David Bobée livre une version de la pièce d’Ibsen de plus de 4 heures. Le spectacle est porté par un comédien inconnu, Radouan Leflahi, formé au Conservatoire de Rouen, et déjà présent dans d’autres pièces mises en scène par le directeur du CDN de Rouen. Il est lumineux. La pièce créée au Grand T part en tournée, elle fera l’ouverture de la nouvelle salle du CDN de Rouen pour la saison 2018/2019.
Il règne comme une ambiance de fin du monde sur le plateau. Le jeune Peer Gynt erre au milieu d’une fête foraine abandonnée entre la carcasse d’un grand-huit désossé et une grosse tête de clown posée sur le sol. Il vit dans une vieille caravane défranchie avec sa mère Ase (formidable Catherine Dewitt qui assure également la dramaturge du spectacle). Une balade pop jouée à la guitare par Butch McKoy, le compositeur de la musique du spectacle, ajoute une touche far-west à cette épopée fantastique onirique qui n’est pas la pièce du répertoire la plus facile à monter.
Peer Gynt fait du Monde son terrain de jeu. De l’exclusion à la richesse, de l’isolement à l’écœurement, la pièce décrit le parcours d’un homme à la dérive, baratineur et grande gueule. On le suit dans ses rêves et ses délires, dans son ascension sociale et dans sa chute. Pour interpréter Peer Gynt, il faut un grand acteur. Radouan Leflahi, 28 ans, formé au Conservatoire de Rouen est propulsé sur le devant de la scène. Alors qu’il ne devait pas jouer le rôle au départ du projet, il est totalement étincelant. C’est une vraie découverte. Il porte la pièce de bout en bout avec gourmandise et fraîcheur. Il ne quitte pratiquement pas le plateau pendant les 4h30 du spectacle. On le retrouve vieilli et fatigué dans le dernier acte, tel un homme accablé par 90 ans de vie tumultueuse. Il livre une sacrée performance d’acteur.
La vie de Peer Gynt est traversée de rencontres plus incongrues les unes que les autres. David Bobée joue la noirceur et le fantastique à fond. Cela fonctionne dans toutes scènes cultes comme celle à la Cour du Roi des Trolls (avec un Thierry Mettetal aux allures napoléoniennes démoniaque). Peer Gynt est initié aux rites des trolls, juché sur tête géante de cochon en aluminium et boit jusqu’à écœurement les excréments de ses nouveaux compagnons. On le retrouve ensuite en plein désert puis dans un asile d’aliénés, après avoir endossé le costume d’un riche businessman à la City.
La mise en scène de David Bobée est foisonnante mais parfois les comédiens s’attachent trop à entrer dans la psychologie des personnages. C’est flagrant dans le dernier acte qui parait très long, surtout après 4 heures de spectacle. Il s’étire et David Bobée va devoir resserrer les boulons pour concentrer la fin de son spectacle afin de conserver la fraîcheur et la luminescence jusqu’au bout. Cela évitera peut-être comme cela s’est produit à la première au Grand T à Nantes que beaucoup de spectateurs et notamment des scolaires partent avant la fin.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Peer Gynt
texte Henrik Ibsen
traduction François Regnault
mise en scène et adaptation David Bobée
dramaturgie Catherine Dewitt
assistante à la mise en scène Sophie Colleu
scénographie David Bobée & Aurélie Lemaignen
création lumière Stéphane Babi Aubert
création son Jean-Noël Françoise
costumes Pascale Barré
avec Clémence Ardoin, Jérôme Bidaux, Pierre Cartonnet, Amira Chebli, Catherine Dewitt, Radouan Leflahi, Thierry Mettetal, Grégori Miège, Marius Moguiba, Lou Valentini, Butch McKoy
production CDN de Normandie-Rouen
coproduction Le Grand T de Nantes, Les Théâtres de la ville de Luxembourg, Les Gémeaux Scène Nationale de Sceaux, Châteauvallon scène nationale – Avec le dispositif d’insertion de l’Ecole du Nord, soutenu par la Région Hauts-de-France et la DRAC Région Hauts-de-France
Durée 1ère partie: 2h20
Entracte: 20 minutes
Durée 2ème partie: 1h20du 22 au 25 juin 2021
Grande Halle de la Vilette
Ce fut une belle représentation…
Si les scolaires partent c’est qu’il n’y a plus de bus à partir d’une certaine heure… ils seraient bien restés
Méthodologie Française,pour une mise en scène d’une arrogance somme toute très Latine…
Le metteur en scène ignore sûrement la merveilleuse partition de Grieg …
Le texte aboyé, les crachats divers et variés, la tête de cochon xxl…l’outrance est inutile.
Je me suis sauvée à l’entracte.