photo Charles-Henry Frizon
Dans O, ChloĂ© Moglia fait cohabiter lâart de se suspendre avec parole et dessin pour dĂ©fendre sa vision du monde dĂ©s-anthropocentrĂ©e, fĂ©ministe et Ă©cologique. Elle dĂ©ploie une cosmogonie amusante, bien rythmĂ©e et plus didactique que ses prĂ©cĂ©dentes crĂ©ations.
PoĂ©tesse en suspension, ChloĂ© Moglia trace depuis 2009 avec sa compagnie Rhizome des chemins dans lâespace, souvent sur des structures en hauteur, oĂč les parcours de chacune et chacun sâentrecroisent et s’enrichissent. Dans les piĂšces de la circassienne experte dans lâart de se suspendre, le corps tient bon, est rappelĂ© Ă sa condition matĂ©rielle. Avec sa derniĂšre piĂšce « O », elle dĂ©plie une cosmogonie amusante, entre chorĂ©graphie suspensive, parole et dessin pour parler Ă©cologie, fĂ©minisme et antispĂ©cisme.
O, le titre de la piĂšce prononcĂ© dans le micro par ChloĂ© Moglia prĂ©figure un rĂ©cit des origines. On ne sây trompe pas : « Au commencement nous Ă©tions tous et toutes les mĂȘmes vivants », rappelle une inscription au scotch sur une structure circulaire blanche au milieu de la piĂšce – moins imposante toutefois que la gigantesque spirale quâelle arpentait avec six autres interprĂštes en 2017 dans La Spire. Ce rĂ©cit des origines se dĂ©plie en gestes : on la voit grimper sur le cercle, se suspendre, chercher des chemins pour parvenir au point le plus haut, en tĂątonnant. Une mĂ©taphore de la condition humaine, entre ciel et terre, force et fragilitĂ©, qui jalonne ses spectacles. Mais ces suspensions dans les airs, sont ici ponctuĂ©es de passages plus narratifs bien rythmĂ©s, qui font apparaĂźtre des personnages et slogans audacieux, qui Ă©mergent dans la mise en scĂšne dĂ©pouillĂ©e. En tĂ©moigne un entretien fictif avec un bonhomme dessinĂ© Ă la craie – personnage dont le graphisme rappelle la grande fresque de LâOiseau Ligne (2019) – ou Ă lâhistoire dâun crocodile doctorant affirmant quâil est « impossible de dissocier la lutte Ă©cologique des luttes pour la justice sociale ».
Si ses revendications apparaissent toujours de maniĂšre implicite dans ses piĂšces, en questionnant la condition humaine ou encore les liens des humains avec le reste du vivant, elle s’exprime ici de maniĂšre bien plus explicite qu’Ă ses habitudes. Une façon d’enrichir son univers symbolique singulier doux et poĂ©tique, qui exhorte avec facĂ©tie Ă une rĂ©flexion sur lâanthropocentrisme, Ă travers des revendications fĂ©ministes et Ă©cologiques. Au risque, peut-ĂȘtre, de devenir trop didactique.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
O
Conception et réalisation Chloé Moglia, Rhizome
Création musicale Marielle Chatain
Agencements sonores Chloé Moglia
Conception et construction de la structure Eric Noel et Silvain Ohl
Production Rhizome
Coproductions (en cours) â Le Quartz, ScĂšne nationale de Brest ; ScĂšne nationale de lâEssonne, Agora-Desnos ; La Passerelle, ScĂšne nationale de Saint-Brieuc ; Le Théùtre, scĂšne nationale de Saint-Nazaire.
Du 27 novembre au 1 décembre 2024
MC93, BobignyDu 3 décembre au 4 juillet 2024
La Manufacture, CDCN, Bordeaux (33)Les 10 et 11 décembre 2024
La Passerelle, ScĂšne nationale de Saint-BrieucLes 15 et 16 mai 2025
Le Zef, ScĂšne nationale de Marseille
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?NâhĂ©sitez pas Ă contribuer !