Olivier Py s’attaque à son premier Shakespeare. Avec Roméo et Juliette il a donc choisi pour sa dernière saison en tant que directeur de l’Odéon Théâtre de l’Europe de s’entourer d’une troupe de jeunes comédiens. Mathieu Dessertine (Roméo) a déjà joué dans Les enfants de Saturne, tandis que Camille Cobbi sort du Conservatoire. Pour cette première incursion dans le théâtre de Shakespeare, Olivier Py livre une nouvelle traduction, dans une langue très ancrée dans notre quotidien, comme l’aurait livré l’auteur s’il avait vécu aujourd’hui. Cette version très libre, mais sans aucune diversion avec le texte original est la vraie plus value du spectacle. La traduction est un petit délice qui atteint son apogée dans quelques scènes qui vont très vite devenir cultes. Lorsque Roméo et ses amis se chamaillent cela donne une scène franchement gay friendly, pas déplaisante, aux répliques sulfureuses. « On va s’envoyer en l’air pour voir si les cochons ont des ailes, on va jouer à saute-mouton pour voir qui est le roi de la carotte », lance Mercutio. « Tu vas passer à la casserole ! » lui répond Roméo. Cette nouvelle traduction, truculente, plait au jeune public, et c’est là tout l’art d’Olivier Py d’ouvrir le théâtre aux nouvelles générations.
Pour le reste sa mise en scène possède moins de surprises que Adagio sur les années Mitterrand, ou Les enfants de Saturne. Elle est plus sage. On est plus proche de La Servante. Sur le plateau nu, des éléments modulables (escaliers, tables) servent à la construction et destruction de l’action. Il y a de belles images, comme l’arrivée groupée de la troupe qui forme le cœur au début de la pièce et qui fonce droit vers le public du fond de scène, ou la scène de fin entre expressionnisme et hommage à Kantor, les comédiens visages ternis par les cendres de la mort, implorent les disparitions de Roméo, Juliette et Tybalt.
Avec ce casting de jeunes comédiens, parfois encore un peu verts, on apprécie les scènes avec Philippe Girard (Frère Laurent) et surtout Mireille Herbstmeyer. L’ancienne fondatrice du théâtre de la Roulotte dans les années 80 avec Jean-Luc Lagarce incarne la nourrice de Juliette. Elle est merveilleuse, malicieuse. Ses apparitions dynamisent le spectacle et redonnent de la vie et du corps. Quelle vitalité ! Dans le casting se détachent également Frédéric Giroutru (Mercutio) et Quentin Faure qui incarne Tybalt, bel hidalgo viril.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Roméo et Juliette de William Shakespeare
mise en scène Olivier Py
traduction & adaptation
Olivier Py
décor & costumes
Pierre-André Weitz
lumière
Bertrand Killy
son
Thierry Jousse
avec
Olivier Balazuc Capulet
Camille Cobbi Juliette
Matthieu Dessertine Roméo
Quentin Faure Tybalt
Philippe Girard Frère Laurent
Frédéric Giroutru Mercutio
Mireille Herbstmeyer La Nourrice
Benjamin Lavernhe Benvolio
Barthélémy Meridjen le Prince
production Odéon-Théâtre de l’Europe
Durée : 3h 20 avec entracte
21 septembre – 29 octobre 2011 – Théâtre de l’Odéon
3 au 10 novembre 2011 – Comédie de Saint – Etienne
15 au 17 novembre 2011 – La coursive, La Rochelle
22 novembre au 10 décembre 2011 – TNS, Strasbourg
14 au 17 décembre 2011 – Comédie de Caen
21 et 22 décembre 2011 Schauspielhaus Zurich
6 au 13 janvier 2012 – TNP, Villeurbanne /
17 au 26 janvier 2012 – Le Grand T, Nantes
31 janvier au 2 février – Maison de la Culture de Bourges
7 au 9 février 2012 – Maison de la culture d’Amiens
14 au 17 février 2012 – Comédie de Reims
22 et 23 février 2012- La Comète, Châlons en Champagne
29 février et 1er mars – Théâtre de Cornouailles, Quimper
7 au 9 mars 2012- Comédie de Valence
13 au 15 mars 2012 – Comédie de Clermont-Ferrand
20 au 23 mars 2012- Le Quartz de Brest
4 et 5vril 2012- Théâtre Musical de Besançon
10 au 13 avril 2012 – Théâtre Liberté de Toulon
18 et 19 avril 2012 – Théâtre de Louviers, Scène Nationale D’Evreux
25 au 28 avril 2012 – TNT, Toulouse
16 au 19 mai 2012- TNN , Nice
26 et 27 mai 2012 – Festival d’Istanbul
Sentiment mitigé après ce spectacle. Olivier Py n’est plus le trublion de la mise en scène. Se serait-il assagi pour sa dernière année de patron de l’Odéon? Nous retrouvons les mouvements des acteurs, le décor très libre et évolutif. Il manque cependant un je ne sais quoi qui aurait permis d’être heureux en sortant de ce spectacle. Drôle de façon de dire au revoir à ce théâtre dans lequel nous avons vu de si belles représentations !
Je ne connaissais pas les mises en scène d’Olivier Py et j’ai été très surprise par cette pièce merveilleuse… Peut être qu’elle est en dessous des autres, comme le dit mister K, mais je suis personnellement sortie envoûtée du théâtre et j’y retourne ce soir le coeur en fête….