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Ludovic Tézier, sombre Simon en son noir vaisseau

À la une, Décevant, Les critiques, Opéra, Paris

Ludovic Tezier dans Simon Boccanegra photo Agathe_Poupeney OnP

La nouvelle production de Simon Boccanegra donnée à l’Opéra Bastille voit dominer le chant radieusement verdien du grand baryton Ludovic Tézier sur la mise en scène particulièrement âpre et crépusculaire d’un Calixto Bieito peu inspiré.

Musicalement splendide, ce Simon Boccanegra de Verdi ne restera sans doute pas comme une pièce majeure dans l’oeuvre du metteur en scène catalan ; en revanche, il comptera à l’évidence comme un jalon supplémentaire dans la belle carrière verdienne du chanteur français. Après avoir incarné à l’Opéra Bastille les rôles de Luna (Il Trovatore ), de Germont père (La Traviata), de Rodrigo (Don Carlos), Ludovic Tézier campe pour la première fois dans une production scénique le rôle-titre de Simon Boccanegra qu’il n’avait jusque là offert qu’en version de concert au Théâtre des Champs-Elysées. Sa composition vocale et théâtrale est fabuleusement riche. On y admire toujours la beauté d’un timbre charnu et lumineux, l’ampleur d’une voix ronde, de sa superbe projection, d’un souffle qui semble infini, la chaleur et le rayonnement de l’expression. Sa prestation est également très convaincante car véritablement soucieuse de l’expressivité dramatique.

Son Boccanegra se présente en simple imperméable, puis en chemise et bretelles, les manches retroussées. Il a le regard sombre du pirate, la stature charismatique du gouverneur en plein bain de foule, il est sans excès d’autorité, plutôt méfiant et même hagard, d’une grandeur noble et généreuse comme d’une vulnérabilité saisissante. Toute la poigne et le pathétisme du personnage profondément humain sont au rendez-vous. Insaisissablement absent aux acclamations du peuple qui vient de l’élire comme doge, il sanglote et gémit agenouillé sur le corps de Maria, mystérieuse et redondante présence débarquée sur une feuille de Polyane qui traîne sa silhouette demi-nue, fatiguée et mutilée.

Evidemment Calixto Bieito n’y est pas pour rien. Sa direction d’acteurs comme toujours précise et acérée fait pleinement exister les personnages : Fiesco (jeune et superbe basse, Mika Kares), Pietro (honnête Mikhail Timoshenko), Amélia (émouvante Maria Agresta qui sans peut-être avoir toute l’étoffe du rôle est d’une parfaite justesse dans la pauvresse qui en est faite), Gabriele (plus problématique car le ténor Francesco Demuro, non dépourvu de séduction est trop serré dans l’aigu), Paolo (Nicola Alaimo trop poussif et aux graves bien graillonneux).

Pour autant, l’artiste catalan a habitué à des mises en scène plus fortes et inspirées. Ce qu’il propose ici voisine avec la quasi absence de point de vue. Une œuvre au contenu aussi politique et humain que Simon Boccanegra de Verdi méritait meilleur traitement et malgré tout ce qui a pu être dit d’injustement dépréciatif sur l’ancien travail de Johan Simons présenté à l’Opéra de Paris, il était une transposition beaucoup plus pertinente qu’ici. Le travail de Bieito oscille entre une violence soudaine et une tendresse peu assumée ; le plus souvent, il sombre dans l’inconsistance. Très statiques, les chanteurs sont plantés à l’avant-scène comme au bord d’un précipice. Derrière eux, s’ouvre béant, l’abîme noir d’un unique décor à la fois vide et monumental : une imposante structure métallique sur tournette enveloppée d’une coque noire ébène apparaît aussi bien comme un navire stylisé que comme le tortueux espace psychique du personnage.

Les chœurs sont très en verve bien que mal costumés et réduits à un immobilisme de convention. L’orchestre fait montre d’une écoute méticuleusement attentive à la direction extrêmement lente mais capiteuse de Fabio Luisi d’une rare finesse. Même dans une noirceur totale, se laissent apprécier les sublimes couleurs de la partition.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Simon Boccanegra
Melodramma en un prologue et trois actes

Musique :
Giuseppe Verdi

Livret :
Francesco Maria Piave
Arrigo Boito

Direction musicale :
Fabio Luisi

Mise en scène :
Calixto Bieito

Décors :
Susanne Gschwender

Costumes :
Ingo Krügler

Lumières :
Michael Bauer

Vidéo :
Sarah Derendinger

Chef des Choeurs :
José Luis Basso

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris

Distribution
Simon Boccanegra :
Ludovic Tézier

Jacopo Fiesco :
Mika Kares

Maria Boccanegra (Amelia Grimaldi) :
Maria Agresta
12, 15, 18, 21, 24, 28 nov. 7, 10, 13 déc.
Anita Hartig
1, 4 déc.

Gabriele Adorno :
Francesco Demuro

Paolo Albani :
Nicola Alaimo

Pietro :
Mikhail Timoshenko

Un capitano dei balestrieri :
Cyrille Lovighi

Un’ancella di Amelia :
Virginia Leva-Poncet

Durée 3h10

Opéra Bastille
du 12 novembre au 13 décembre 2018

17 novembre 2018/par Christophe Candoni
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