C’est le sommet théâtral de cette rentrée à Paris : JoeyStarr et Béatrice Dalle réunis sur scène dans l’adaptation d’Elephant Man au Théâtre des Folies Bergère. David Lynch en avait fait un film mythique. La mise en scène par David Bobée peine à trouver son rythme.
David Bobée respecte l’Elephant Man écrit par Bernard Pomerance et créé en 1977 à Londres par l’acteur Philip Anglim et repris avec succès par David Bowie en 1980 aux Etats-Unis. Bowie apparaît sans maquillage, sans prothèse, comme JoeyStarr. C’est un homme meurtri dans un corps d’animal. Seule son image projetée sur grand écran est déformée. David Bobée souhaite avant tout poser la question du rapport à la beauté. Qui est vraiment le monstre ? Le public voyeur ou l’homme défiguré ? La pièce raconte l’humanité d’un homme perçu comme un monstre, mais qui possède en lui une grande intelligence et une soif de savoir.
L’événement de ce spectacle c’est bien sur la rencontre au sommet pour la première fois sur scène entre Béatrice Dalle et Joeystarr. Entre la belle comédienne Mme Kendal qui tombe amoureuse de la bête John Merrick. Un duo glamour, touchant, mais qui ne parvient pas à trouver le ton juste. Car cet Elephant Man ne tient pas ses promesses. Cette super production est d’un ennui profond, la faute en revient surtout à l’adaptation et au texte qui sonne creux. Les comédiens n’arrivent pas à combler le vide. David Bobée non plus, il rajoute à sa mise en scène des séquences dansées inutiles qui alourdissent l’ensemble. Le spectacle est beaucoup trop long et s’essouffle très vite.
Cela n’enlève rien au travail remarquable de David Bobée dans ses fonctions de directeur du Centre Dramatique National de Normandie-Rouen. On aime quand il réveille le Festival d’Avignon en 2018 en proposant tous les jours à midi son feuilleton, Mesdames, Messieurs et le reste du monde et son engagement pour les invisibles. On aime lorsqu’il met en avant des autrices françaises importantes comme Gerty Dambury ou Eva Doumbia. On aime quand il emmène Florent Mahoukou dans les salles de classe avec My Brazza de Ronan Chéneau pour raconter l’Afrique. On aime lorsqu’il fait émerger une nouvelle génération de comédiens comme Radouan Leflahi (inoubliable Peer Gynt qui interprète ici Snork). On se dit d’ailleurs qu’il aurait fait un excellent John Merrick. Sa beauté extérieure et intérieure aurait souligné encore plus la monstruosité des charognards gravitant autour de cet homme Elephant.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Elephant Man
mise en scène David Bobée
texte Bernard Pomerance
traduction Pascal Colin
adaptation libre David Bobée et Pascal Colin
assistanat à la mise en scène Sophie Colleu
création lumière Stéphane Babi Aubret
scénographie Aurélie Lemaignen et David Bobée
création musique Jean-Noël Françoise
création vidéo Wojtek Doroszuk
avec JoeyStarr, Béatrice Dalle, Christophe Grégoire, Michael Cohen, Clémence Ardoin, Gregori Miège, Xio Yi Liu, Radouan Leflahi, Papythio Matoudidi, Luc Bruyère, Arnaud Chéron
production Be My Productions, sous la direction de Yann Errera
coproduction CDN de Normandie-RouenDurée: 3h avec entracte
26-28 septembre au CDN de Rouen
FOLIES BERGERE
32 rue Richer 75009 ParisProlongations aux Folies Bergère
du 28 novembre au 14 décembre 2019
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