A la suite à la démission de Thomas Jolly en novembre 2022, le metteur en scène Sylvain Maurice, qui a dirigé deux CDN, à Besançon et à Sartrouville assure l’intérim de la direction pendant la procédure de recrutement. On connait désormais les quatre candidatures finalistes retenues par les tutelles.
La mission de Sylvain Maurice a été essentiellement administrative afin de créer une continuité entre Thomas Jolly et la direction qui sera nommée ce printemps pour une prise de fonction début juillet. « L’équipe du Quai est par conséquent à ce jour inchangée » explique Sylvain Maurice. « Quant à la programmation 23/24, elle a été construite dans son ensemble par Thomas Jolly et ses collaborateurs » . Sylvain Maurice a ajouté quelques spectacles pour assurer « davantage de parité », dans une saison quasiment finalisée lors de sa prise de fonction. « J’ai veillé à ce que la plupart des engagements pris soient honorés tout en respectant de fortes contraintes budgétaires, afin de résorber entièrement un déficit conjoncturel en 2022 et retrouver un budget équilibré dès 2023 » explique le metteur en scène. Voici la liste des quatre candidat.e.s.
Sandrine Anglade
Théâtres, musiques et leurs résonances dans l’espace : depuis 1999, Sandrine Anglade privilégie, dans son travail artistique, les expériences et les rencontres autant que la diversité des moyens d’expressions. Elle aime profondément inventer ou réinventer des formes existantes à l’opéra et au théâtre, ou créer, de manière plus expérimentale, des objets scéniques inédits, dramaturgies ou modes d’expression pluriels.
Ses champs de prédilection sont le travail sur la langue, sa musicalité, embrassant un répertoire oublié revisité ou des écritures poétiques ou contemporaines, offrant de vivifiantes réflexions dramaturgiques. S’est dessiné au fil du temps un intérêt profond pour des textes questionnant le rapport de l’homme à sa quête de liberté, à sa conscience de soi et du monde.
Pour elle, depuis ses débuts, rien ne s’impose de l’extérieur, elle se documente, cherche et creuse pour faire jaillir un espace poétique intrinsèque à l’œuvre s’appuyant sur des rêveries partagées. Les collaborateurs (maîtrise d’œuvre artistique et interprètes) participent à une créativité qui s’invente dans le collectif. Hier Claude Chestier (scénographe menant une réflexion sur le rapport du théâtre au paysage) ou aujourd’hui Caty Olive (conceptrice d’espaces lumineux) sont des partenaires essentiels de ses créations pour inventer une dramaturgie de l’espace comme personnage à part entière. Le choix des distributions et le travail de direction d’acteurs se sont affirmés au fil du temps n’hésitant plus à jouer de la confrontation de registres de jeu qui se frottent, se complètent et s’équilibrent, tout comme la sonorité des timbres de voix, la rencontre de la mobilité des corps dans l’espace. La voix est un corps.
En amenant l’excellence musicale au théâtre, formant de jeunes instrumentistes ou en en invitant d’autres plus expérimentés à sortir de leur « zone de confort » (tels Atsuchi Sakaï, gambiste et chef assistant d’Emmanuelle Haïm ou Théo Ceccaldi, révélation Jazz 2017), Sandrine Anglade fédère des troupes inédites et propose pour les interprètes et les publics une curiosité à partager des aventures intellectuelles et artistiques généreuses.
Elle a ainsi trouvé dans son ultime travail sur La Tempête de Shakespeare, créé en octobre 2020 à Bayonne, dans la nouvelle traduction de Clément Camar-Mercier, un vrai terreau d’expression : comment faire un de la confluence des pensées, des registres de langues, de la confrontation entre rêve et réalité.
Ce cheminement où le collaboratif est au cœur de la création l’amène également ces dernières années à nourrir son travail de metteur en scène d’activités de transmission appréciant travailler avec des amateurs. En 2008, pour Le Voyage de Pinocchio (présenté à l’Opéra de Lille), elle a associé plus de 350 enfants des vingt villes de tournée. Dernièrement, en 2018, en Seine-Saint-Denis, avec le spectacle participatif et d’exigence professionnelle, Si même le sable chante…, elle a fédéré 40 choristes amateurs (de 13 à 77 ans) formés durant une année dans des ateliers. Ce travail autour de la voix et de ses résonances dans la nature a profondément nourri l’écriture de Jingle, commande de texte à Violaine Schwartz et d’écriture musicale à Théo Ceccaldi.
Prochainement, en avril 2022, en partenariat avec la Scène Nationale du Sud Aquitain, dans le prolongement de La Tempête, elle créera, avec 60 participants amateurs (collégiens, patients d’un hôpital de jour, candidats « spontanés ») 2022, L’étoffe de nos rêves en partenariat avec une toute jeune compagnie basque de danseurs et musiciens, Bilaka.
Cherchant autant dans la fragilité de l’intime que dans l’éclosion joyeuse du collectif, qu’il s’agisse d’apporter un éclairage nouveau aux œuvres lyriques de Britten, Berg ou Prokofiev, aux pièces de Marivaux, Molière, Corneille ou Shakespeare, d’adapter un récit de Pierre Michon ou d’embarquer soixante amateurs sur un plateau, le parcours artistique de Sandrine Anglade s’est développé dans la perspective d’un théâtre comme lieu du multiple, de la circulation collective du sens, de l’exploration tentaculaire et ouverte à la complexité du monde, dans un désir grandissant d’aventure à partager.
Roland Auzet
De formation supérieure (Ecole Nationale d’Etat) et musicien, lauréat de plusieurs conservatoires nationaux et prix internationaux (Darmstadt…), Roland Auzet développe depuis de nombreuses années un parcours professionnel autour de la création et de la direction de projets artistiques centrés sur la scène pluridisciplinaire, comme metteur en scène et compositeur (plus de 20 ouvrages – théâtre musical, opéras…)
Il a été directeur général et artistique du Théâtre de la Renaissance à Lyon jusqu’en Juin 2014.
Sur le plan pédagogique, il est directeur de TOTEM(s) – Académie « jeunes artistes » de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon (Rencontres d’été – Festival d’Avignon) et intervenant « projets artistiques » – à l’Université de NYU de New York à Abu-Dhabi, à UCSD Université de San Diego (Californie), à Mac Gill University de Montréal et à l’Université de Banff (Canada).
Officier de l’Ordre des Arts et Lettres en 2016, lauréat de la fondation Marcel Bleustein Blanchet pour la vocation, musicien soliste diplômé de plusieurs conservatoires nationaux et internationaux, artiste en résidence à l’IRCAM (Paris), récompensé par l’Académie Charles Cros et titulaire du Diplôme d’Etat
de professeur et du Certificat d’Aptitude à l’enseignement musical supérieur, ses activités s’articulent aujourd’hui autour de la direction, la programmation, la production et la mise en scène de projets artistiques pluridisciplinaires développés en partenariat avec différents théâtres et festivals en France et à l’étranger : réseau des scènes nationales, réseau des centres dramatiques, Théâtres à Hambourg, Berlin, Montréal, Théâtre Vidy-Lausanne, Théâtre de Neuchâtel, Théâtre De Singel – Anvers, Théâtre Nanterre-Amandiers, Théâtre National de Taipei, Juilliard School New York, Théâtre des Bouffes du Nord, Comédie Française, Opéra national de Lyon, Opéra-Comique, Maison de la Danse à Lyon, Théâtre du Châtelet, festivals d’Avignon, de Montpellier, Les Nuits de Fourvière…
En parallèle à l’ensemble de ses activités, il construit et partage une réflexion sur le plan institutionnel avec le Ministère de la Culture et plusieurs collectivités territoriales, afin d’apporter un regard actuel sur l’évolution des métiers artistiques au sein des réseaux culturels pluridisciplinaires en France et à l’international.
Nathalie Béasse
Formée à l’école des beaux-arts puis au CNR Art Dramatique d’Angers, Nathalie Béasse se nourrit également des apports du Performing-Art dont elle rencontre les expérimentations à la H.B.K. de Braunschweig en Allemagne, école imprégnée par l’enseignement de Marina Abramovic. En 1995 elle intègre le groupe ZUR (collectif de scénographes-performeurs-cinéastes).
A partir de 1999 elle fonde sa compagnie pour développer un travail plus personnel, à la frontière du théâtre, de la danse et des arts visuels. Elle se fait remarquer avec sa première mise en scène trop- plein.Aux côtés d’une équipe fidèle d’acteurs, danseurs et techniciens, elle invente au fil de ses créations sa propre écriture de plateau. happy child, wonderful world, tout semblait immobile, roses ou encore le bruit des arbres qui tombent explorent les limites, les glissements entre le réel et l’imaginaire. A tout moment, on bascule d’un univers à l’autre : des images oniriques se déploient et l’instant d’après prennent forme des paysages insolites.
À l’invitation de Gwenaël Morin, Nathalie et sa compagnie installent leur « théâtre permanent » au théâtre du point du jour à Lyon de septembre à décembre 2016. Artiste associée au Conservatoire de Nantes de 2015 à 2017, elle présente en mars 2017 song for you, pièce créée avec les 10 élèves en cycle spécialisé théâtre et 7 élèves en cycle spécialisé musiques actuellesEn mai 2017, après 10 ans de compagnonnage, le théâtre de la Bastille lui commande une forme scénique sur le thème de « Notre Choeur » qu’elle intitule La Meute. Elle est invitée à la 45ème Biennale de Venise – festival international de Théâtre – du 25 juillet au 12 août 2017, elle présente quatre spectacles et dirige une masterclass professionnelle;
Pour Occupation Bastille #3, Nathalie et sa compagnie investissent les lieux du 13 mai au 29 juin 2019. L’occasion de revisiter une partie de son répertoire et de faire des pas de côté vers des formes courtes et légères, privilégiant l’instant et le présent du lieu. En novembre de la même année elle crée au Quai – CDN Angers un trio burlesque, aux éclats…, en tournée sur la saison 2020-21.
En écho à son travail de plateau, elle a développé depuis 2005 une série de performances in situ qu’elle conçoit dans un environnement urbain ou naturel. Elle s’inspire d’un lieu, d’un espace qu’elle investit avec des corps, des histoires, des sons, une lumière, qui amènent à porter un nouveau regard sur un paysage, une architecture.
Elle a écrit des spectacles avec des adolescents psychotiques, des détenus, des comédiens professionnels et des amateurs. De 2013 à 2016, Nathalie Béasse a été artiste associée au Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire et devient, à partir de 2019, artiste associée à la Comédie de Clermont-Ferrand, scène nationale. Depuis 2011 la compagnie mutualise un lieu de résidence à Angers, la cabine, au pad (pépinière artistique daviers) avec le collectif blast (plasticiens), dont l’objectif est d’accueillir des artistes issus des arts plastiques, des arts vivants ou des arts sonores.
Marcial Di Fonzo Bo
Acteur et metteur en scène, né à Buenos Aires, Marcial Di Fonzo Bo suit la formation à l’École du TNB. En 1994, il crée, Le Théâtre des Lucioles, collectif d’acteurs. Il y met en scène de nombreuses pièces, s’attachant à des auteurs contemporains tels Copi, Jean Genet, Leslie Kaplan, Lars Norën, Fassbinder, Rafael Spregelburd, Guillermo Pisani, entre autres.
Comme comédien, il est dirigé par de nombreux metteurs en scène, entre autres, Claude Régy, Rodrigo García, Olivier Py, Jean-Baptiste Sastre, Luc Bondy ou Christophe Honoré. En 1995, il reçoit le prix du syndicat de la critique pour son interprétation de Richard III mis en scène par Matthias Langhoff ainsi que celui de la critique de Barcelone. En 2004, celui du meilleur acteur pour Le couloir de Philippe Minyana.
Au cinéma il a joué sous la direction de : Petr Zelenka, Woody Allen, Maïwenn, Christophe Honoré, Claude Mourieras, François Favrat, Brigitte Roüan, Gilles Bourdos. Et à quatre reprises avec Émilie Deleuze, il obtnet le prix Miche Simon, pour son interprétation dans Peau neuve
A l’opéra, il a mis en scène : King Arthur de Purcell, au Grand Théâtre de Genève, Cosi fan tutte de Mozart, à l’opéra de Dijon, La grotta di Trofonio de Salieri, à l’opéra de Lausanne sous la direction musicale de Christophe Rousset et Surrogates cities d’Heiner Goebbels au TNB. Il participe également à des nombreuses productions comme récitant
Il met en scène – en collaboration avec Élise Vigier plusieurs pièces de Copi : Loretta Strong, Le Frigo, Les poulets n’ont pas de chaise, au Festival d’Avignon en 2006. Puis, La Tour de la Défense à la MC93 avec notamment Marina Fois. Suivent la version en catalan à Barcelone (2008) et en russe au Théâtre d’Art de Moscou (2011). Pour le 30e anniversaire de sa disparition il met en scène au Cervantes-Teatro Nacional Argentino, Eva Perón et L’Homosexuel ou la diffculté de s’exprimer, avec une distribution argentine. Puis, ils entament une longue collaboration avec l’auteur argentin Rafael Spregelburd : La Connerie (2008), La Paranoïa (2009) et L’Entêtement (2011) et avec Pierre Maillet La Panique (2009) et Bizarra (2012) puis Lucide au Théâtre Marigny avec Karin Viard et Léa Drucker. En 2010, il coécrit Rosa la Rouge avec la chanteuse pop Claire Diterzi. La même année il signe la mise en scène de Push up de Roland Schimmelpfennig au festival d’Automne, et au Théâtre de Paris, La Mère de Florian Zeller avec Catherine Hiegel qui reçoit pour ce rôle le Molière de la meilleure interprète. En mars 2014, il met en scène au Théâtre National de la Colline Une Femme, de Philippe Minyana et Dans la République du Bonheur, de Martin Crimp aux Subsistances à Lyon. Il réalise son premier flm de fction : Démons de Lars Norén, pour la chaine de télévision Arte, avec Romain Duris, Anais Démoustier, Gaspar Ulliel et Marina Fois. Puis il crée au Théâtre du Rond-Point à Paris la version théâtrale, l’année suivante
En janvier 2015, il prend la direction de la Comédie de Caen-Centre Dramatique national de Normandie avec Élise Vigier comme artiste associée à la direction. Demoni est créé au Teatro Stabile Di Genova, et à Milan, en italien. En 2016 ils mettent en scène Vera de Petr Zelenka, leur troisième collaboration avec Karin Viard. En janvier 2018 M comme Méliès d’après des écrits de Georges Méliès, qui remporte le Molière du spectacle jeune public en 2019. En 2020, Le Royaume des animaux de roland Schimmelpfenning avec la musique de BAFANG puis Buster Keaton en 2021, comédie musicale tout public. Nouvelle collaboration avec Philippe Minyana : le Portrait de Raoul, actuellement en tournée en Amérique du Sud. Il joue également dans le « Portrait Baldwin-Avedon » mis en scène par Élise Vigier au Théâtre du Rond-Point à Paris. En 2022 il reprend le rôle de Richard III et il met en scène deux textes de Jen Luc Lagarce : Les règles du savoir vivre dans la société moderne et Music-Hall. Il joue dans MEDEE matériaux de Heiner Muller, sous la direction de Matthias Langhoff
En mai, ils sera sur le grand plateau du théâtre du Rond-Point avec une nouvelle création musicale TANGO y TANGO de Santiago Amigorena et Philippe Cohen Solal (Gotan project) Il mettra en scène, Rebecca Marder et une dizaine de danseurs argentins. En 2024, nouvelle collaboration avec le chef d’orchestre Leonardo Garcia Alarcon : Victoria et Anselm, à la Cité Bleu de Genève.
Avec Thomas Jolly, j’ai eu le sentiment d’être plongé dans des spectacles bruyants, performants, éprouvants…. Peu de spectacles rieurs nous ont été proposés, comme auparavant les chiens de Navarre, ou bien des spectacles prenants et sans l’esbrouffe comme le théâtre de Joël Pommerat…. Thomas Jolly, c’était bien joli, mais trop trop de bruit et de fureur
Un peu de drôlerie, d’ironie subtile, serait bienvenue…
Merci de choisir celui où celle qui me fera conserver mon abonnement… Je suis abonnée depuis le début….