Aziz Chouaki est né en Algérie. Universitaire et écrivain, il s’installe en France en 1991. Il est donc nourri de cette double culture. Son conte « Les oranges » est paru en 2000. C’est le premier texte qu’il a écrit en arrivant en France. C’est une longue traversée onirique de l’histoire franco-algérienne. 170 ans d’histoires communes racontées par un homme à son balcon. Cela débute en 1830 par la prise d’Alger par les troupes françaises jusqu’au années 90 et l’entrée du Front Islamique du Salut (FIS) dans le paysage politique algérien. Le comédien Azeddine Benamara (issu de l’Ecole professionnelle supérieure d’art dramatique du Nord-Pas-de-Calais (EPSAD) dirigée par Stuart Seide) a donné le texte à lire à Laurent Hatat (metteur en scène associé au Théâtre du Nord). Ainsi est né le spectacle.
Laurent Hatat a choisi de faire jouer ce monologue par deux comédiens Azeddine Benamara et Mounya Boudiaf (elle aussi issue de l’EPSAD). « Aziz Chouaki nous offre un voyage à travers les paysages tourmentés de l’histoire de la terre d’Algérie, explique Laurent Hatat. Un voyage sensible et poétique comme un chant pour la vie intense et généreuse des habitants de l’Algérie ». Et c’est vrai que personne d’autre mieux qu’un écrivain algérien peut nous faire ressentir au plus profond la complexité de la société algérienne. Ce texte nous donne aussi à réfléchir sur la société française d’aujourd’hui, société métissée où les français issus de plusieurs continents vivent ensemble, et très souvent ne se comprennent pas.
Dès le début du texte, Aziz Chaouki montre qu’il aime jouer avec les mots. « C’est fou une langue, tu prends un mot, ça roule dans l’escalier ». Expliquant pourquoi les arabes dans nos usines sont consignés aux tâches les plus ingrates : « c’est parce que les chrétiens nous ont volé les pages techniques du Coran ! ». Ou encore : « Avec les lettres ALGERIEN, cela donne GALERIEN ». Il y a une vraie poésie, une vraie joie de partager cette écriture ciselée.
Et puis le spectacle bascule dans une série de références chronologiques. Les noms de personnalités défilent les uns après les autres, sans donner aux spectateurs la possibilité de se reposer et de se laisser bercer par la langue d’Aziz Chouaki. On évoque le Gouverneur Pélissier, Hugo (qui n’apparaît pas sous son meilleur jour «Nous devons garder l’Algérie, parce que nous apportons la civilisation »), Camus, Isabelle Eberhardt (écrivaine suisse ayant choisie de vivre en Algérie), Boumédiene, Chadli…Cet inventaire devient fatigant.
A la fin du spectacle le narrateur revient sur son histoire d’amour platonique avec l’orange. L’orange lui demande d’enterrer la balle de fusil qu’il a autour du cou. Et Aziz Chaouki d’interroger : « Qu’est ce qu’il y a dans 1m3 de la terre d’Algérie ? » Il y a le peuple algérien et une sacrée richesse d’âmes…
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Les Oranges – Conte contemporain
d’Aziz Chouaki
Direction Laurent Hatat
Sur une idée d’Azeddine Benamara
avec Azeddine Benamara et Mounya Boudiaf
Production Théâtre du Nord en association avec anima motrix
Coréalisation Le Lucernaire
Le texte a fait l’objet d’une première esquisse dans la petite salle du Théâtre du Nord en mai 2008
Avignon Off
15h05
Du 7 au 28 juillet 2012
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