Dans O, Chloé Moglia fait cohabiter l’art de se suspendre avec parole et dessin pour défendre sa vision du monde dés-anthropocentrée, féministe et écologique. Elle déploie une cosmogonie amusante, bien rythmée et plus didactique que ses précédentes créations.
Poétesse en suspension, Chloé Moglia trace depuis 2009 avec sa compagnie Rhizome des chemins dans l’espace, souvent sur des structures en hauteur, où les parcours de chacune et chacun s’entrecroisent et s’enrichissent. Dans les pièces de la circassienne experte dans l’art de se suspendre, le corps tient bon, est rappelé à sa condition matérielle. Avec sa dernière pièce « O », elle déplie une cosmogonie amusante, entre chorégraphie suspensive, parole et dessin pour parler écologie, féminisme et antispécisme.
O, le titre de la pièce prononcé dans le micro par Chloé Moglia préfigure un récit des origines. On ne s’y trompe pas : « Au commencement nous étions tous et toutes les mêmes vivants », rappelle une inscription au scotch sur une structure circulaire blanche au milieu de la pièce – moins imposante toutefois que la gigantesque spirale qu’elle arpentait avec six autres interprètes en 2017 dans La Spire. Ce récit des origines se déplie en gestes : on la voit grimper sur le cercle, se suspendre, chercher des chemins pour parvenir au point le plus haut, en tâtonnant. Une métaphore de la condition humaine, entre ciel et terre, force et fragilité, qui jalonne ses spectacles. Mais ces suspensions dans les airs, sont ici ponctuées de passages plus narratifs bien rythmés, qui font apparaître des personnages et slogans audacieux, qui émergent dans la mise en scène dépouillée. En témoigne un entretien fictif avec un bonhomme dessiné à la craie – personnage dont le graphisme rappelle la grande fresque de L’Oiseau Ligne (2019) – ou à l’histoire d’un crocodile doctorant affirmant qu’il est « impossible de dissocier la lutte écologique des luttes pour la justice sociale ».
Si ses revendications apparaissent toujours de manière implicite dans ses pièces, en questionnant la condition humaine ou encore les liens des humains avec le reste du vivant, elle s’exprime ici de manière bien plus explicite qu’à ses habitudes. Une façon d’enrichir son univers symbolique singulier doux et poétique, qui exhorte avec facétie à une réflexion sur l’anthropocentrisme, à travers des revendications féministes et écologiques. Au risque, peut-être, de devenir trop didactique.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
O
Conception et réalisation Chloé Moglia, Rhizome
Création musicale Marielle Chatain
Agencements sonores Chloé Moglia
Conception et construction de la structure Eric Noel et Silvain Ohl
Production Rhizome
Coproductions (en cours) – Le Quartz, Scène nationale de Brest ; Scène nationale de l’Essonne, Agora-Desnos ; La Passerelle, Scène nationale de Saint-Brieuc ; Le Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire.
Du 27 novembre au 1 décembre 2024
MC93, BobignyDu 3 décembre au 4 juillet 2024
La Manufacture, CDCN, Bordeaux (33)Les 10 et 11 décembre 2024
La Passerelle, Scène nationale de Saint-BrieucLes 15 et 16 mai 2025
Le Zef, Scène nationale de Marseille
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