Pour quelques jours seulement, le Théâtre Jean Vilar de Suresnes, accueille la « Bérénice » de Jean Racine, mise en scène par Jacques Osinski. Classique aux airs immuables, Osinski ne cherche pas à en faire autre chose que ce qu’est ce texte : un classique monumental et néanmoins splendide.
L’épure est totale, un rideau blanc sur lequel se reflètent quelques lumières remplit un vide en fond de scène. Le proscenium du théâtre est une plage, symbolisant de la mer qui résonne souvent, entre les scènes. Tous les personnages sont en noir, seule Bérénice a droit au blanc et contraste ainsi par son corps de toute cette esthétique austère, presque janséniste, qui n’aurait sans doute pas déplue à Racine lui-même. Dans ce « Bérénice », la couleur vient des mots.
Ces mots, on les entend bien de chacun des acteurs. On regrette seulement parfois que Stanislas Stanic, qui joue Titus manque de personnalité face à Maud Le Grévellec qui incarne l’héroïne racinienne avec de puissantes émotions à chaque réplique.
Ce partis pris oral est un choix qui conduit les acteurs à une économie de mouvements, parfois frustrante quand on connaît l’intensité des sentiments des personnages : Antiochus aime Bérénice, qui aime Titus, mais Titus ne peut aimer Bérénice maintenant qu’il est empereur de Rome, et il demande donc à Antiochus d’emmener Bérénice loin de la capitale impériale. Sauf que pendant que la tragédie déroule ses liens, aucun acteur ne bouge sauf pour entrer et sortir de scène. Tous s’installent et déclament.
Selon ce que le spectateur est venu chercher, ce spectacle peut donc être soit monolithique, soit essentiel. Les amoureux du texte en ressortiront conquis, les autres devront accepter de se plonger dans un monde où les amants ne s’approchent pas. Mais les mots sont si beaux et bien dits, qu’ils résonnent encore de longues heures après la représentation.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
« Bérénice » de Racine
Mise en scène Jacques Osinski
Avec Maud Le Grévellec, Stanislas Stanic, Clément Clavel, Alice Le Strat, Arnaud Simon
Dramaturgie Marie Potonet
Scénographie Christophe Ouvrard
Lumière Catherine Verheyde
Costumes Hélène Kritikos
Production Cie L’aurore Boréale. Coproduction Théâtre de Suresnes Jean Vilar.Durée : 2h
Théâtre de Suresnes Jean Vilar
Du 24 au 28 février 2017
Mise en scène très décevante, ne mettant pas du tout en valeur le texte, le rendant plat, insipide et ennuyeux, avec un visuel triste…