Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Mauvaises filles, qui trop embrassent

Béthune, Chelles, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre

photo Romain Kosellec

Comme si elle ne voulait pas se laisser enfermer dans son sujet – l’enfermement, justement, de jeunes filles d’hier et d’aujourd’hui – Sandrine Lanno choisit la dispersion. Mauvaises filles, théâtre d’inspiration documentaire tout en expressions entrelacées en devient évanescent.

Il y a dans ces Mauvaises filles un petit goût de Magdalene Sisters, mémorable film de 2002, réalisé par Peter Mullan, retraçant l’enfermement abusif de jeunes femmes dans un couvent irlandais, qui avait reçu le Lion d’or à Venise. La pièce fait aussi écho au film documentaire éponyme réalisé par Emerance Dubas, sorti en 2022. Mauvaises filles version pellicule revenait sur les maisons de correction de la Congrégation de Notre-Dame de la Charité du Bon Pasteur, qui, jusqu’aux années 70, confiaient à des bonnes sœurs le soin de redresser les jeunes adolescentes qui y étaient placées, le plus souvent par leurs familles. Ce spectacle s’inspire également de tout un travail d’ateliers menés par la metteuse en scène Sandrine Lanno en CEF (Centre Educatif Fermé) et du livre de Véronique Blanchard, Vagabondes, voleuses, vicieuses. Il s’appuie enfin sur l’écriture de Sonia Chiambretto, rompue à travailler pour le théâtre dans un registre qui s’abreuve à la forme documentaire pour mieux la dépasser.

Tout cela fait beaucoup, peut-être trop. Sur scène, il y a trois comédiennes de deux générations différentes, qui dans une scénographie figurant une chambre cellulaire portent les figures de jeunes filles d’hier et d’aujourd’hui, enfermées en institution religieuse dans les années 50 ou dans le cadre des CEF aujourd’hui. Elles sont nommées – Annette, Billie, Kaïna etc – et esquissent les récits de leurs vies. L’une est placée par son père parce qu’elle flirte avec un nord-africain, l’autre parce qu’elle fugue… Les figures se côtoient, se mélangent, on passe sans s’en apercevoir de l’une à l’autre, d’une époque à l’autre, d’un langage à l’autre – de « nipé » à « je suis choqué » – à travers l’écriture fragmentée mais fluide de Sonia Chiambretto, secondée par la vibrante musique au violon jouée en live par Bénédicte Villain. A travers ces évocations entrelacées, le projet de s’évader constitue une colonne vertébrale un peu convenue, et la vie quotidienne de l’enfermement une toile de fond. Les figures interagissent parfois, se chamaillent ou se soutiennent, sans que les fictions ainsi esquissées ne parviennent, et peut-être même ne cherchent, véritablement à prendre.

S’entendent dans ce mélange des voix de nombreuses et diverses sources documentaires, mais surtout les injustices criantes d’hier et les projets de réinsertion d’aujourd’hui, invariablement traversés par l’ardent désir de liberté et de vivre intensément qu’expriment les adolescentes enfermées. L’impétuosité des désirs juvéniles face à la cruauté inflexible des autorités sociales et familiales. La violence d’une société patriarcale. Les hommes peuvent être maltraitants (les pères) ou amoureux. Les mères n’ont pas forcément le beau rôle. Sandrine Lanno dit n’avoir rien voulu prouver par ce travail, mais plutôt faire éprouver. Le problème est que les personnages restent trop insaisissables pour qu’on s’y attache. Et surtout que la vitalité de toutes ces femmes a beau résister de toutes ses forces à la coercition institutionnelle, rien ne nous déplace, ne nous étonne vraiment dans ces évocations de vies et de documents d’archives, ni ne porte plus que cela à la réflexion. Lola Blanchard, Evelyne Didi Paola Valentin s’emparent pourtant de leurs compositions variées avec un incontestable talent, et un véritable engagement. Mais qui trop embrasse mal étreint. Et le millefeuille de sources mêlées, perd, avec le spectateur, la force potentielle du sujet.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Mauvaises filles
Texte Sonia Chiambretto
Conception et mise en scène Sandrine Lanno
Avec Lola Blanchard, Evelyne Didi, Paola Valentin, Benedicte Villain (Musicienne)
Collaboratrice artistique Isabelle Mateu
Scénographie Camille Rosa
Création lumière Dominique Bruguière
Création costumes Nathalie Pallandre
Création sonore Cédric Colin et Bénédicte Villain
Assistanat lumière et régie générale Anne Roudiy
Administration de production Fanélie Honegger
Production L’Indicible Compagnie
Coproduction Théâtre de Chelles, Scène de recherche de l’ENS Paris-Saclay, Comédie de Béthune – Centre Dramatique National
Avec le soutien de la DRAC Compagnonnage d’auteur, de la Région Ile-de-France – Aide à la création, du département de Seine-et-Marne – Aide à la création de la SPEDIDAM, du Théâtre du Rond-Point (Paris), Les Passerelles (Pontault-Combault), en cours…
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Avec le dispositif d’insertion de l’ÉCOLE DU NORD, soutenu par la Région Hauts-de-France et le Ministère de la Culture
L’Indicible Compagnie est soutenue par la région Ile-de-France au titre de la Permanence Artistique et Culturelle.
Sonia Chiambretto est représentée par L’Arche, agence théâtrale
Dans le cadre de la résidence de L’Indicible Compagnie à la Scène de recherche de l’ENS Paris-Saclay, un travail sociologique a été mené avec des élèves de l’ENS et CentraleSupélec sous la direction de Natacha Chetcuti-Osorovitz qui a nourri la création.
Ce spectacle a eu pour point de départ la lecture par Sandrine Lanno du livre Vagabondes, Voleuses, Vicieuses : Adolescentes sous contrôle, de la libération à la libération sexuelle de Véronique Blanchard, publié chez Les Pérégrines Éditions.

Tout public, dès 14 ans
Durée 1h20

Théâtre du Rond-Point – salle Tardieu
7 mars au 2 avril 2023

8 mars 2023/par Eric Demey
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
En Attente de Frédérique Loliée d’après l’œuvre d’Antonio Tarantino
Sandrine Lanno met en scène Le cours classique d’Yves Ravey
La saison 2019/2020 du Rond-Point
Julie Deliquet met en scène La guerre n’a pas un visage de femme d'après Svetlana Alexievitch © Pascale Fournier Julie Deliquet met en scène La guerre n’a pas un visage de femme d’après Svetlana Alexievitch
Le Groupe des 20 : un réseau vertueux
Back in the USSR
Simon GosselinMarivaux avec la 6e promotion de l’Ecole du Nord
Julie Deliquet adapte Huit heures ne font pas un jour de Fassbinder au Théâtre Gérard Philipe TGP Pascal VictorJulie Deliquet met Fassbinder à la fête
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut