Brigitte Jaques-Wajeman continue d’explorer les pièces de Corneille. L’intrigue de Polyeucte est d’actualité car elle parle de fanatisme religieux. Son travail sur la langue est toujours aussi précis, mais on s’est un peu ennuyé.
Une toile peinte, un magnifique ciel à la « Watteau » habille le fond de scène (bien que Watteau ne soit pas un contemporain de Corneille, il est né l’année de la mort du dramaturge). Deux murs d’enceinte téléguidés se déplacent sur le plateau et laissent percer la lumière sur le lit conjugal. Très belle première image. Pauline (Aurore Paris) dort tandis que Polyeucte, chrétien nouvellement converti (Clément Bresson) confie à son ami Néarque (Pascal Bekkar) sa volonté de détruire un temple païen. Un bon début d’autant que le travail sur les alexandrins est comme toujours remarquable. On se laisse bercer par la langue de Corneille.
Et pourtant le spectacle s’étire malgré la vitalité et le caractère d’Aurore Paris, très touchante. La tension retombe très vite. On n’a pas été totalement convaincu par le jeu de Clément Bresson pas assez fanatique, trop lunaire, pas assez sanguinaire. Du sang il y en aura un plus tard, un peu trop à notre goût lors du dénouement qui a été retravaillé par Brigitte Jaques-Wajeman, comme si le texte de Corneille n’était pas assez explicite sur les dérives du fanatisme religieux.
On a avait beaucoup aimé Nicodème en 2011, superbe pièce politique. On pensait retrouver l’esprit avec ce Polyeucte. Déjà avec Pompée en 2013 c’était un peu moins jubilatoire. Là on s’est carrément ennuyé tout en reconnaissance l’art de la metteuse en scène pour mettre au goût du jour cette langue du patrimoine français.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Polyeucte de Corneille
Mise en scène : Brigitte Jaques-Wajeman
Conseillers artistiques : François Regnault & Clément Camar-Mercier
Scénographie et Costumes : Emmanuel Peduzzi
Accessoires : Franck Lagaroje
Lumières : Nicolas Faucheux
Maquillages et coiffures : Catherine Saint-Sever
Avec 7 comédiens :
Clément Bresson – Polyeucte
Marc Siemiatycki – Félix
Pascal Bekkar – Néarque
Aurore Paris – Pauline
Pauline Bolcatto – Stratonice
Timothée Lepeltier – Albin / Fabian
Bertrand Suarez-Pazos – Sévère
Durée: 2hdu 4 Février 2016 au 20 Février 2016
Théâtre de la Ville
14 Mars 2016
Scène Nationale 61
18 Mars 2016
Théâtre municipal de Fontainebleau
du 2 Mai 2016 au 3 Mai 2016
Maison de la Culture d’Amiens
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