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Ludovic Lagarde reste à Quai

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Ludovic Lagarde monte Quai Ouest de Bernard-Marie Koltès au Théâtre National de Bretagne
Ludovic Lagarde monte Quai Ouest de Bernard-Marie Koltès au Théâtre National de Bretagne

Photo Gwendal Le Flem

Malgré une distribution quatre étoiles sur le papier, le metteur en scène ne parvient pas à trouver les clefs du Quai Ouest de Koltès.

D’emblée, Bernard-Marie Koltès prévient. « Et maintenant : où ? par où ? comment ?, s’interroge Monique dès ses premiers pas au fin fond de la zone portuaire abandonnée. Seigneur ! Par ici ? c’est un mur, on ne peut plus avancer ». Ce mur, c’est à l’évidence celui, symbolique, qui sépare le monde des vivants du quai des ombres où elle s’apprête à pénétrer ; c’est aussi, semble nous dire le dramaturge, celui que tout metteur en scène aura à escalader, brique par brique, pierre par pierre, pour accéder à son univers, pour capter la magnificence de son Quai Ouest, ce no man’s land entre chien et loup, où des femmes et des hommes recrachés par la société capitaliste sont venus s’échouer, jusqu’à devenir des fantômes, des âmes errantes, des vaincus qui n’ont, en dépit de tout, pas cessé le combat et sont bien décidés à s’entre-dévorer en guise d’ultime festin ; c’est, enfin, celui que Ludovic Lagarde n’aura malheureusement pas réussi à franchir tout au long de l’adaptation trop prudente qu’il en livre au Théâtre National de Bretagne.

Il faut dire que la pièce de Koltès ne fait, comme souvent chez l’auteur, pas partie des plus faciles à appréhender, qu’à l’image des personnages qu’elle dépeint elle se dérobe dès qu’elle se sent saisie. « Il faudrait, a priori, considérer que tout langage est ironique et tout déplacement grave, soulignait le dramaturge en ouverture de ses notes « Pour mettre en scène Quai Ouest ». Cela éviterait de prendre au sérieux des choses qui ne le sont pas, de rendre triste des scènes qui devraient être drôles, et d’éliminer le tragique de cette histoire. » Aux prises avec cette danse théâtrale qui puise sa beauté dans le sibyllin, Ludovic Lagarde n’a pas su trouver sa voie, fixer un cap, et sortir de cet entre-deux stérile qui ne cesse d’hésiter entre l’ultra-réalisme et le chimérique. L’espace scénographique qu’il conçoit, avec l’aide d’Antoine Vasseur, est, à bien des égards, symptomatique de ce surplace. Esthétiquement douteux par son aspect monolithique, il s’avère symboliquement juste avec son allure de place portuaire décharnée où l’on pense qu’aucun être humain n’osera encore s’aventurer ; sauf que cet endroit qui devrait se situer à mi-chemin entre les limbes et l’enfer ne provoque, en définitive, aucune terreur, aucun dégoût. Eclairé par les lumières trop artificielles, presque téléphonées, de Sébastien Michaud, animé, en toile de fond, par les incrustations vidéos maladroites de Jérôme Tuncer, il se révèle, dans l’exploitation trop sage, sobre, voire scolaire, que Ludovic Lagarde en fait, cruellement figé, incapable de générer une ambiance anxiogène qui pourrait mettre le plateau sous tension.

Une proposition scénique trop appliquée qui trahit, en réalité, un manque de lecture de l’oeuvre de Koltès que le metteur en scène ne fait que suivre au pied de la lettre, comme s’il n’avait pas osé s’en saisir ou su en trouver les clefs. Quelques intentions se font évidemment jour çà et là – comme la dimension burlesque, voire grotesque du tandem formé par Koch et son assistante Monique –, mais Ludovic Lagarde se contente, pour l’essentiel, d’un rôle de passeur. S’il parvient à donner, dans sa direction d’acteurs, une fluidité certaine à la langue si difficile – car très écrite sous son apparente banalité – du dramaturge, il ne cherche jamais à la creuser pour révéler cette puissance symbolique qui à chaque phrase, ou presque, transpire. Insuffisamment guidés, les comédiens, qui se sortent, malgré tout, avec un brio remarquable de ce piège linguistique dans lequel ils ne donnent jamais l’impression de se débattre, n’y puisent aucune force et ne s’en servent que très rarement comme d’un tremplin pour faire émerger ce que, au fond de lui, le texte contient ou, à tout le moins, advenir une quelconque étrangeté.

Pourtant, la distribution alignée par Ludovic Lagarde avait des airs de casting quatre étoiles, a priori capable, sans trembler, de relever le défi koltèsien. Las, la majorité des interprètes, dont on pouvait attendre beaucoup, se montrent, sans être totalement à la peine, largement lisses, fades, et parfois même transparents. Exceptions faites de Micha Lescot, qui se démarque et donne un certain magnétisme au personnage de Charles, et, dans une moindre mesure, de Dominique Reymond et Christèle Tual, irrégulièrement pertinentes dans leurs rôles respectifs de Cécile et Monique, aucun ne parvient à donner un caractère particulier, un relief, aux figures qu’ils incarnent, à aller au-delà de ce que Koltès esquisse. Tout se passe comme si Ludovic Lagarde avait gommé leurs aspérités naturelles, comme s’il ne leur avait pas assez fait confiance, comme s’il leur avait tenu la bride un peu trop courte. Sans doute, encore une fois, par prudence, qui s’est avérée, en l’espèce, et dans la totalité de ce projet, bien mauvaise conseillère.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Quai Ouest
Texte Bernard-Marie Koltès
Mise en scène Ludovic Lagarde
Avec Léa Luce Busato, Antoine de Foucauld, Laurent Grévill, Micha Lescot, Laurent Poitrenaux, Dominique Reymond, Christèle Tual, Kiswendsida Léon Zongo
Assistanat à la mise en scène, dramaturgie Pauline Labib-Lamour
Scénographie Antoine Vasseur
Lumière Sébastien Michaud
Costumes Marie La Rocca assistée de Armelle Lucas
Maquillage et coiffures Cécile Kretschmar
Musique Pierre-Alexandre « Yuksek » Busson
Musique additionnelle Come Rain or Come Shine (Harold Arlen – Johnny Mercer) par Ray Charles
Son David Bichindaritz
Image Jérôme Tuncer

Production Théâtre National de Bretagne ; Compagnie Seconde nature
Coproduction Théâtre national de Strasbourg ; Nanterre-Amandiers, centre dramatique national ; Scène nationale d’Albi ; La Comédie de Clermont-Ferrand, scène nationale ; TAP – Théâtre Auditorium de Poitiers ; Tandem, scène nationale Arras Douai
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Avec le soutien de La Villette, Paris
Le texte de la pièce est publié aux Éditions de Minuit

Durée : 2h20

Théâtre National de Bretagne, Rennes
du 28 septembre au 9 octobre 2021

TAP – Théâtre Auditorium de Poitiers
les 13 et 14 octobre

Scène nationale d’Albi
le 21 octobre

Comédie de Clermont-Ferrand, scène nationale
du 17 au 19 novembre

Théâtre National de Strasbourg
du 8 au 16 décembre

Tandem Arras Douai
les 11 et 12 janvier 2022

Nanterre-Amandiers, CDN
du 3 au 19 février

30 septembre 2021/par Vincent Bouquet
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