Dans Un furieux désir de bonheur, Olivier Letellier mêle les disciplines au service d’une ode à la joie et à la liberté. Sans réussir à aller au-delà du bon sentiment.
Dès le premier tableau de Un furieux désir de bonheur, sa nouvelle pièce créée au Grand T à Nantes dont il est artiste associé et promise à une longue tournée, Olivier Letellier affiche sa volonté de « proposer aux jeunes publics une forme ambitieuse, mêlant les arts au plateau, et une distribution élargie afin de re-poser les conditions d’accompagnement, de création et de diffusion des spectacles ‘’Jeune Public’’ en France ». Sortant de grands costumes-camisoles éclairés à la manière de vitraux, les circassiens, danseurs et comédiens du spectacle s’avancent sur la musique composée par Mikaël Plunian. Derrière Geneviève de Kermabon, traînant derrière elle un lustre qui symbolise sans doute l’âge de son personnage, Léonie qui fête ses 70 ans, ils font entrée spectaculaire. Déployant la chorégraphie conçue par Sylvère Lamothe, ils forment un groupe homogène bien qu’aux gestuelles, aux expressions diverses. On ne peut s’y tromper, l’heure de la libération, du bonheur a sonné.
Léonie, ne tarde pas à nous apprendre l’actrice et circassienne qui l’incarne, attendait la mort le soir de son anniversaire, après un repas sans joie. L’invitée ne daignant montrer le bout de sa faux, Léonie prend une décision : finies les contraintes et les faux-semblants, désormais elle ne fera plus que lui dicte ce son cœur. Quitte à vexer, à choquer ses proches qui voient en elle une mère, une épouse, une grand-mère comme il faut. Une femme fiable, conforme à toutes les injonctions sociales. C’est donc une révolte de type soixante-huitarde quelque peu tardive que raconte Un furieux désir de bonheur écrit par Catherine Verlaguet. Faite de récits enchâssés – la libération de Léonie en provoque d’autres, par ricochets –, sa pièce cherche à démontrer, dit-elle, qu’« il n’y a pas d’âge pour commencer à vivre. Pas d’âge pour apprendre, le bonheur ».
Entre le conte et la pièce politique, le texte tourne hélas rapidement à vide. Comme la transformation de Léonie, celles qui suivent sont dites avec une langue simple, presque naïve, qui contraste avec une chorégraphie digne d’une comédie musicale. Très structurée, assez chargée. Le geste prime ainsi sur le verbe, au point de rendre anecdotiques les différentes histoires portées par Jeanne Favre, Ninon Noiret, Matéo Thiollier-Serrano, Marie-Julie Debeaulieu, Jules Sadoughi et Julien Bouanch. Le changement de la petite fille de Léonie, qui décide de se consacrer à sa passion pour le dessin plutôt que de reprendre le cabinet de compta de sa mère, est joué d’une manière acrobatique, avec une énergie disproportionnée par rapport à la révolte en question. Idem pour celui de son ami d’enfance, qui renonce à sa console de jeux pour sortir avouer son amour à Zaïna, une camarade de classe venue d’ailleurs. Laquelle trouve grâce à lui le courage de braver une interdiction émise en haut lieu en rejoignant l’équipe de basket du lycée.
Ces petites métamorphoses d’Un furieux désir de bonheur cherchent trop à susciter l’émotion et la révolte pour parvenir à leurs fins. Pleines de bons sentiments, elles font peu appel à la pensée, à l’intelligence du jeune public auquel la pièce s’adresse en priorité. Ce qui rend vaine l’ambition formelle affirmée par le metteur en scène, ainsi que sa tentative de faire un pied de nez au pessimisme ambiant.
Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr
Un furieux désir de bonheur
De Catherine Verlaguet
Mise en scène : Olivier Letellier
Avec : Julien Bouanich, Marie-Julie Debeaulieu, Genevieve De Kermabon, Jeanne Favre, Ninon Noiret, Jules Sadoughi, Mathéo Thiollier-Serrano
Chorégraphie : Sylvère Lamotte
Création sonore : Mikaël Plunian
Assistanat : Jonathan Salmon
Création lumières, régie générale : Sébastien Revel
Régie générale : Célio Ménard
Costumes : Juliette Gaudel
Construction du décor : Atelier du Grand T
Coproduction : Le Grand T Théâtre de Loire-Atlantique Nantes, Théâtre de La Ville Paris, Fontenay-en-Scènes, Fontenay-Sous-Bois, Le Volcan Scène Nationale du Havre, Les Tréteaux de France Centre Dramatique National Aubervilliers, La Passerelle Scène Nationale Saint-Brieuc, Pôle des Arts de la Scène Marseille, L’Archipel Pôle d’Action Culturelle Fouesnant-les-Glénan, Théâtre Massalia Marseille, CIRCa Pôle National des Arts du Cirque Auch,
Théâtre la Licorne Ville de Cannes, Espace Marcel Carné Saint-Michel-sur-Orge, Maison des Arts de Créteil, Théâtre André Malraux Chevilly-Larue, Maison des Arts du Léman Thonon-Les-Bains
Le Théâtre du Phare est conventionné par le Ministère de la Culture – Drac Île-de-France au titre de compagnie à rayonnement national et international, par le Conseil Régional d’Île-de-France au titre de la Permanence Artistique et Culturelle, et soutenu au fonctionnement par le Département du Val-de-Marne.
Durée : 1hNANTES LE GRAND T
Lun 4 Nov 2019 20h
Mar 5 Nov 2019 20h
Mer 6 Nov 2019 20h
Jeu 7 Nov 2019 20h
Ven 8 Nov 2019 20h30
Sam 9 Nov 2019 17h30Fontenay-sous-Bois – Fontenay-en-Scènes
Du 28 au 30 novembre 2019
Saint-Michel-sur-Orge – Espace Marcel Carné
Le 10 décembre 2019
Le Havre – Le Volcan, Scène Nationale
Le 13 décembre 2019
Fouesnant-les-Glénan – L’archipel
Les 17 et 18 décembre 2019
Saint-Brieuc – La Passerelle, SCÈNE NATIONALE
Le 14 janvier 2020
Meyrin – Théâtre Forum
Les 22 et 23 janvier 2020
Thonon-les-Bains – Maison des Arts du Léman
Le 28 janvier 2020
Tremblay-en-France – Théâtre Louis Aragon
Les 27 et 28 février 2020
Saint-Barthélémy-d’Anjou – Théâtre de l’Hôtel de Ville
Le 9 mars 2020
Marseille – CDN La Criée en partenariat avec le Théâtre Massalia
Les 13 et 14 mars 2020
Cavaillon – La Garance, Scène Nationale
Le 17 mars 2020
Lille – Grand Sud
Les 26 et 27 mars 2020
Chevilly-Larue – Théâtre André Malraux
Le 3 avril 2020
Créteil – Maison des Arts
Les 5 et 7 mai 2020
Vélizy – L’Onde Théâtre Centre d’Art
Le 15 mai 2020
Paris – Théâtre de la Ville
Du 26 mai au 6 juin 2020
J’ai adoré ce spectacle. Plein de vie et d’envie.