle Surel
Lumière Christian Dubet
Scénographie Olivier Brichet
Costumes Elise Garraud
Coaching vocal Emilie Pie

Production migratori K merado
Coproduction MC93 — Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Théâtre National de Strasbourg, T2G-CDN de Gennevilliers
Avec l’aide de la DRAC Île-de-France et de la SPEDIDAM

Durée : 1h10

MC93
Du 12 au 18 mars 2022

6 décembre 2020/par Christophe Candoni
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