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Mickaël Délis boucle en beauté sa trilogie

A voir, Avignon, Best Off, Les critiques, Paris, Théâtre
Les Paillettes de leur vie ou la paix déménage de Mickaël Délis
Les Paillettes de leur vie ou la paix déménage de Mickaël Délis

Photo Marie Charbonnier

Mickaël Délis clôt sa Trilogie du Troisième Type avec le panache qu’on lui connaît et son geste s’agrandit d’une émotion nouvelle, d’une dimension visuelle augmentée, d’une place à l’expression corporelle supplémentaire. Les Paillettes de leur vie ou la paix déménage zoome sur les testicules, après un opus sur le genre, puis sur l’érection. Jamais impudique, jamais vulgaire, mais très en verve, le comédien à la plume enchanteresse fait du partage de l’intime un acte politique.

C’est comme un rendez-vous amical et joyeux, la promesse d’une parenthèse enrichissante et désaltérante. Retrouver Mickaël Délis sur scène, son écriture ciselée et pétillante, son jeu tourbillonnant et son plaisir communicatif à partager, le voir mûrir et avancer dans l’existence d’un spectacle à l’autre et déployer ses moyens d’expression en grand, en large, généreusement, tout cela contribue à faire de l’attente impatiente à découvrir son dernier opus un avant vivant. Car le théâtre, on le sait bien, infuse au-delà de sa boîte noire, continue son chemin en nous souvent longtemps après, et ce format en série ne fait que l’accentuer. Et si Les Paillettes de leur vie ou la paix déménage peut se voir indépendamment des deux précédents, sans que la compréhension en pâtisse, les enchaîner décuple la sensation de complicité, l’impression de creuser un thème – la masculinité, le goût de voir réapparaître des personnages récurrents et attachants (la mère en tête, l’inénarrable agent et son zozotement, le professeur survolté, Lorenzo, l’ami italien lumineux). Ainsi, c’est habité des deux premiers seuls en scène – Le Premier Sexe ou la grosse arnaque de la virilité et La Fête du slip ou le pipo de la puissance – que l’on entre dans le dernier, point d’orgue et bouquet final, apothéose magistrale.

Ce troisième volet d’une trilogie réjouissante commencée il y a quelques années vient ponctuer un geste scénique ample, faire de la vie une fête et de la représentation un cocon où chacun et chacune se reflète. Les spectacles de Mickaël Délis, aussi intimes et autobiographiques soient-ils, entrent en résonance, distillent leurs échos, réveillent nos enfances et nos filiations, ravivent nos relations, nos désirs et nos deuils, nos impasses et nos possibles, notre vulnérabilité et notre tenace besoin de consolation. Après avoir traité du genre – masculin en l’occurrence – et de l’injonction à certaines conformités viriles associées, après avoir zoomé sur les fantasmes liés aux capacités érectiles du « premier » sexe, notre trublion érudit resserre la focale encore plus et prend le taureau par les cornes en s’immisçant dans le contenu des testicules. Et questionne par ricochet la paternité.

Car c’est en entreprenant une démarche de don de sperme que Mickaël Délis s’est penché sérieusement sur le sujet, avec son cortège d’ébranlements personnels. Reproduire le comportement du père – absent – ou se reproduire, dilemme ou non, le comédien n’esquive rien et plonge la tête la première dans un parcours de semence et de remise en question en forme de réparation. Avec facétie, mais assumant une émotion nouvelle, il alterne les rôles, avance de séquence en séquence après une entrée public qui fait son effet. Les amies mamans, les papas dépassés, les séances chez le psy, les souvenirs d’enfance, les frères et sœur, un père manquant et une mère reine en son jardin… Le principe reste le même que pour les autres, mais ce dernier volet est comme une version augmentée. Clins d’œil scénographiques aux précédents, on retrouve le tissu blanc, fluide et léger, qui permet toutes les métamorphoses, le néon qui était le sel du deuxième, auxquels s’ajoute une avalanche de confettis blancs, décor et accessoire, libérant un surplus d’imaginaire et offrant à cette dernière création une dimension visuelle supplémentaire. Ces petits rectangles de papier blanc, dans leur profusion, deviennent la mousse du bain du filleul autant que les cendres du père après son décès, les médicaments à ranger dans le pilulier de sa mère, la terre du jardin et le sable de sa région d’origine, mais ils sont aussi, et surtout, les fameuses paillettes associées au protocole de don de sperme.

L’ensemble est aussi drôle que passionnant, un miracle de sensibilité et d’intelligence enthousiaste, qui passe par un corps virevoltant, toujours en mouvement, précis et délié. La partition gestuelle devient chorégraphique en se dotant de scènes musicales où s’exprime alors pleinement l’ancien danseur. Et, lorsqu’en un balancement rythmé, Mickaël Délis fait se lever ses partenaires de papier, l’image saisissante soulève nos cœurs et l’émotion culmine à son paroxysme. À égalité avec la lecture de la fameuse lettre, fil rouge du récit, merveille de générosité et d’élan, adressée aux futurs enfants issus de ses dons. Une lettre de motivation anonyme à destination d’inconnus. Le concept est aussi beau qu’il est diablement théâtral. Blessure d’abandon et symptômes du manque, enfance marquée au fer rouge par la séparation des parents, désengagement des pères et dévouement des mères, fraternité gémellaire, familles d’ami·es que l’on se construit pour panser l’affection déficitaire, on navigue au gré des liens qui se tissent et se rompent, et c’est sur la mère que se clôt le spectacle. Figure tutélaire et incarnation de l’amour inconditionnel, entre tendresse immense et franc-parler oxygénant, cette femme incroyable illumine non seulement l’épilogue, mais la trilogie tout entière. Et sa danse finale nous met en lévitation et en larmes.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Les Paillettes de leur vie ou la paix déménage
de et avec Mickaël Délis
Co-mise en scène Clément le Disquay, Mickaël Délis
Assistanat à la mise en scène Anne-Charlotte Mesnier
Collaboration artistique David Délis
Collaboration à l’écriture Romain Compingt
Lumières Jérôme Baudouin

Production Reine Blanche Productions
Coproduction Théâtre de Suresnes Jean Vilar, MAC Créteil
Avec l’aide de La Manekine, CRESCO Saint-Mandé

Durée : 1h15

Théâtre de la Reine Blanche, Paris
du 23 mai au 15 juin 2025

Avignon-Reine Blanche, dans le cadre du Festival Off d’Avignon
du 5 au 23 juillet, à 21h30 (relâche les 10 et 17)

25 mai 2025/par Marie Plantin
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