Après avoir adapté avec brio deux romans, La 7e fonction du langage de Laurent Binet et Réparer les Vivants de Maylis de Kérangal, Sylvain Maurice présente Ma Cuisine, un jeu de piste culinaire au goût de nostalgie qui aurait mérité d’être un peu plus relevé.
“L’odeur et la saveur sont l’édifice du souvenir” c’est la maxime affichée au haut de la cuisine installée sur le plateau du CDN de Sartrouville. Nadine Berland, Brice Coupey et Laurent Grais sont aux fourneaux. On coupe, on émince, on hache menu. Une caméra cachée sous le plan de travail retransmet les créations culinaires, imaginée avec Philippe Rodriguez-Jorda, marionnettiste et cuisinier. Sylvain Maurice s’est inspiré de sa vie pour écrire cette autofiction. L’essentiel de la construction du spectacle s’est réalisé au plateau avec les comédiens.
Victor (Brice Coupey) est le personnage central de la pièce. C’est un cuisinier globe-trotter. On le suit au Brésil, au Japon, en Russie. Il prend le temps d’écrire des cartes postales à sa grand-mère, lues par Nadine et mises en musique par Laurent. Dans sa cuisine, il crée des recettes, mais aussi des compositions artistiques. Avec des quartiers de pommes, il dessine des personnages, dont les cheveux se transforment lorsqu’il fait glisser avec agilité le sucre roux. Avec un œuf, il dessine une nature morte. Les spaghettis deviennent un jeu de mikado. Les pâtes alphabet de vermicelle composent des mots. Nostalgie des souvenirs d’enfance où l’on entendait les adultes crier : “on ne joue pas avec les aliments !”
Même si dans la forme, Sylvain Maurice utilise les nouvelles technologies, ce spectacle manque de force et de flamme. Les chansons sous forme de comptines sont hors du temps. Et même si l’ivresse gagne les comédiens, aidés par le Cointreau qui coule à flots, on ne peut pas dire que l’on sorte rassasié de cette cuisine. Le public semble y trouver son compte, il se rue sur la dégustation de crêpes. On attend avec impatience que Sylvain Maurice revienne à un travail autour d’un texte et d’un thème plus inspirants. Ce sera avec la grande Agnès Sourdillon.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Ma cuisine
conception et mise en scène Sylvain Maurice
écrit avec les contributions de Nadine Berland, Aurélie Hubeau, Thomas Quillardet, Philippe Rodriguez-Jorda
avec Nadine Berland, Brice Coupey, Laurent Grais
assistanat à la mise en scène Aurélie Hubeau
scénographie Antonin Bouvret
costumes Marie La Rocca
vidéo Loïs Drouglazet en collaboration avec Rémi Rose
lumière Gwendal Malard en collaboration avec Robin Camus
musique originale Laurent Grais
son Clément Decoster
régie générale Rémi Rose
régie son Clément Decoster
régie lumière et vidéo Rémi Rose et Loïs Drouglazet (en alternance)
production Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN
coproduction TJP Centre dramatique national Strasbourg Grand Est
le texte Immeubles gris Immeubles noirs est librement adapté de Street Life de Joseph Mitchell (trad. François Tizon, Éd. Trente-trois morceaux)
Durée: 53 minutesCréation au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN
Du 10 au 20 décembre 2018
16 mars / La Nuit de la marionnette dans le cadre du Festival MAR.T.O / Théâtre Jean-Arp / Clamart
20 mars / Théâtre Jean-Arp / Clamart
du 22 au 23 mars / TJP Centre dramatique national Strasbourg Grand Est
du 26 au 30 mars / Le Monfort Théâtre / Paris
du 23 au 25 mai / Théâtre Nouvelle Génération / CDN / Lyon
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