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Nicolas Struve rend Tchekhov amoureux

À la une, Coup de coeur, Les critiques, Paris, Théâtre
Gabriel Kerbaol

© Gabriel Kerbaol

Dans Correspondance avec la Mouette, Nicolas Struve met en scène une part peu connue d’Anton Tchekhov : sa relation avec Lydia Mizinova, qui lui inspira le personnage de Nina dans La Mouette. À travers les fragments d’échanges épistolaires pleins d’humour, inattendus, on entre dans les coulisses d’une œuvre dramatique majeure du siècle passé.

En découvrant les lettres échangées par Lydia Mizinova alias « Lika » et Anton Tchekhov de 1889 à 1900, Nicolas Struve tombe sous le charme en même temps qu’il s’étonne de la quasi-indifférence du milieu littéraire à leur égard. Les lettres de Lika, connue surtout pour avoir inspiré à l’auteur le personnage de Nina dans La Mouette, n’avaient jamais été traduites en français. Celles de Tchekhov sont absentes de la Pléiade, qui rassemble son œuvre théâtrale et ses récits. Pour en trouver des extraits, l’acteur – il fait notamment partie des fidèles collaborateurs de Valère Novarina – et metteur en scène russisant a dû éplucher de nombreuses publications biographiques et scientifiques. Il les a retraduits, et s’est attelé à celles de Lika. Résultat de ce long travail, sa Correspondance avec la mouette nous plonge dans un échange singulier, loin de tous les clichés du discours amoureux.

Manuscrit en mains, c’est David Gouhier qui nous accueille. Avant de dévoiler le fruit des recherches de Nicolas Struve, il nous lit une partie de La Mouette : le moment de l’acte quatre où Treplev fait le récit de la vie tragique d’une Nina qu’il n’a pas su aimer. Son amour déçu avec Trigorine, qui l’a quittée après la naissance de leur enfant, la perte précoce de cette petite fille, ses déceptions d’actrice sans gloire… Jetant au fur et à mesure de son récit les feuilles qu’il tenait sur le plateau, le comédien liquide en quelque sorte la fiction pour atteindre à ce qui l’a précédée et inspirée : la relation entre Lika Mizinova et Anton Tchekhov. Un amour plutôt malheureux, sans doute plus platonique que charnel, nourri par une riche correspondance – 98 lettres d’un côté, 64 de l’autre – traversée par les grands thèmes tchekhoviens. Et par un humour particulier, où tendresse et cruauté font meilleur ménage que les deux amoureux, qui ont passé davantage de temps à s’attendre qu’à s’étreindre.

Sur un plateau presque vide, à l’exception des feuilles qui le tapissent depuis l’introduction, David Gouhier est bientôt rejoint par Stéphanie Schwartzbrod, déjà mise en scène par Nicolas Struve dans Sacré sucré salé. Un seul en scène sur les liens entre cuisine et spiritualité. Munis chacun d’un pinceau et d’une petite réserve d’eau, les deux comédiens inscrivent sur les murs les dates et lieux d’écriture de chaque lettre. Leur jeu est ainsi placé sous le signe du fragile, de l’éphémère. Séparés de leurs personnages par plus d’un siècle et par de nombreux kilomètres, ils dressent vers eux un pont subtil, conscient de sa précarité. Un lien qui fait écho à celui que dessinent les fragments de correspondance, dont le sous-titre de la pièce, « C’est avec plaisir que je vous ébouillanterais », donne bien la tonalité.

C’est Lika qui ouvre les offensives. Avec une fraîcheur et une malice juvénile, Stéphanie Schwartzbrod donne corps aux mots de la jeune fille alors âgée de 19 ans et employée à la Douma, la chambre basse du Parlement de Russie. Tandis qu’Anton, à 29 ans, est déjà un écrivain célèbre. L’audace, l’effronterie de Lika séduit d’emblée. Portées par un David Gouhier qui excelle à rendre leur mélange de badinage et de grand sérieux, les réponses de ce dernier sont tout aussi délicieuses et inattendues. L’amour, dans Correspondance avec la mouette, se dit souvent par la taquinerie. Non sans laisser place parfois à des considérations plus littéraires ou existentielles, que l’on retrouve sous des formes diverses dans l’œuvre de Tchekhov.

La tendance à l’ennui, l’incapacité à aimer vraiment, la fuite devant toute forme d’engagement… Tous ces traits de caractère que révèlent peu à peu les fragments de cette Correspondance suggèrent la part de vécu, d’intime dont sont faits les personnages de Tchekhov. Nicolas Struve et ses deux comédiens touchent ainsi au mystère de la création en même temps qu’à celui de l’amour. Le tout avec la légèreté et l’élégance de l’oiseau blanc qui est presque devenu l’emblème de l’auteur russe.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Correspondance avec la Mouette
« C’est avec plaisir que vous ébouillanterais »

Adaptation des lettres qu’échangèrent A. Tchekhov et L. Mizinova

Traduction, adaptation, mise en scène : Nicolas Struve
jeu : Stéphanie Schwartzbrod – David Gouhier

Geste scénographique, costumes : Georges Vafias

Chorégraphie : Sophie Mayer
Lumières : Antoine Duris

Coréalisation La Reine blanche – Les Déchargeurs & Cie l’Oubli Des Cerisier

Avec le soutien du Théâtre de l’Abbaye (St Maur des Fossés) et partenariat avec RAVIV (Résau des artistes vivants en Ile-de-France)
le spectacle est labelisé par Rue du Conservatoire, association des élèves et anciens élèves du CNSAL
Avec le soutien de la SPEDIDAM. La SPEDIDAM est une société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées »

Durée : 1h10

du 24 août au 9 octobre 21
Théâtre de la Reine Blanche à 21h

23 août 2021/par Anaïs Heluin
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