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Lisaboa Houbrechts dans le passé sombre et souterrain de Pépé Chat

À la une, Coup de coeur, Les critiques, Paris, Théâtre musical

© KVDE.BE

Pépé chat ; ou comment Dieu a disparu de Lisaboa Houbrechts raconte magistralement la perdition d’une famille dont l’histoire baigne dans la violence et l’outrage.

Venue de Flandres, l’audacieuse création de Lisaboa Houbrechts a bousculé et bouleversé le public du Cabaret de curiosités avant celui de l’Opéra de Lille puis de la MC 93 à Bobigny dans les semaines à venir. Il faut dire que l’artiste, figure montante sur la scène internationale, ne lésine pas sur les drames qui émaillent son puissant récit. Sans complaisance, elle traque le mal qui habite et éprouve intimement une famille sur trois générations et fait des méandres de la mémoire la porte d’entrée sur une histoire familiale sordide où maltraitance et pédophilie sont, entre autres, au cœur du propos. Dernier maillon d’une terrible lignée, une jeune fillette dévoile l’impitoyable mécanique sur laquelle se répète cycliquement une violence sourde et traumatique.

Sur un plateau où se condensent les lieux et les temps, se laisse découvrir comment son grand-père, Pépé chat, abusé dans sa jeunesse par les prêtres de l’école catholique ou il était choriste et enfant de cœur, est devenu un homme abimé dans la rustrerie destructrice, comment celui-ci s’est enrôlé dans le nazisme, comment celui-ci, devenu adulte, brutalise sans limite sa femme, fragilisée par la maladie, et son fils, qu’il suspecte d’être homosexuel et qui lui-même subit les attouchements de son taré d’oncle. Tout en ambiguïté et magnifiquement interprété, le vieil homme fait autant figure d’horrible bourreau que de victime terriblement humaine.

Au centre d’un espace nu et glacé, s’ouvre comme une géante blessure une boîte noire autour et dans laquelle éclatent autant de tensions que de perversions. Le mur qui lui sert de cloison tombe en frappant le sol et fait voler en éclats des morceaux de papier journal déchirés comme autant de limbes, de résidus d’une mémoire envahissante.

Lisaboa Houbrechts donne à son insoutenable histoire une forme théâtrale on ne peut plus viscérale, aussi bien d’un point de vue esthétique que physique. La pièce contient assez peu de mots mais ses cris et ses silences, l’éloquence des corps, de leurs gestes chorégraphiés, du jeu tantôt vraiment enragé tantôt plus intériorisé, tout sonne avec beaucoup de force et de justesse. La jeune metteuse en scène est une créatrice d’images intimes et spectaculaires au service de situations extrêmes. La présence des enfants, têtes blondes, culottes courtes et chaussettes hautes, dont les jeux innocents tournent à la bagarre, comme celle des hommes d’églises en soutanes et capuchons dont la procession pompeuse débouche sur une menaçante course effrénée, tout est habité d’une puissance superbement dérangeante.

Parmi les nombreux langages scéniques utilisés, la musique joue un rôle magnifiquement primordial. C’est un monument de la musique sacrée, la Passion selon saint Jean de Jean-Sébastien Bach, qui accompagne et illumine ce ténébreux spectacle. Cette prière d’une grâce et d’une beauté inouïes, composée par le fervent cantor de l’église saint Thomas de Leipzig est chantée en direct par les comédiens, parfois accompagnés d’un accordéon grinçant. En pénitents agenouillés, les personnages louent sempiternellement le seigneur qui ne leur répond pas. Dieu se montre absent et impuissant face à la douleur du monde. Le fils en qui il s’est fait chair n’est plus qu’un pantin de chiffon dérisoire. Pour autant, le chanteur et acteur congolais Boule Mpanya qui tient le rôle d’un évangéliste noir et tourne comme un derviche possédé s’offre comme une présence rédemptrice pour qui n’a pas encore sacrifié sa révolte et sa foi.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Pépé chat ou comment Dieu a disparu
de Lisaboa Houbrechts

Avec Pieter Ampe, Elsie de Brauw, Stefaan Degand, Zofia Hanna, Alberto Martinez, Boule Mpanya, Elisa Soster, Philippe Thuriot et les enfants (distribution en cours)

Musique de Johann Sebastian Bach, Passion selon saint Jean, extraits

Direction musicale et arrangements Pedro Beriso

Musique enregistrée Orchestre Opera Ballet Vlaanderen

Arrangements pour accordéon et ténor Philippe Thuriot

Composition et réalisation partition musicale Bert et Stijn Cools

Scénographie et marionnettes Filip Peeters

Costumes Oumar Dicko

Lumières Fabiana Piccioli

Régie lumière Bennert Vancottem

Régie son Brecht Beuseling

Production laGeste

Coproduction Opera Ballet Vlaanderen ; Toneelhuis ; Le Phénix – Scène Nationale de Valenciennes, pôle européen de création ; MC 93 – maison de la culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny ; Opéra de Lille ; Holland Festival

Remerciements De School van Gaasbeek

Avec l’appui de la ville de Gand, des autorités flamandes et du Tax Shelter du gouvernement fédéral belge

Durée : 1h40

TDV-Sarah Bernhardt – Grande Salle
du 30 mai au 2 juin 2024

31 mai 2024/par Christophe Candoni
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1 réponse
  1. Jan Van Den Driessche
    Jan Van Den Driessche dit :
    9 mars 2023 à 0 h 08 min

    Je suis très curieux. De toute façon cela me parle.

    Répondre

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