(c) Sarmad Louis
La pièce se base sur un fait divers, un crime qui a eu lieu en 1994, quatre ans après la fin de la guerre civile au Liban et le rétablissement de l’Etat libanais. A Baalbek, dans la région du Békaa, un jeune garçon de 16 ans, entre dans la maison de voisins proches, tue une femme et deux de ses enfants, et prend la fuite dans la voiture de ses victimes. Dès le lendemain, le Hezbollah mit la main sur cette affaire en annonçant une grève générale et en écartant les pouvoirs libanais concernés ; il convainquit les familles des victimes et du coupable de revendiquer la prise en charge de cette affaire par la Charia islamique plutôt que par la juridiction libanaise. Les prétextes donnés furent la longueur des procédures judiciaires, et la sentence de peine de mort qui ne pouvait être prononcée pour un mineur et risquait d’aviver les traditions claniques de vendettas. En cinq jours, l’accusé fut jugé coupable et condamné à mort, après investigations et interrogations et « aveux complets » du présumé coupable « dont les raisons et mobiles restèrent inconnus » cependant (!) Qui étaient les membres de la Charia qui prononcèrent la sentence ? Qui l’exécuta ? On ne le sut jamais. Le Hezbollah nia très rapidement avoir joué un rôle dans cette affaire, sauf celui d’intermédiaire et de réconciliateur, mettant les familles du coupable et des victimes à l’avant-scène ; ces dernières endossèrent « volontiers » toute la responsabilité. Et ceci, sous le regard médusé ou tacitement complice des responsables politiques et gouvernementaux… D’une part, cette histoire cristallise clairement un problème général au Liban, à savoir l’interminable conflit d’intérêt, de force et de pouvoir entre l’Etat et les différentes formes de communautés archaïques, qu’elles soient familiales, claniques, religieuses, régionales, féodales, etc. La Constitution de l’Etat Libanais leur ayant fait dès le début trop de concessions, ce dernier en est gravement fragilisé et précarisé. Les guerres civiles ou autres en sont une des conséquences les plus dramatiques et chroniques. D’autre part, elle pointe un problème plus complexe et inédit : trois pôles sont en conflit ici et non plus deux. En plus de l’Etat et des groupes communautaires sociopolitiques archaïques, un nouvel acteur est apparu se jouant tout aussi bien de l’un et des autres : un parti fondamentaliste (de par son idéologie) et moderne (de par son organisation militaire, ses stratégies de travail politique et médiatique et ses moyens d’infiltration sociale) qui, sous couvert de la Charia et de ses lois divines, fragilise et élimine tant et si bien les deux autres pôles tout en renforçant mieux que jamais sa position. Cette pièce entend traiter de cette ambigüe situation de conflit et de complicité entre ces trois pôles. Note d’intention de Linah Saleh et Rabih Mroué d’après dossier de presse.
Photo-Romance
La dernière création de Lina Saneh et Rabih Mroué
Conception, texte et mise scène Lina Saneh et Rabih Mroué
Scénographie Samar Maakaroun
Avec Rabih Mroué et Lina Saneh, Charbel Haber
Invitée spéciale Mona Mroué
Musique Charbel Haber
Traduction Masha Refka
Réalisation de la bande-image Lina Saneh, Rabih Mroué et Sarmad Louis
Direction de la photographie Sarmad Louis
Jeu pour la bande-image Lina Saneh, Rabih Mroué et invitée spéciale Mona Mroué
Assistante à la réalisation et production exécutive Petra Serhal
Costumes Zeina Saab de Melero
Maquillage Stéphanie Aznarez
du 13 au 24 avril 2010
à la Grande Halle de la Villette
Renseignements pratiques
Dates et horaires : mardi, mercredi, vendredi, samedi à 20h30 / jeudi à 19h30
Tarifs : plein tarif 16 € – tarif réduit 12 € – abonné 11 € – Carte Villette et Villette jeunes
(moins de 26 ans) 10 €
Lieu : Grande Halle de la Villette – salle Boris Vian – Métro Porte de Pantin
Informations/Réservations : 01 40 03 75 75 – www.villette.com
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