Les éditions Gallimard viennent de publir deux inédits de Jean Genet, le drame en quatre actes Héliogabale, jamais monté sur scène et longtemps considéré comme perdu, et le scénario de Mademoiselle, adapté au cinéma.
Méconnu, le drame en quatre actes Héliogabale a été essentiellement écrit à la prison de Fresnes en 1942, à la même époque entre autres que son premier roman, Notre-Dame des Fleurs. Incarcéré pour le vol de livres, Genet, 31 ans, connaît alors la période la plus prolixe de sa vie d’écrivain, qui ne fait que débuter.
Une fois libéré, il fait lire la pièce à quelques proches et Jean Marais, « à qui avait été proposé le rôle-titre« , mais qui « ne fut guère enthousiasmé« , selon l’introduction signée François Rouget, professeur à l’université Queen’s de Kingston (Canada). Jean Cocteau la lut aussi. Jean Genet ne réussit jamais à lui trouver un éditeur.
Il laissa le manuscrit au secrétaire de Cocteau, qui le vendit à un libraire spécialisé dans les années 1950. Puis une bibliothèque de l’université Harvard, la Houghton Library, l’acheta en 1983, trois ans avant la mort de Genet. C’est là que l’a retrouvé François Rouget.
Héliogabale met en scène les derniers jours de l’empereur romain ainsi surnommé, qui fut assassiné vers ses 19 ans, en l’an 222. Sa vie avait déjà inspiré d’autres artistes, au cinéma avec des films muets d’André Calmettes et Louis Feuillade, ou l’opéra de Pier Francesco Cavalli sur un livret d’Aurelio Aureli en 1667 que Thomas Jolly avait mis en scène en 2016 à l’Opéra Garnier.
Dans une longue critique pour la revue NRF, l’écrivain Jonathan Littell (prix Goncourt 2006 pour Les Bienveillantes) le qualifie d' »énergumène fabuleux, solaire et pervers qui a tant fasciné Genet » après être « resté dans l’imaginaire des siècles (…) grâce à la littérature« , notamment l’essai « Héliogabale ou l’anarchiste couronné » d’Antonin Artaud (1934). Quant au Genet de cette époque, Littell le décrit comme « pris en tenaille entre son ambition littéraire démesurée et la réalité pénible de sa situation », la pauvreté et la quête de ses origines, lui né de père inconnu, puis abandonné par sa mère.
Genet voulait que sa pièce soit jouée. Les éditions Gallimard l’ont donnée à lire à plusieurs metteurs en scène. Qui ? On ne saura pas. Pour l’instant, la discrétion est de mise.
L’autre inédit est le scénario « Mademoiselle » est devenu un film du réalisateur britannique Tony Richardson en 1966, avec dans le rôle-titre Jeanne Moreau.
© Agence France-Presse
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