Génération sceneweb (16/30). Pensionnaire à la Comédie-Française depuis février 2017, le comédien a déjà croisé la route de nombreux géants, de Bob Wilson à Ivo van Hove, en passant par Krzysztof Warlikowski et Jean-Pierre Vincent.
Gaël Kamilindi n’avait même pas 30 ans que, déjà, il avait côtoyé les plus grands. Quelques années seulement après sa sortie du Conservatoire, en 2011, on le voyait fouler les plateaux des théâtres de l’Atelier, de l’Odéon et même du Festival d’Avignon, sous les directions de Marc Paquien (La Locandiera), Bob Wilson (Les Nègres), Jean-Pierre Vincent (En attendant Godot), Olivier Letellier (Venavi) ou encore Krzysztof Warlikowski (Phèdre(s)). « Quand j’étais à l’école, je me voyais travailler au sein d’un collectif, avec une bande, mais ça ne s’est pas du tout passé comme ça en sortant, raconte-t-il. Très vite, j’ai été pris sur des projets de longue durée, en France et à l’étranger. Je n’avais jamais imaginé être sur ces scènes-là, à ces endroits-là, avec ces gens-là. Tout ce qui m’arrivait était énorme et je le prenais, à chaque fois, comme un cadeau. Être sur les routes donnait à ma vie un côté nomade qui me plaisait beaucoup. »
Pour couronner le tout, le comédien est admis en tant que pensionnaire, en février 2017, à la Comédie-Française, où il fait ses débuts dans Lucrèce Borgia de Victor Hugo, mis en scène par Denis Podalydès. « Lorsque Eric Ruf m’a fait cette proposition, j’avoue avoir mis du temps à donner ma réponse, confie-t-il. J’avais, d’un côté, peur de l’image sédentaire, que cela contraigne ma liberté et, de l’autre, c’était quelque chose de grand, de prestigieux, dans lequel je ne m’étais jamais projeté. Je cherchais alors des réponses que seule l’expérience pouvait me donner, et j’ai découvert un lieu où l’on apprend beaucoup de soi-même, y compris intimement, grâce au voyage artistique proposé par chaque metteur en scène. »
Devenir un artiste créateur
Là encore, d’Ivo van Hove (Electre/Oreste) à Arnaud Desplechin (Angels in America), en passant par Clément Hervieu-Léger (L’Eveil du printemps), Gaël Kamilindi a prouvé son goût prononcé pour l’éclectisme. Surtout, il a su grandir, sortir de sa bulle et inviter l’état du monde dans sa façon d’appréhender les rôles. « A mes débuts, j’étais encore plus vert que je ne le suis maintenant et j’avais plus d’insouciance, de rêveries, de fantasmes, se souvient-il. J’étais dans un rapport uniquement triangulaire entre les envies du metteur en scène, les partenaires de jeu, le texte et moi. Aujourd’hui, tout se passe comme si ce triangle était compris dans un cercle aux contours beaucoup plus marqués, comme si j’ajoutais dans mes rôles ce que je vivais hors théâtre, avec les frictions que, parfois, cela suppose. »
Un statut d’artiste-interprète que Gaël Kamilindi voudrait voir muer, dans les prochaines années, en parallèle de son travail au Français, en artiste-créateur, davantage à l’origine des projets, à l’image de ce film documentaire qu’il écrit depuis plusieurs semaines. « Cette envie est assez nouvelle chez moi, mais, ces derniers mois, elle s’est réveillée, tel un désir caché, inavoué, analyse-t-il. Même si tout cela est à l’état très embryonnaire, j’aimerais avoir des liens plus intimes avec mes projets personnels et trouver la force de les mener à bien. Il faut, pour cela, que je trouve plus de clarté en moi, et quelles histoires j’ai envie de raconter. » Du cinéma à la mise en scène, gageons qu’il aura l’embarras du choix.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
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