Ivo van Hove fait ses débuts à l’Opéra de Paris avec le Boris Godounov de Moussorgvski (du 7 juin au 12 juillet à Bastille), une pièce sur le pouvoir, un des thèmes favoris du metteur en scène belge. Ivo van Hove ne quittera pas la France en ce début d’été. Sa saga Tragédies Romaines sera à l’affiche de Chaillot (du 29 juin au 5 juillet) , puis en juillet il présentera au Festival d’Avignon, De Dingen die voorbijgaan.
Qu’est ce qui vous a guidé dans ce choix de Boris Godounov ?
C’est toujours l’oeuvre. Il ne faut pas faire un opéra que l’on n’aime pas. Et j’ai toujours aimé Boris Godounov parce que cela parle du pouvoir. J’aime travailler sur les pièces sur le pouvoir et la faiblesse d’être un chef d’Etat. Mais c’est aussi un défi d’arriver ici à la Bastille, dans ce monument pour l’opéra en Europe.
Comment décrire Boris Godounov ?
Il est shakespearien. On voit un Tsar comme un grand réformateur, un innovateur, un père, et on le voit aussi dans une bataille intérieure avec ce meurtre qu’il a commis. Cela provoque un mélange violent et rempli d’émotion.
Tout ce passe dans votre scénographie autour d’un grand escalier. Que représente-t-il ?
Le Palais, le Kremlin est suspendu dans l’air. Les élites sont dans les airs. L’escalier c’est le pont vers la montée du pouvoir. Mais on peut le voir aussi comme la descente aux enfers. Et au sol il y a le peuple. Car il y a deux personnages principaux dans l’opéra: Boris et le peuple.
Comment avez-vous travaillé avec le chœur de l’Opéra national de Paris ?
C’est un chœur exceptionnel, très attentif et prêt à tout essayer. Jusqu’au dernier moment j’ai effectué des variations sur certaines scènes, et les chanteurs ont tout de suite compris ce que je désirais. Sur le plan musical, ils ont été magnifiquement bien préparés. Le chef Vladimir Jurowski m’a dit qu’ils sont impeccables.
Dans la mise en scène vous jouez beaucoup sur les couleurs. Chaque scène possède sa couleur dominante.
C’est une histoire racontée en sept fragments qui sont autant de phases de la vie de Boris Godounov. Ce sont les sept années de son règne. On a marqué cela par des couleurs vives, pour s’approcher d’une narration épique.
Etes-vous aussi libre à l’opéra qu’au théâtre ?
Il faut accepter à l’opéra qu’il y a eu une metteur en scène avant vous: c’est le compositeur. Il a décidé que telle phrase doit être chantée « forte » ou une autre « piano ». Au théâtre avec chaque phrase on peut faire du « forte » ou du « piano ». A l’opéra il faut respecter le compositeur. Et je suis un amoureux de l’opéra. J’ai commencé à voir des opéras dès l’âge de 20 ans en Belgique grâce à la programmation de Gérard Mortier dirigeait le Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles. J’ai vu les spectacle de Peter Stein, Patrice Chereau, Klaus Michael Grüber. C’était du haut niveau. Et on m’a offert mon premier opéra à 38 ans, c’était Lulu.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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