Le compositeur et chef d’orchestre français Pierre Boulez, 90 ans, est décédé ce mardi à Baden-Baden, en Allemagne, où il habitait, a annoncé sa famille aujourd’hui. Compositeur, chef d’orchestre, directeur d’institutions, polémiste, essayiste, pédagogue, Pierre Boulez a révolutionné la deuxième moitié du 20ème siècle. Il était aussi très proche du milieu théâtral. En 1946 il devient directeur de la musique à la Cie Renaud‑Barrault. Voilà comment il en parlait dans la revue Regards sur autrui
Mes débuts, en 1946, dans la Compagnie Renaud-Barrault furent tout à fait modestes. Le premier spectacle fut Hamlet avec une musique de scène composée par Arthur Honegger ; le deuxième comportait la pantomime Baptiste, tirée des Enfants du Paradis sur une partition écrite par Kosma. Arthur Honegger me recommanda à Jean-Louis Barrault, car j’avais appris à jouer d’un instrument électronique appelé ondes Martenot — instrument avec des possibilités de caméléon, pour lequel le compositeur avait écrit quelques moments destinés à souligner l’action de Hamlet. Instrument accompagné de percussion — jouée par Maurice Jarre. Ceci était la solution économique, car deux musiciens n’étaient pas une charge excessive pour la jeune Compagnie, les fanfares pour cuivres signalant divers épisodes ayant été enregistrés par Honegger lui-même. La même solution, ondes Martenot et percussion, fut adoptée pour Baptiste, deux pianos s’y ajoutant, le tout sous la direction de Joseph Kosma lui-même. J’avais donc la charge, pas très lourde à vrai dire, de m’occuper des diverses musiques commandées pour les spectacles à des compositeurs très divers, et surtout, une fois écrites, de les adapter aux modifications de la mise en scène intervenues au cours des répétitions. Barrault, en effet, proposait aux compositeurs les moments devant être soulignés par le son ; quelquefois les auteurs avaient eux-mêmes des idées très précises comme Claudel demandant à Honegger de lui trouver quelque invention musicale pour illustrer la « bouilloire céleste » qu’on trouve à la fin du Partage de midi…
Au milieu des années 1960, la critique des institutions et la nécessité de leur réforme conduisent Pierre Boulez à travailler avec Jean Vilar et Maurice Béjart à un projet de réforme de l’Opéra de Paris – abandonné par Vilar en 1968. Après Parsifal et Tristan, qu’il dirige en Allemagne et au Japon, la fin des années 1970 est marquée par ses collaborations avec Patrice Chéreau : la Tétralogie du centenaire, puis Lulu en 1979 à l’Opéra de Paris. Pierre Boulez dirige ensuite deux productions mises en scène par Peter Stein – Pelléas et Mélisande de Debussy et Moïse et Aaron de Schönberg –, ainsi qu’un triptyque Falla-Stravinski-Schönberg mis en scène par Klaus Michael Grüber, avant de retrouver Patrice Chéreau en 2007 pour De la maison des morts de Janáček.
Starting in the 1950s, Boulez organized an avant-garde music series that Barrault backed at the Theatre Marigny. Boulez both composed