Philippe Lagrue met en scène un Goldoni peu joué. Les cuisinières nous font entrer dans le quotidien de la classe des petites gens à Venise pendant le carnaval. La distribution est éclatante mais l’ensemble manque encore de nerf.
Il y a donc une vie après la Comédie-Française ! Catherine Sauval, Baptiste Roussillon, Alain Payen et Isabelle Gardien le prouvent. Ils ont quitté l’Institution et se retrouvent dans ce spectacle autour de Goldoni mené par Philippe Lagrue qui ne leur est pas inconnu puisqu’il est le directeur technique du Vieux-Colombier. Au sein de sa compagnie, La Suzanne, il monte ses propres spectacles. Pour Les cuisinières, la compagnie Bouquet de Chardons de Marie-Edith Le Cacheux s’est associée au projet. Deux compagnies, ce n’est pas de trop pour un projet ambitieux, dans le théâtre privé, avec onze personnages.
Ces anciens du français sont épaulés par d’anciens camarades rencontrés sur les bancs du Conservatoire comme Zazie Delem ou Françoise Pinkwasser et de jeunes comédiens moins expérimentés, mais très prometteurs. L’ensemble forme un troupe homogène, heureuse de vivre cette aventure. Pour Catherine Sauval – 32 ans de Comédie-Française – c’est même la première expérience théâtrale hors de la maison de Molière. Elle avait été recrutée dès sa sortie du Conservatoire !
Philippe Lagrue a conçu un dispositif simple et efficace: une structure métallique où flottent au vent des draps blancs. Nous sommes à Venise en 1755. Des cuisinières sont surexcitées à l’idée de participer au Carnaval pendant leur seul jour de congé. C’est le lieu où tout est permis, où le port des masques supprime le rapport entre les maîtres et les serviteurs. Goldoni a été le premier à enlever le masque de la commedia dell’arte. Philippe Lagrue joue sur cet artifice. Le masque est en permanence sur le front des comédiens, il ne descend pour couvrir le visage que pendant les scènes de carnaval.
La vision de Venise qui ressort de cette pièce est mélancolique. C’est du aux choix musicaux volontairement en rupture avec l’image vénitienne du 18ème siècle. On plane, on rêve et malheureusement on s’ennuie un peu. Même si les cuisinières sautent sur tout ce qui bougent (Zazie Delem, Françoise Pinkwasser et Catherine Sauval sont sémillantes), le rythme est d’une lenteur inouïe. On aurait envie de beaucoup plus de vitalité, que les tableaux s’enchainent beaucoup plus vite. La pièce va certainement trouver sa vitesse de croisière surtout avec ces comédiens aguerris. C’est dommage car il y a plein de bonnes petites trouvailles. Philippe Lague et Marie-Edith Le Cacheux ont même pris le risque de faire des infidélités au texte, sous forme de clins d’œil à Michel Legrand, à Tchekhov et même au mouvement Nuit Debout ! C’est sympathique. Il ne manque que l’étincelle pour la fête soit totale.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Les Cuisinières.
Une comédie de Carlo Goldoni
Mise en scène, scénographie et lumières : Philippe Lagrue
Traduction et adaptation : Philippe Lagrue et Marie-Edith Le Cacheux
Avec : Heidi-Eva Clavier, Christian Cloarec, Zazie Delem, lsabelle Gardien, Aude Gogny-Goubert, Grant Lawrens, Thomas Matalou, Alain Payen, Françoise Ppinkwasser, Baptiste Roussillon, Catherine Sauval, Maxime Taffanel, Pauline Vaubaillon.
Durée : 1h50Du 3 mai au 30 juin 2016
Du mardi au vendredi à 21h.
Samedi à 16h.
Dimanche à 17h.
à L’Artistic théâtre
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