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La sourde violence d’Otages de Nina Bouraoui à l’opéra

Les critiques, Lyon, Moyen, Opéra

® Jean-Louis Fernandez

Présentée au Théâtre de la Croix-Rousse dans le cadre du festival de l’Opéra de Lyon et de la Biennale des musiques expérimentales, la création mondiale d’Otages, l’adaptation lyrique du roman de Nina Bouraoui, profite d’un climat visuel et sonore plein de froideur et d’oppression où tout sonne juste mais parfois au détriment de l’émotion.

« Je m’appelle Sylvie Meyer. J’ai cinquante trois ans. Je suis mère de deux enfants. Je suis séparée de mon mari depuis un an. Je travaille à la Cagex, une entreprise de caoutchouc. Je dirige la section des ajustements. Je n’ai aucun antécédent judiciaire. » sont les tous premiers mots prononcés, lentement mais fermement articulés, par la protagoniste d’Otages, lors d’un glacial interrogatoire pour lequel elle paraît simplement assise devant le bureau d’un agent de police et traquée par une caméra qui la filme en direct. Cette femme d’aujourd’hui qu’on pourrait qualifier sans mépris de figure ordinaire, n’est pourtant pas épargnée par la vie comme en témoigne le parcours étonnant, saisissant, qu’elle relate et au terme duquel elle parvient à s’extraire de la banalité dans laquelle la routine la réduisait. Son histoire est celle d’un sursaut, d’une prise de conscience suivie d’un passage à l’acte inouï qui fait tout basculer. Animée du gout de l’effort et du souci du travail bien fait, Sylvie Meyer finit par cesser d’obéir, de s’exécuter, sans d’ailleurs en tirer une quelconque fierté mais pour manifester la force de sa probité. Elle résiste, se révolte jusqu’à commettre l’irréparable en séquestrant et violentant son patron.

Le personnage est d’abord celui d’une pièce de théâtre, étoffée par la suite sous la forme d’un roman, et désormais devenue un court opéra mis en musique par le compositeur Sebastian Rivas. Passé par l’IRCAM et la villa Médicis avant de devenir le codirecteur du GRAME, l’artiste est signataire d’une œuvre travaillant sur la musique instrumentale et électronique sous diverses formes performatives contemporaines. L’écriture délicate de la romancière Nina Bouraoui notamment célébrée pour ses œuvres Mes mauvaises pensées ou encore Nos baisers sont des adieux, est subtilement empreinte d’une douceur et d’une simplicité presque étonnantes pour affronter un propos aussi fort et brutal que celui qu’elle narre. Son texte réarrangé est soutenu par un ensemble musical de neuf instrumentistes dirigées par la cheffe Rut Schereiner, sollicitant nombre d’instruments à cuivre et à vent dont le souffle abyssal rampe de manière organique et fluctuante jusqu’à se trouver insidieusement heurté par les bruissements menaçants de percussions variées. Se déploie de façon un peu étale une musique d’ambiance qui fait efficacement plonger dans l’inconfort et l’hostilité du contexte décrit mais qui cherche aussi à exprimer le poids pesant de ce qui demeure indicible, étouffée au fond du personnage à qui la parole est donnée sur un mode étonnamment beaucoup plus parlé que chanté.

Dotée à la fois d’une forte présence et d’un solide rapport aux mots, la soprano Nicola Beller Carbone fait ainsi montre d’une évidente autorité dans le rôle autrefois porté à la scène par des comédiennes telles que Christine Citti, Marianne Basler ou encore Anne Benoit déjà mise en scène par Richard Brunel dans un même décor de dédale d’entreprise. Le baryton Ivan Ludlow prend en charge différents personnages masculins moins bien creusés. Se posent des problématiques aussi contemporaines que celles de la pression exercée en milieu professionnel, de la maltraitance au travail notamment liée aux rapports de domination entre les hiérarchies, du caractère toxique des politiques de management conduites sans aucun ménagement, enfin de la vulnérabilité individuelle que conjure un esprit de sororité et de désobéissance. Ainsi éclatent à pas feutrés dans le spectacle la sourde violence du monde intime et social comme le besoin de la combattre pour exister.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Otages
de Sebastian Rivas
musique et livret

D’après le roman éponyme de Nina Bouraoui
Création mondiale

Direction musicale
Rut Schereiner

Mise en scène
Richard Brunel

Décors
Stephan Zimmerli

Costumes
Mathieu Trappier

Lumières
Laurent Castaingt

Vidéo
Yann Philippe

Dramaturgie
Catherine Ailloud-Nicolas

Ensemble musical

Sylvie Meyer
Soprano
Nicola Beller-Carbone

Le mari / Le directeur / Le père
Baryton
Ivan Ludlow

Ensemble musical
Clarinette basse
Juliette Adam
Piano
Lise Baudouin
Flûte, flûte en sol et flûte basse
Irène Blanc-Rocher
Accordéon
Mélanie Brégant
Violoncelle
FaustineCharles
Alto, violon
CamilleCoello
Saxophone soprano, alto, baryton
BeraRomairone
Contrebasse
Beltane Ruiz
Percussion
Yi-PingYang

Nouvelle production
Coproduction Opéra de Lyon – Grame-CNCM Lyon dans le cadre de la Biennale des Musiques Exploratoires
Avec le soutien de la Fondation François Jerez abritée à la Fondation de France
Coréalisation Théâtre de la Croix‑Rousse

Avec le soutien d’Aline Foriel-Destezet, grande mécène du Festival

Durée : 1h05

Opéra de Lyon
du 17 au 23 mars 2024

18 mars 2024/par Dossier de presse
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