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Penda Diouf, la poésie en lutte

Les portraits, Théâtre
Penda Diouf
Penda Diouf

Photo Christophe Péan

Elle fait partie de ces noms qui ont éclos en 2024, et qui nous ont enchanté, de ceux qui soufflent la brise d’un air nouveau. L’autrice traverse la saison sereine et attentive, avec une force calme, presque flegmatique.

Sa langue, puissante, invoque des personnages féminins complexes, tisse des contes où le merveilleux côtoie le politique, où la nature et la magie sont synonymes. Penda Diouf a signé depuis près de vingt ans une quinzaine de textes dramatiques, mais il a fallu attendre cette saison pour réellement voir son nom fleurir dans les programmations. Que s’est-il passé exactement ? Elle-même ne se l’explique pas vraiment. « Une série de rencontres, je suppose », sourit-elle, humble. Celle pour qui les bibliothèques municipales ont toujours été un refuge – depuis l’enfance jusqu’à en faire son métier – ne se dit pas encore tout à fait à l’aise dans le milieu du théâtre. « Si tout devait s’arrêter demain, je retournerais avec plaisir à mes rayons », assure-t-elle.

Pourtant, les choses n’ont pas vraiment l’air de vouloir ralentir pour le moment. Désignée « Nouveau talent théâtre 2023 » par la SACD, son texte La grande Ourse, publié aux éditions Quartett et mis en scène par Anthony Thibault, tourne jusqu’en avril prochain. Associée aux Scènes nationales d’Évry et de Poitiers, ainsi qu’au CDN de Vire, elle est aussi membre de l’Ensemble artistique de La Comédie de Valence depuis quatre ans. Son texte Sœur·s, nos forêts aussi ont des épines y est mis en scène par Silvia Costa en janvier, avant de s’en aller à Bruxelles, puis à la MC93 en février. Allemagne, Belgique, Québec… Les premières créations à l’international tombent également.

Une lutte vigilante

C’est par le biais de son engagement que Penda Diouf s’est fait connaître. « Une étiquette qui me colle encore à la peau », regrette-t-elle. Co-fondatrice en 2015 avec Anthony Thibault du label Jeunes textes en liberté, qui promeut une meilleure diversité des auteur.ices et des récits, elle intervient alors comme animatrice dans différentes structures. « C’est à ce moment-là qu’on s’est rendu compte que je savais de quoi je parlais et qu’on a décidé de s’intéresser à ce que j’écrivais ! »

Penda Diouf a vu les choses s’améliorer en dix ans. « Il y a de plus en plus d’auteur.ices de théâtre contemporain non blancs qui écrivent et qui sont écoutés. » Ce qui n’était pas forcément le cas à l’époque où elle présentait ses premiers textes. « Quand j’ai envoyé La grande Ourse à un comité de lecture – majoritairement blanc –, on m’a répondu : il manque un peu de piment africain ! », s’offusque-t-elle, tout en souriant. Les efforts pour une meilleure diversité dans les promotions des écoles de théâtre, elle les remarque aussi. « Comment les carrières de ces artistes vont évoluer ? Quel type de rôle on va leur proposer ? Ça, j’attends de voir », glisse-t-elle. Le travail d’équilibriste est donc encore de mise entre la lutte pour une meilleure représentation des artistes non blancs et le combat contre l’appropriation des récits et des vécus de ceux-ci. « On veut travailler avec éthique, en impliquant les personnes concernées. Je commence à me méfier de ceux et celles qui cherchent à remplir des quotas et à envoyer de bons signaux dans leur programmation. »

Initiation à la mise en scène

Après une enfance entre Dijon et Moulin, dans l’Allier, fille d’une mère ivoirienne et d’un père sénégalais, Penda Diouf écrit ses premières pièces à 25 ans sans avoir jamais été au théâtre. « J’ai emprunté tous les Molière et tous les Racine que je pouvais trouver et je copiais leur structure », se souvient-elle. Grande amie d’Alice Zeniter aujourd’hui, elle cite aussi Vinciane Despret, Baptiste Morizot, Nastassja Martin, Frédérique Aït-Touati, Malcom Ferdinand, Audre Lorde, Maboula Soumahoro ou encore Alice Diop. « Je crois au pouvoir des mots », assure l’autrice chez qui s’entremêlent le merveilleux et le politique, la lutte contre le dérèglement climatique et celle contre les oppressions de genre et de race. Dans une tribune pour le quotidien Libération publiée en octobre dernier, elle exhorte à « envisager d’autres récits où les humains sont poreux à leur environnement ainsi qu’à l’invisible ».

Poursuivre son cheminement de création, cela passe aussi par l’initiation à la mise en scène. Elle monte elle-même son propre texte, Pistes, au Théâtre du Nord en janvier, dans lequel elle retrace sa traversée initiatique de la Namibie. « J’ai hésité à reprendre une formation, car je n’avais jamais fait de mise en scène », admet-elle, mais David Bobée, le patron du CDN de Lille, l’en dissuade rapidement : « Tu as toutes les cordes à ton arc, fonce ! ». La saison prochaine s’annonce tout aussi prometteuse : une collaboration avec Julie Guichard au CDN de Lorient, une commande de Maëlle Poésy pour un jeune public et un nouveau roman en préparation. « Je sais que je suis encore en apprentissage, sourit l’autrice, qui a pourtant déjà tout d’une grande artiste, mais je travaille avec tout mon cœur ».

Fanny Imbert – www.sceneweb.fr

Les coups de coeur 2024 de Fanny Imbert

Les images qui ont marqué l’année : DÄMON. El funeral de Bergman d’Angélica Liddell ; Don Quichotte, d’après Miguel de Cervantes, mise en scène Gwenaël Morin ; La Brande d’Alice Vannier et Sacha Ribeiro ; L’Art de la joie, d’après Goliarda Sapienza, mise en scène Ambre Kahan ; Moins que rien, d’après Woyzeck de Georg Büchner, mise en scène Karelle Prugnaud

Les plumes de l’année : Ivan Viripaev pour Les guêpes de l’été nous piquent encore en novembre et Illusions ; Penda Diouf pour La grande Ourse, Sœur·s, nos forêts aussi ont des épines et Pistes ; Nicolas Girard-Michelotti pour Le Rire des singes et Les Pleurs du cerf

Mentions spéciales : Notre Comédie humaine, d’après Balzac, mise en scène Nouveau Théâtre Populaire ; Molière et ses masques de Simon Falguières

31 décembre 2024/par Fanny Imbert
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