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« KA-IN », sommet du cirque franco-marocain

A voir, Aix en provence, Annemasse, Bayonne, Bordeaux, Caen, Cirque, Créteil, Elboeuf, Le Havre, Les critiques, Lyon, Périgueux, Saint-Etienne, Tarbes
Raphaëlle Boitel crée KA-IN au festival SPRING
Raphaëlle Boitel crée KA-IN au festival SPRING

Photo Pierre Planchenault

Dans sa nouvelle création donnée en ouverture de SPRING – Festival international des nouvelles formes de cirque en Normandie, la chorégraphe et metteuse en scène Raphaëlle Boitel dirige le Groupe Acrobatique de Tanger. Fruit d’un dialogue profond entre l’artiste française et les circassiens et danseurs marocains, ce spectacle fait naître avec force et grâce le contemporain du classique, de la tradition.

Devant un rectangle lumineux dessiné sur un plateau uniquement vêtu de pénombre, un jeune homme installe un poste radio qui se met aussitôt à émettre une musique pêchue, style funk. La danse qu’il entame avec la promptitude de l’artiste pressé par son public colle parfaitement au son régulier du morceau. Tantôt robotiques, saccadés, tantôt ondulants, en rythme avec une touche parfois comique, les gestes du danseur ouvrent le spectacle KA-IN sur une note très contemporaine. Typiques du popping, une danse née en Californie à la fin des années 1970, ces mouvements en disent long sur l’évolution du Groupe Acrobatique de Tanger, compagnie fondée en 2003 par Sanae El Kamouni, dont l’une des singularités est d’inviter à chaque création un artiste différent à le diriger. Depuis FIQ ! (Réveille-toi), mise en scène en 2020 par Maroussia Diaz Verbèke, le langage du Groupe, centré jusque-là sur la tradition acrobatique marocaine, s’est en effet ouvert à d’autres pratiques artistiques, notamment à la danse hip-hop. Avec KA-IN, Raphaëlle Boitel a beau se mettre à l’écoute des transformations les plus récentes de la compagnie, elle ne néglige pas pour autant ses racines. Le langage épuré, tout d’ombres et de lumières, qu’elle développe depuis 2012 avec sa compagnie L’Oublié(e) se prête avec grâce à ce double élan.

Si la distribution de KA-IN, qui est la sixième création au répertoire du Groupe Acrobatique de Tanger, ne compte plus aucun interprète du premier spectacle de la troupe, on ne tarde pas après l’introduction au goût du jour à reconnaître plusieurs éléments de son vocabulaire. Comme dans Taoub (2003) et Azimut (2013) mis en scène par Aurélien Bory, ainsi que dans les pièces créées par les Suisses Martin Zimmermann et Dimitri De Perrot (Chouf Ouchouf en 2009), par le Groupe lui-même (Halka en 2016) et par Maroussia Diaz Verbèke, roues, saltos et pyramides sont en effet au rendez-vous de KA-IN. Les deux premiers types de figures, individuelles, sont les premières à se manifester. Tandis que les six danseuses et danseurs du spectacle prolongent le geste inaugural réalisé par Youssef Salihi, nouvelle recrue de la compagnie, ses sept acrobates défient la gravité lors de traversées caractéristiques de l’univers de Raphaëlle Boitel. Très cinématographiques, ces trajets éclairs d’un bout à l’autre du plateau nous font aborder le collectif par quelques-unes de ses individualités : par un homme qui pirouette, par une femme qui chante pour ses amis et une autre au regard rivé à l’horizon, par un garçon au pas qui chaloupe et par un autre qui porte ses semblables comme pour les aider à passer des barrières invisibles…

Dans l’élégant cadre fourni par les collaborateurs de longue date de L’Oublié(e) que sont le scénographe et créateur lumière Tristan Baudoin et le compositeur et musicien Arthur Bison, les déplacements rapides des artistes dessinent des personnalités. Ils esquissent aussi entre elles certaines relations, qui, en se précisant au fil de la pièce, laissent entrevoir un rapport particulier au monde. KA-IN n’est guère la première expérience de Raphaëlle Boitel avec un groupe qui existe indépendamment de son spectacle : en 2020, l’artiste mettait en scène la 32e promotion du Centre National des Arts du Cirque (CNAC) avec une subtilité remarquable que l’on retrouve avec bonheur dans KA-IN. De la même façon que dans Le Cycle de l’absurde, où un portrait collectif naissait de la rencontre entre le langage de L’Oublié(e) et les pratiques et cultures des jeunes interprètes, tout dans KA-IN procède de ce dialogue. Loin de plaquer un regard, loin d’imposer le moindre préjugé aux treize formidables artistes de sa distribution, Raphaëlle Boitel se sert de son vocabulaire comme d’un révélateur de l’Autre dans tout son éclat et son irréductibilité. Si la jeunesse que met à jour le nouveau spectacle de L’Oublié(e) n’est pas sans rapport avec celle qu’elle accompagnait dans sa création antérieure, notamment dans la grande vitesse de chacune de ses actions, elle possède aussi ses particularités, dont l’expression fait de KA-IN la pièce la plus politique du Groupe Acrobatique de Tanger.

Si l’on perçoit parfois, surtout dans ses tableaux les plus collectifs, la dimension historique et spirituelle et du travail de la compagnie marocaine sur laquelle s’est beaucoup penché Aurélien Bory – il construit par exemple Taoub à partir de la figure de Sidi Ahmed Ou Moussa, sage soufi du XVIe siècle dont les acrobates sont vus au Maroc comme les enfants –, on a surtout accès dans KA-IN aux désirs et aux douleurs d’une génération et d’une ville. Au gré des éclaircies et des obscurcissements produits notamment par un mur de persiennes, dont on devine la complexité sans pouvoir jamais la mesurer tout à fait tant L’Oublié(e) maîtrise les effets de sa boîte noire, une évidente quête d’ailleurs se fait jour. Pour cela, le Groupe abandonne régulièrement sa forme de prédilection qu’est le cercle pour dessiner des lignes que l’un ou l’autre se donne pour mission, pour obsession, de franchir. Les frontières abordées sont aussi intérieures. Lorsque le groupe s’éclipse pour ne laisser au plateau qu’un ou deux individus, s’invitent les empêchements intimes et les forces que chacun déploie pour ne pas les laisser gagner. D’une manière générale, les liens que chorégraphient Raphaëlle Boitel et Sanae El Kamouni – celle-ci est comme toujours associée à la mise en scène – sont plutôt dominés par la douceur et la solidarité, mais des exceptions notables viennent perturber l’enchaînement, par ailleurs fluide, des tableaux. D’abord infimes, ces incidents semblent converger vers l’une des dernières scènes, où l’unique interprète noir du spectacle devient la cible, la victime, de tous les autres, avant de recevoir réparation. En pointant ainsi poétiquement le racisme qui sévit au Maroc, mais aussi la pauvreté qui pousse une partie de la population à vouloir émigrer, KA-IN exprime la nécessité de regarder ensemble les blessures du monde pour ensuite envisager de les panser.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

KA-IN
Mise en scène et chorégraphie Raphaëlle Boitel
Avec Hamidou Aboubakar Sidiki (danseur hip-hop B-Boy), Mohcine Allouch (danseur hip-hop B-Boy), Hammad Benjkiri (porteur), Zhor El Amine Demnati (danseuse hip-hop B-Girl), Achraf El Kati (acrobate), Bouchra El Kayouri (acrobate, équilibriste, chanteuse), Youssef El Machkouri (acrobate, porteur), Mohammed Guechri (danseur hip-hop), Hamza Naceri (acrobate), Kwatar Niha (acrobate), Youssef Salihi (danseur hip-hop & popping), Hassan Taher (acrobate, équilibriste), Mohammed Takel (acrobate, jongleur)
Collaboration artistique, lumière, scénographie Tristan Baudoin
Assistante mise en scène Sanae El Kamouni
Création musicale Arthur Bisoncoach
Training chorégraphique Mohamed Rarhib, Vassiliki Rossillion
Complice à la technique en création Thomas Delot, Nicolas Lourdelle, Anthony Nicolas
Renfort plateau et son Joël Abriac
Direction technique Laure Andurand
Direction du Groupe Acrobatique de Tanger Sanae El Kamouni

Production Groupe Acrobatique de Tanger
Coproduction et résidences Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie (La Brèche et le Cirque-Théâtre d’Elbeuf) ; L’Agora – PNC Boulazac ; Château Rouge – Scène Conventionnée d’Annemasse ; Scène de Bayssan / Scène en Hérault à Béziers ; MC2 Grenoble ; La Maison de la Culture de Bourges ; La Ferme du Buisson à Noisiel ; Nuits de Fourvière, Festival International de la Métropole de Lyon ; Train Théâtre – Scène Conventionnée de Porte Les Valences ; Institut Français Maroc

L’Association Halka reçoit le soutien de la Direction des affaires culturelles d’Ile-de- France (DRAC- aide à la création), du Ministère de la Culture (DGCA – aide à la création), et de la Spedidam.

Durée : 1h15

Cirque-Théâtre d’Elbeuf, dans le cadre du festival SPRING
du 5 au 8 mars 2025

L’Agora, Pôle National Cirque de Boulazac
les 13 et 14 mars

Le Parvis, Scène nationale de Tarbes
les 18 et 19 mars

Comédie de Caen – CDN, dans le cadre du festival SPRING
les 23 et 24 mars

Scène nationale Carré-Colonnes, Saint-Médard-en-Jalles
les 27 et 28 mars

Scène nationale du Sud-Aquitain, Bayonne
les 1 et 2 avril

Dieppe Scène nationale, dans le cadre du festival SPRING
les 5 et 6 avril

Les Bords de Scènes – Espace Jean Lurçat, Juvisy-sur-Orge
les 11 et 12 avril

Maison des arts de Créteil
les 30 et 31 avril

Circusstad Festival, Rotterdam (Pays-Bas)
les 2 et 3 mai

Château Rouge, Scène conventionnée, Annemasse
les 6 et 7 mai

Ruhrfestspiele Recklinghausen (Allemagne)
du 10 au 13 mai

Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
les 16 et 17 mai

Le Volcan, Scène nationale du Havre
du 21 au 23 mai

Opéra de Massy
les 27 et 28 mai

Théâtre Théo Argence, Saint-Priest
les 3 et 4 juin

Théâtre de Compiègne
le 10 juin

Les Nuits de Fourvière, Lyon
le 23 juin

Festival des 7 Collines, Saint-Étienne
le 27 juin

Les Nuits de Bayssan, Béziers
le 5 juillet

7 mars 2025/par Anaïs Heluin
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