François Rancillac met en scène ce conte de Gilles Granouillet qui se perd souvent dans différents méandres, mais qui est bien porté par deux jeunes comédiens : Anthony Breucec (Perpignan) et Riad Gahmi (Marzeille).
Perpignan et Marzeille sont deux frangins, un peu espiègles comme pas mal d’enfants de leur âge. Ils cherchent à noyer les chiots de leur chienne, ils cherchent aussi leur mère absente, ils veulent la libérer, elle qui hurle ivre sur un phare. La pièce est une épopée, un conte pour adulte raconté par ces deux enfants. Le texte navigue entre le style direct et style indirect. Il oscille aussi entre lyrisme, humour absurde et réalisme.
Et dans ces chemins détournés, l’auteur Gilles Granouillet brouille les pistes jusqu’à faire perdre le fil aux spectateurs qui ne sait plus s’il doit se laisser emporter par la poésie du texte ou s’énerver face à certains passages : « Le bon Dieu il est connu pour ne rien laisser au hasard » ou « Si c’était important, les animaux s’enterreraient eux-mêmes ».
Dans cette quête pour sauver la mère, dans cette épopée, Perpignan et Marzeille trouvent sur leur route divers personnages, dont un conducteur d’engin de travaux (Antoine Caubet) qui utilise les pompons tricotés par sa femme (Françoise Lervy) sur les leviers de sa machine. Les deux gamins utilisent l’engin, mais détruisent un Algeco dans lequel se trouve la femme du conducteur d’engin avec son amant. Un des moments les plus cocasses de la pièce et bien joué par les comédiens.
La complicité entre l’auteur Gilles Granouillet et François Rancillac est totale depuis les années de la Comédie de Saint-Etienne. Mais au lieu de se laisser porter par les mots de Gilles Granouillet, François Rancillac a fabriqué autour de l’imaginaire de l’auteur, un autre imaginaire, une scénographie pesante et qui casse le rêve. De grands rideaux de plastique rapiécés servent de décors à ce conte qui n’en n’a guère besoin. A tel point que lorsque toutes ces bâches tombent et laissent l’espace scénique à nu, on est enfin soulagé et on est embarqué par le texte. Mais dommage car c’est la fin. Les deux enfants touchent au but. Emmenés dans un bateau par leur père qui rame jusqu’à l’épuisement, ils espèrent sauver leur mère. Ils n’y parviendront pas.
Les deux frères sont interprétés par Anthony Breucec (Perpignan) et Riad Gahmi (Marzeille). Ils racontent très bien cette épopée et font souvent oublier les errements d’un spectacle qui ne parvient pas à capter l’attention de bout en bout.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
MA MÈRE QUI CHANTAIT SUR UN PHARE
texte français de Gilles Granouillet (Éditions Actes Sud/Papiers)
mise en scène François Rancillac
assistante à la mise en scène Lucile Perain
scénographie Raymond Sarti, assisté de Vera Martins
lumière Marie-Christine Soma, assistée de Manon Lauriol
costume Cidalia Da Costa
son Michel Maurer avec la voix d’Isabelle Duthoit
danse des pompons Israël Sànchez- Gonzàles
avec Patrick Azam, Anthony Breurec, Antoine Caubet, Riad Gahmi, Pauline Laidet et
Françoise Lervy
production Théâtre de l’Aquarium / Le Carré – Scène nationale de Château Gontier / La Comédie de Caen – Centre dramatique national de Normandie / Le Fracas – Centre dramatique national de Montluçon – Région Auvergne. Avec l’aide à la production d’Arcadi. Avec l’Aide à la création dramatique du Centre National du Théâtre et l’aide à la création de la DGCA – Ministère de la Culture et de la Communication.
durée du spectacle : 1h30
4 janvier > 3 février 2013 création française
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h
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