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Après la fin : Huis clos atomique

À la une, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre
Simon Gosselin

photo Simon Gosselin

Dans Après la fin, l’auteur britannique Dennis Kelly poursuit son exploration des mécanismes de la violence. Maxime Contrepois peine à mettre en scène l’étrange cruauté de ce huis clos situé dans un contexte de catastrophe atomique.

Mark et Louise, dans la pièce Après la fin, ne se distinguent guère des autres protagonistes de l’œuvre de Dennis Kelly. Comme le couple de Orphelins, perturbée par l’arrivée d’un troisième personnage ensanglanté, ils sont des héros sans qualités particulières confrontés à une situation exceptionnelle. Comme la mère de famille de Girls and Boys, qui refoule l’assassinat de ses enfants par son mari, ils tentent de s’abriter du réel par les mots. En vain, car chez l’auteur britannique, le monde tel qu’il est, profondément imparfait, injuste, pèse sur les hommes d’une manière si absolue qu’aucune de leurs nombreuses ruses n’y peut rien. Il finit par prendre le dessus sur toutes les fictions, à moins qu’il n’en soit une lui-même : la plus puissante, la plus cruelle de toutes. Enfermés ans l’abri anti-atomique de Mark, où il a emmené Louise après une prétendue attaque nucléaire, tous les deux se dévoilent peu à peu. Ils laissent s’installer une violence qui aura raison de tous les masques sociaux, de toutes les convenances.

Dans la mise en scène de Maxime Contrepois, le refuge de Après la fin a des airs de garage plus ou moins aménagé. Dans ce décor réaliste, régulièrement englouti par une obscurité totale, Elsa Agnès et Jules Sagot se livrent d’abord à des gestes du quotidien. Pour dire la perte de repères de leurs protagonistes, et leur tentative de se raccrocher à des rituels qui ponctuent leurs journées sans soleil, les deux comédiens s’activent autour d’une casserole. Ils se lèvent, se recouchent. Ils arpentent l’espace réduit qu’ils sont contraints de partager, avant de retomber dans l’immobilité. Les dialogues brefs de Dennis Kelly, où des histoires drôles côtoient des allusions au terrorisme qui sévit dehors, résonnent dans leurs bouches comme les propos d’ados abrutis non seulement par la catastrophe, mais aussi par l’ère du temps.

Bien que plus discrète que dans Love and Money et dans L’Abattage rituel de George Mastromas du même Dennis Kelly, une critique du capitalisme est à l’œuvre dans Après la fin.  Au lieu d’accentuer la tension à l’œuvre dans le huis clos, cet aspect de la pièce en affaiblit la portée. Elle aurait gagné à ne pas être trop mise en avant, à être portée peut-être par un jeu plus sobre, susceptible d’ouvrir l’interprétation. Dans le théâtre de Dennis Kelly, les mots ne sont que peu de choses à côté de ce qu’ils cachent de peurs et de pulsions. C’est là où pêche le travail de Maxime Contrepois : avec un jeu saturé en émotions, souvent hystérique, des vidéos filmées à vue et projetées sur le décor et des nappes de musique électro, le metteur en scène illustre davantage qu’il ne suggère. L’évolution des personnages et de leur relation, avec au milieu de la pièce un renversement des rapports de pouvoir, provoque alors l’effroi pour de mauvaises raisons. Plutôt que de donner à sentir le trouble intérieur des deux captifs, ce Après la fin met trop l’accent sur ses manifestations extérieures.

Plus le spectacle s’achemine vers ce qui semble être la vérité – l’attaque nucléaire n’aurait existé que dans l’imagination détraquée de Mark, comme prétexte pour capturer Louise qu’il aimait secrètement –, plus il avance dans le sordide. Après une partie de Donjons & Dragons imposée par Mark à une Louise réfractaire, la violence jusque-là latente devient coups, viols, privation de nourriture. Mise en scène de manière littérale, cette sauvagerie glace à la manière d’un film d’horreur : immédiatement, mais pour une durée très brève, et sans beaucoup susciter la pensée.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Après la fin
Maxime Contrepois / texte de Dennis Kelly
Dramaturgie Olivia Barron

Son Baptiste Chatel

Costumes Joana Gobin

Lumière Sébastien Lemarchand

Scénographie Margaux Nessi

Vidéo Raphaëlle Uriewicz

Régie générale Solène Ferréol

Avec Elsa Agnès, Jules Sagot

production, diffusion Léa Serror • production Le Beau Danger • coproduction Espace des Arts – Scène nationale de Chalon-sur-Saône, Comédie de Caen – CDN de Normandie, Atheneum – Dijon et Théâtre d’Auxerre – Scène conventionnée • Avec l’aide à la création de la ville de Dijon, de la Drac Bourgogne Franche-Comté, de la Région Bourgogne Franche-Comté et de la SPEDIDAM. • Avec le soutien artistique de la Maison Louis Jouvet et la participation artistique du Jeune Théâtre National • Résidence à l’Atheneum – Dijon (en partenariat avec l’ABC), à l’ Espace des Arts – Scène nationale de Chalon-sur-Saône et au Théâtre d’Auxerre, scène conventionnée (avec le soutien de la DRAC Bourgogne – Franche-Comté) • Construction de décors à La Comédie de Caen – CDN • Ce spectacle est soutenu par le Réseau Affluences • Remerciements à la Compagnie MidiMinuit et à Prieur Sports.

Durée: 1h30

Théâtre de la Cité Internationale
02 > 14 MARS 2020

4 mars 2020/par Anaïs Heluin
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