Poufs aux sentiments est une rêverie autour de l’amour dont les réminiscences nous proviennent d’un monde lointain qui a témoigné d’un goût certain pour la théâtralité et l’artifice. Perruques, blanc de céruse, jardins à la française et Belle Danse sont alors les ingrédients d’un spectacle permanent où les corps costumés se mettent en scène dans la nature artificielle et géométrisée des jardins, eux-même conçus comme des théâtres de verdure.
Rose Bertin, ministre de la mode, invente pour sa reine de délirantes perruques appelées des poufs : de monumentaux volumes de cheveux ornés de rubans, de fleurs, de plumes, de bateaux, d’animaux morts, de portraits et autres bibelots improbables. Certaines ont vocation à commenter l’actualité (comme ce fameux pouf surmonté d’une maquette de voilier pour célébrer la victorieuse frégate Belle poule) d’autres encore sont conçues pour exprimer une humeur du moment : ce sont les poufs aux sentiments.
Bien avant les poufs, au début du XVIIe siècle, s’invente le ballet burlesque. Sa spécificité réside dans l’invention de costumes extraordinaires formés de protubérances et de volumes énormes visant à fragmenter les corps. Cette figure du danseur modifié devient alors un projet artistique à part entière et, chassant le corps naturel, le ballet burlesque s’émancipe ainsi de la psychologie de l’action humaine.
Comment aurions-nous pu rester insensibles à cette lointaine et surprenante filiation avec ce que nous développons dans notre propre travail ?
Poufs, ballets burlesques, jardins à la française : sans nous soucier des anachronismes historiques, nous nous penchons également sur la littérature précieuse et son expression si raffinée des sentiments amoureux. Et c’est avec Madeleine de Scudérie et sa fameuse Carte du tendre, que nous souhaitons célébrer l’amour et la légèreté.
Sur notre scène : un couple de créatures dont le corps est presque entièrement dévoré par une immense coiffure blanche, nuageuse et sophistiquée, évolue au milieu d’un jardin de buis taillés. Éden reconfiguré par l’art topiaire ou bien jardin d’Alice au pays des merveilles, ce jardin est mouvant, instable, et tout y prend vie. Les buissons se déplacent et se déforment, des buis anthropomorphiques s’animent, et même les sentiments semblent se donner à voir : comme de brusques pensées poudreuses, des jets de talc s’échappent sporadiquement du haut des coiffes, et retombant en pluie fine, blanchissent peu à peu le plateau.
A l’instar des ballets burlesques, les costumes que nous inventons contraignent et modifient les corps des interprètes. Ils sont toujours les matrices d’un langage chorégraphique spécifique dont nous essayons d’anticiper les contours. Poufs aux sentiments s’inscrit dans ce fonctionnement mais nous souhaitons mixer ce langage encore à découvrir avec celui, connu et largement documenté, de la danse dite « baroque ».
Poufs aux sentiments
Conception, chorégraphie, scénographie, costumes
Yvan Clédat et Coco PetitpierreAvec
Ruth Childs,
Sylvain Prunenec
(Les poufs)Max Ricat,
Coco Petitpierre
(Les buis)Création sonore
Stéphane VecchioneLumières
Yan GodatRobots
Yvan Clédat et Yan GodatRéalisation des éléments scéniques et des costumes
Yvan Clédat et Coco Petitpierre
Assistants textile
Anne Tesson et Céleste ClédatProduction : TWENTYTWENTY
Production déléguée : lebeau et associés
Production
TWENTYTWENTYProduction déléguée
lebeau et associésCoproduction
L’Echangeur CDCN Hauts de France – CN D Pantin – Chorège CDCN Falaise Normandie – Maillon Théâtre de Strasbourg – Scène européenne – Théâtre Louis Aragon Tremblay-en-France dans le cadre de son programme de résidence. Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis. Avec le soutien de la DRAC Bretagne pour l’aide au projet© Copyright – Clédat & Petitpierre | Agence web : Limbus Studio
Création 3 et 4 juin 2022
Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis
Théâtre l’Échangeur – Cie Public ChériDu 24 au 26 novembre 2022
CN D Pantin
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