Franck Wedenkind, auteur allemand, a écrit « L’éveil du printemps » en 1890. La pièce raconte l’éveil d’un groupe d’enfants qui bascule dans l’adolescence. Leur appétit sexuel devient alors le centre de leur préoccupation. La découverte de son corps, la découverte du corps de l’autre fait monter chez ces jeunes le désir. Nous sommes au 19ème siècle et l’on imagine que la sexualité chez l’enfant est un sujet tabou, d’ailleurs la pièce a fait scandale. « Brecht voyait en Wedekind un moraliste explique le metteur en scène Guillaume Vincent. Sous l’aspect sulfureux de la pièce, il est effectivement question de morale, mais aussi de dénonciation. C’est tout le système de la bonne éducation prussienne qui est mis à mal. L’ignorance est le pire des vices et la réalité doit être acceptée telle qu’elle est, fût-elle non conforme à nos désirs ». Le parti pris de Guillaume Vincent a été de supprimer le rôle des parents et de placer l’enfant face à ses interrogations et ses doutes au centre de l’action de son spectacle.
Formé à l’école du Théâtre National de Strasbourg, il s’est entouré pour son spectacle d’un de ses anciens professeurs : Alexandre de Dardel, scénographe des spectacles de Stéphane Braunschweig. Quelle bonne idée. On a le sentiment que le scénographe s’est « lâché ». Le décor représente la pièce d’un appartement au papier peint coloré et fleuri. C’est en quelque sorte l’appartement de nos parents, celui qu’aucun enfant ne regrette de quitter tant il est décoré d’un mauvais goût. Soudain le décor glisse vers l’arrière de la scène et laisse apparaître une vieille mini cabossée – terrain de jeu des enfants dans un terrain vague, loin du regard des parents, là où les premiers baisers vont s’échanger.
« S’embarquer dans « L’Éveil du printemps », c’est accepter de faire un voyage dont on ignore la destination, c’est prendre tous les risques, à commencer par celui de se perdre » note Guillaume Vincent dans ses intentions. Le spectacle est une invitation à la rêverie, on est transporté par ces enfants qui se cherchent. Mais s’ils rêvent déjà d’amour et de sexe, les enfants de Guillaume Vincent restent des enfants, alors insouciants, ils se lancent dans le « Do-Ré-Mi » de « La mélodie du bonheur » casques vissés sur la tête…
Le spectacle permet de confirmer le talent de Nicolas Maury qui interprète Moritz, l’enfant perdu et suicidaire. Remarqué dans « Voilà » de Philippe Minyana dans la mise en scène de Florence Giorgetti, Nicolas Maury incarnait déjà un grand adolescent dégingandé venant rendre visite à la vieille Betty sur des patins à roulettes. Il éclate dans « L’éveil du printemps ». Guillaume Vincent est au début d’un carrière prometteuse, artiste associé au Nouveau Théâtre de Besançon cette saison, il présentera à L’atelier de la Comédie de Reims « Le Bouc » & « Preparadise Sorry Now » de Rainer Werner Fassbinder du 25 mai au 2 juin 2010.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
texte Frank Wedekind | traduction François Regnault | mise en scène Guillaume Vincent | chorégraphie David Wampach | création sonore Olivier Pasquet | dramaturgie Marion Stoufflet avec Émilie Incerti Formentini, Florence Janas, Pauline Lorillard, Nicolas Maury, Philippe Orivel, Cyril Texier, (distribution en cours) | scénographie Alexandre de Dardel | lumière Nicolas Joubert | costumes Lucie Durand | régie générale Jérémie Papin | administration Laure Duquet | production Compagnie Avec le bleu de midi et le noir de minuit | coproduction Nouveau Théâtre – CDN de Besançon et Franche-Comté, Théâtre National de la Colline, Centre Chorégraphique National de Franche-Comté à Belfort, Comédie de Reims – CDN, Centre Dramatique Régional de Tours | avec le soutien de la ville de Marseille et la participation artistique du Jeune Théâtre National
Paris 20e
Centre dramatique Thionville-Lorraine, du 2 au 5 mars 2010
La Colline – théâtre national, du 12 mars au 16 avril 2010
La Comédie de Reims – Centre dramatique national, du 21 au 24 avril 2010
Le Cratère – Scène nationale d’Alès, les 27 et 28 avril 2010
La Colline
du 12 mars au 16 avril 2010
du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h
location: 01 44 62 52 52
en abonnement de 8 à 13€ la place
hors abonnement plein tarif 27€
plus de 60 ans 22€
moins de 30 ans et demandeurs d’emploi 13€
La Colline – théâtre national
15 rue Malte-Brun
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